Dans le tumulte d’un Sahel en proie aux coups fumants et de plus en plus sanglants des groupuscules djihadistes, un organe malien « Le Matinal » replonge ses lecteurs dans l’histoire récente et explique comment la France et l’Algérie ont conclu « un deal » en matière de diplomatie sécuritaire pour sauver Iyad Ag-Ghali, actuel chef du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), vaste alliance créée en 2017.
Se référant à un scénario retracé dans les moindres détails par le très sérieux quotidien « Le Monde », le journal des bords du « Djoliba» nom traditionnel du «Niger » ce fleuve qui traverse Bamako et
plusieurs autres grandes villes du Mali, explique comment « l’affaire» a été conclue.
« Le Monde nous entraîne dans l’antre du quai d’Orsay, là où un clin ou simplement un claquement de doigts suffit pour basculer le destin de n’importe quel pays colonisé par la France ». Un raisonnement dont la base est le maintien intact du lien de suggestion entre la France et ses ex colonies, près de 60 ans après la grande vague des indépendances.
Dans l’éphéméride tirée d’une histoire encore très récente, le Monde signale «qu’en 2014, alors qu’Iyad Ag-Ghali, chef du mouvement djihadiste Ansar-Eddine, était à portée de fusil, la France choisit
de prendre l’avis d’Alger avant d’agir, plutôt que de le « neutraliser» ou de le capturer vivant.
Pas si peu fiers de cette marque de considération, les algériens envoient à Paris un message aussi clair que l’eau de roche : « ne vous occupez pas d’Iyad. Nous en faisons notre affaire ».
La suite de la consultation franco-algérienne sur le cours de la sécurité au Sahel se décline en termes d’attaques terroristes répétées, de feu et de sang, car Iyad Ag-Ghali « a tiré profit de cet
épisode pour disparaître des écrans radars. Mieux, le chef djihadiste a d’abord reconstitué Ansar-Eddine » qui a fusionné avec trois autres groupuscules du Sahel pour fonder le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) en mars 2017.
Une entité qui apporte une dose supplémentaire de déstabilisation dans un Sahel » encore largement sous le choc de l’occupation du septentrion malien à partir de mars 2012.
Une région qui n’ a jamais retrouvé la stabilité que l’opération « Serval » déclenchée en janvier 2013, et le dispositif « Barkhane » n’ont jamais pu restaurer.
Iyad Ag Ghali « protégé » de la France et de l’Algérie ? Sans pouvoir répondre de manière formelle par l’affirmative à cette interrogation, on peut reconnaitre que l’épisode évoqué par « Le Matinal » a eu une influence déterminante sur l’évolution de la sécurité sous-régionale.
En effet, il faut rappeler qu’à la différence des figures emblématiques du djihad sahélien importé d’Algérie, tels Moctar BelMoctar ou feu Abouzeid, Iyad Ag –Ghali est un notable touareg malien.
Il a pu se servir de ce statut de véritable autochtone pour élargir la base de recrutement de ses combattants au-delà de la seule communauté touarègue : résultat, on trouve encore aujourd’hui dans les rangs d’Ansar Eddine, non seulement des djihadistes étrangers, mais aussi des ressortissants maliens appartenant à différents groupes ethnolinguistes tels que les bambaras, les peuls, les Soninkés…. ».
Une évolution parfaitement illustrée par le cas d’Amadou Kouffa, leader du Front de Libération du Macina, dernier né des groupes djihado-terroristes maliens, qui fût un prédicateur proche d’Ansar
Eddine, et dont l’organisation a intégré la fusion qui a donné naissance au Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM).
AS