Depuis que l’Union Pour la République (UPR), principal parti de la majorité présidentielle a annoncé sa campagne d’adhésion, c’est l’ébullition au sein de ses militants et sympathisants. Tous partis en quête du Saint Graal : un nombre conséquent de cartes d’identité pour se constituer d’imposantes unités de base. Une véritable course contre la montre, semble-t-il, puisque le « boss » – entendez : le président de la République – veut que la rénovation du parti soit achevée le 15 Avril, avec nomination – Oups ; Que dis-je ? Élection, l’UPR est un parti dé-mo-cra-tique – de son nouveau président. Malheureusement et si l’objectif de cette réimplantation est vraiment de donner « crédibilité » à l’UPR, élections transparentes de ses instances à l’appui, le challenge semble, au rythme où vont les choses, bel et bien raté. Les anciens du défunt PRDS sont entrain de reproduire les mêmes méthodes que celles du parti d’Ould Taya. Cadres et politicards se tirent allégrement dans les pieds, un jeu de massacres que les élections concrétiseront, avec le retour en force des tendances et du tribalisme.
Selon les informations en provenance de l’intérieur du pays, chaque ponte en est à se constituer son pactole de cartes d’identité, comme marque tangible de son pré carré, à grand renfort, soulignent nos sources, plus souvent de mirobolantes promesses que de dons réels. Tout y passe : argent, produits alimentaires, promotions futures, menaces voire chantages…En certains coins, ce sont des plats de macaroni servis, la nuit, aux notables... Autre temps, mêmes mœurs ! Le retour à l’école PRDS bat son plein. On rivalise à se souvenir qu’on avait à diriger des structures locales, à représenter des citoyens si facilement oubliés, depuis les dernières élections. Certains sont même sur le terrain, à collecter des cartes ou sensibiliser des gens de mémoire forcément courte, croient nos acteurs politiques. D’autres attendent des moyens et le guide de réimplantation. L’opposition, en campagne contre l’agenda du pouvoir, n’aurait-elle pas raison d’exprimer son opposition à la « reproduction », à l’identique, d’un « système raté » ?
Cette course aux cartes d’identité – autrement dit, à la conquête et au contrôle des instances de base – risque fort produire l’effet inverse des ambitions annoncée du président de la République. À vouloir ainsi nettoyer le parti, on risque fort le lessiver. Se souvient-on combien l’UPR avait peiné à mettre en place ses instances de base, lors de sa première implantation ? La triomphale annonce du quasi-million de militants avait amusé la galerie. Au rythme où vont les choses, on pourrait déclarer upériste plus de la moitié de la population mauritanienne. Un maximum de citoyens embarqués dans le parti, sans en avoir exprimé le moindre désir. Et des enfants en prime, pour peu qu’ils soient détenteurs de cartes d’identité : ne seront-ils pas appelés à voter demain ? Occasion d’accorder, enfin, des « facilités » à l’enrôlement ? Le risque est donc grand de voir le nombre d’adhérents de l’UPR exploser, au terme de la présente campagne de réimplantation, et c’est bel et bien une auberge espagnole que son futur président – l’actuel président de la République ? – aurait alors à gérer.
Mais pourquoi cet engouement envers un parti que tout le monde critique et dont les dysfonctionnements sont imputés au président Ould Abdel Aziz ? La réponse est simple : tous croient savoir qu’en exigeant la refonte de l’UPR, en l’assignant à plus de crédibilité, plus de prérogatives et de place, dans la charpente étatique, l’actuel président de la République se taille un poste dans la perspective de son départ officiel du pouvoir, en 2019. Pour rester dans l’arène politique, pour seulement pouvoir y penser sérieusement, il lui faut, impérativement, disposer d’un parti politique fort et crédible. Voilà pourquoi les Mauritaniens, dont l’opportunisme n’a d’égal que la versatilité, tout aussi légendaire, commencent à replacer leurs pions. Dans le même panier ? Éminemment brûlante, dans la tête des notables et leaders, la question reste en filigrane, dans la course aux cartes d’identité de leurs proches, alliés et même parfaits inconnus. Probablement un total imbroglio, au final, qui ne peut que jeter le discrédit, sur le résultat de cette « réimplantation » et, plus grave, affecter la gestion du processus électoral à venir…
DL