Un quart de siècle. Oui, cela fera exactement un quart de siècle, en Juillet 2018, que notre Calame s’évertue à tenir, chaque semaine, les annales de la plus noble aspiration populaire : former une nation juste, fraternelle, fermement campée sur sa foi et ouverte au Monde. En lutte donc, contre tout ce qui s’y oppose : l’iniquité, l’oppression raciale, ethnique, tribale, statutaire, la xénophobie, le népotisme, le racket, le détournement des biens publics, la corruption, la mal-gouvernance… toutes choses, en somme, si odieuses aux commandements divins. Le Calame a donc évoqué, évoque et évoquera, incha Allah, tant que leurs effets pèseront sur la Nation, les sujets qui fâchent : l’esclavage, le passif humanitaire – avec, notamment, le célèbre « La terre accuse ! » sur les fosses communes de Sory Malé, au Brakna – le tribalisme, la pauvreté statutaire, la mainmise du pouvoir, sur tous les pouvoirs, au profit d’une ultraminorité...
Le simple constat de s’être retrouvé interdit de parution, à trois reprises, et censuré, une trentaine de fois, entre 1993 et 2005, prouve combien cette ultraminorité était virulente et combien Le Calame visait juste. Il était, tout comme le RFD, les FLAM, El Hor et tant d’autres, taxé, par cette clique, d’ennemi de la Nation, pêcheur en eaux troubles... Se seraient-elles purifiées, ces eaux, avec le bannissement, en Août 2005, du bouc émissaire Ould Taya, dans le luxueux désert qatari? Il n’aura pas fallu trois ans pour devoir reconnaître qu’on en était bien loin. Et Le Calame de reprendre donc sa tâche, inlassablement. Bien avant Daddah, bien avant Bouamatou, un temps leurrés, eux, par la rectification azizienne si attentive à de ne jamais paraître ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : une vulgaire boutique de maquillage réactionnaire ; et modifiant, en conséquence, sensiblement la stratégie de sa clique à notre encontre : exclusion de tous les voyages officiels, de toutes les rencontres du Président avec la presse, interdiction formelle, à toutes les structures de l’État, d’y souscrire abonnement ou y publier annonce. Bref, l’étranglement économique, plutôt que la censure.
Entreprise tout aussi vaine car il ne manque pas – et fasse Le Seigneur de Vérité que cela dure ! – de patriotes assez convaincus de l’utilité d’une presse libre pour nous soutenir. Forts de cette conviction, aucun d’entre eux ne s’aviserait à nous dicter un quelconque de nos articles. Ils savent cependant que nous accueillerons, comme nous l’avons toujours fait, d’autant plus volontiers les leurs que l’autre presse ne les acceptera jamais. Où sont donc les corrompus, un jour bâillonnés, l’autre obligés de ne se faire la voix que de leur maître ? Certainement pas au Calame ! N’importe lequel d’entre nous peut en témoigner devant n’importe quel tribunal : quels que soient sa naissance, sa couleur de peau, son sexe, son statut social, nul, en notre journal, n’est le valet de quiconque. C’est cette liberté qu’Ould Abdel Aziz veut restreindre, en plaçant notre directeur de publication sous contrôle judiciaire, depuis près de six mois, avec interdiction de quitter Nouakchott. Et, en prime sordide, une campagne sournoise et fielleuse de dénigrement, dans les salons nouakchottois et sur les réseaux sociaux… C’est intolérable et nous, rédacteurs du Calame, ne le tolérons pas !
Nous, rédacteurs du Calame, dénonçons, tous ensemble et d’un seul bloc, ce criant arbitraire et demandons, à tous les patriotes, à tous les démocrates, à tous les journalistes soucieux de leur liberté, d’agir, avec nous, pour que cela cesse, sans plus tarder ! Qu’avons-nous fait pour mériter un tel sort ? Dénoncé la prise du pouvoir par les armes, le pillage du pays en bande organisée, la mainmise sur ses ressources, le délabrement des secteurs sociaux, la hausse des prix, le népotisme érigé en mode gouvernance, la déliquescence de l’économie ? Si dénoncer de telles tares équivaut à comploter contre la Nation, alors, nous tous, rédacteurs du Calame, sommes des comploteurs et, même placés sous contrôle judiciaire, continuerons à comploter contre l’inadmissible. Osez, messieurs de la prétendue « justice » réputée libre et indépendante, insensible à la corruption, nous mettre, chacun d’entre nous, en examen, afin d’examiner notre engagement envers la Nation ! 1107 éditions sont à votre disposition : témoins à charge ou à décharge ? Osez donc, messieurs les incorruptibles : nous nous chargerons, nous, d’établir tribune, en votre tribunal, avec des preuves, implacables, à l’appui…
En un seul bloc sans faille
La rédaction du Calame