Objet : Hygiène et assainissement quartier SOCOGIM PSII (Sud-Est Marché SOCIM)
Monsieur le Président de la République,
Je suis un citoyen ordinaire épris de paix et de justice qui aspire à vivre en sécurité, comme beaucoup de mauritaniens.
Si j’ai décidé de m’adresser à vous aujourd’hui, c’est parce que j’ai tapé à toutes les portes et usé toutes les voies en ma connaissance pour trouver une solution à un problème d’assainissement (décharge d’ordures ménagères et de cadavres) en face des habitations de notre quartier.
Cette situation découle de plusieurs facteurs :
- Proximité avec le marché : Ce lieu où sont stockés et vendus les produits de grande consommation (viande, poissons, lait, fruits, légumes…) est loin des normes standard d’hygiène. La salubrité des étals et le comportement des vendeurs laissent à désirer. Bien que disposant d’un dépôt d’ordures avec des bacs de grande capacité de stockage, les marchands préfèrent déverser leurs légumes et fruits pourris (pommes de terre, oignons, tomates, mangues, pastèques, oranges…) juste en face de nos habitations. Des cadavres d’animaux en état de putréfaction avancée viennent s’ajouter au décor et rendent l’atmosphère irrespirable.
Quant à la Communauté urbaine, censée collecter quotidiennement les ordures dans les différents quartiers de Nouakchott, nous avons noté que ses passages sont peu fréquents dans notre zone. Dans le meilleur des cas, le ramassage s’effectue une fois toutes les deux semaines, alors qu’au bout de 24 heures, la décharge est pleine. Imaginez alors le désagrément que cela peut causer comme les odeurs, les mouches, les moustiques, les sachets en plastique et toutes sortes d’altérations d’un cadre de vie acceptable.
- Proximité avec une station services : Installée il y a quelques années, la Station Services ORYX déverse tous ses déchets de vidange (huile, graisse, cartouches, filtres…) directement dans la rue sans se soucier des conséquences toxiques sur la santé des riverains. De tels déchets qui constituent un réel danger pour la santé des populations devraient être enfouis au lieu de les exposer à ciel ouvert en plein centre-ville.
- Voisinage conflictuel : Dans les alentours immédiats de nos habitations, vivent plusieurs familles qui ont squatté (ou gazré) les parcelles viabilisées de la SOCOGIM, mais non construites. Ces familles vivant dans des abris de fortune (baraques, conteneurs, tentes…), font tous leurs besoins naturels (urines, défécations) le long de nos murs d’enceinte, devant et derrière nos maisons. A chaque fois qu’une observation leur est faite, ce sont des injures et des réactions agressives (Baaghi, Ante Mabloûg ou encore si tu n’es pas content, déménage…) qu’on nous sert comme toute réponse.
- Divagation des animaux : En circulant dans les différentes rues du quartier, on est particulièrement surpris par le nombre important d’animaux (chèvres, vaches, ânes) qui rôdent autour des maisons à la recherche de l’ombre ou de quoi se nourrir. On se croirait en pleine zone de pâturage. Il est quasiment impossible de trouver les propriétaires de ces animaux en cas de plainte contre la destruction des fruitiers ou les plantes de décoration (fleurs par exemple)
Monsieur le Président de la République,
J’ai pris tout seul cette initiative d’écrire pour dénoncer et porter à votre connaissance cette situation dramatique qui mine quotidiennement notre existence dans ce quartier où nous vivons depuis bientôt dix ans. Je suis persuadé que mes voisins qui vivent les mêmes conditions difficiles, partagent mes préoccupations, à savoir bénéficier d’un cadre de vie acceptable pour préserver leur santé et celle de leur famille.
C’est en 2003 que le dépôt actuel a commencé à recevoir les premiers convois de charrettes de collecte d’ordures ménagères. Mes voisins et moi, nous nous sommes rendus à la Mairie d’El Mina pour protester. Le responsable de l’hygiène de la mairie nous a laissé entendre que c’est juste un « dépôt transit » ; le ramassage se fera tous les jours vers la destination finale. Mais tel ne fut pas le cas ; les camions de ramassage ne passent qu’une à deux fois par mois transformant ainsi le dépôt transitoire en décharge définitive. Nous avons continué nos démarches auprès des autorités municipales de la Commune d’El Mina qui ont fini par nous tenir des propos peu courtois et de nous fermer définitivement leurs portes.
J’avais auparavant rencontré M. le Maire grâce à des interventions pour lui exposer cette question de dépôt d’ordures. Pour toute réponse, il me demande de lui « trouver un endroit où déplacer le dépôt ». A partir ce cette réponse, j’ai compris qu’il n’y avait rien à attendre de ce Maire. En octobre 2004, nous adressâmes une demande d’audience au Hakem d’El Mina qui nous reçut immédiatement avec beaucoup de déférence. Après avoir écouté nos doléances, il promit de soumettre notre problème à sa hiérarchie. Quarante-huit heures plus tard, le dépôt avait disparu et un gardien affecté sur les lieux pour dissuader les collecteurs d’ordures et les orienter vers le nouveau dépôt ouvert pour la circonstance. Cette intervention salvatrice de l’ancien Hakem d’El Mina (il devint Wali de Nouakchott durant la transition 2005-2007), dont nous saluons le professionnalisme et le sens élevé du devoir, nous permit de souffler pendant plus de deux années.
Avec le démarrage des activités de la Société PIZZORNO, l’ancien dépôt fut ré-ouvert et doté de deux bacs de collecte d’ordures. Pour rendre ce dispositif efficace, il fallait qu’il fût accompagné de sketches de sensibilisation radiotélévisés sur l’utilisation des bacs à ordures. Il fallait aussi mettre en place un vigile pour habituer les usagers à mettre leurs ordures dans les bacs au lieu des les déposer à côté et d’empêcher les enfants de fouiller ou de renverser les mêmes bacs. De tout cela, rien n’a été fait et les ordures ont recommencé à s’amonceler tout autour des bacs à ordures. A cela s’ajoute l’irrégularité des fréquences de ramassage par les équipes de collecte de PIZZORNO.
Aujourd’hui, les bacs ont disparu et les équipes de la Communauté urbaine sont devenues de plus en plus rares dans notre quartier alors que nous les voyons tous les jours déployés dans les quartiers limitrophes. En observant tout ceci, j’ai l’impression qu’il y a des zones qui méritent plus de considération que d’autres. Sinon, rien ne peut justifier cette situation exécrable dans laquelle sommes depuis plusieurs années.
Monsieur le Président de la République,
Le problème qui nous préoccupe, mes voisins et moi, c’est de nous débarrasser de cette décharge d’ordures qui mine notre santé, trouver une solution aux animaux en divagation et la gestion des déchets toxiques de la Station Services ORYX. D’ailleurs c’est pour ces raisons que plusieurs de mes anciens compagnons de lutte ont préféré aménager ailleurs pour préserver la santé de leurs enfants. Il s’agit de locataires ; alors que nous, nous sommes propriétaires et sommes condamnés à occuper les seuls habitats dont nous disposons.
Monsieur le Président de la République,
Comme je l’ai dit au début de ma lettre, je suis un citoyen ordinaire qui aspire à un cadre de vie décent pour préserver ma santé et celle de ma famille. Mais la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui est loin de correspondre à ce cadre.
Monsieur le Président de la République,
C’est un cri d’impuissance, un cri de désespoir que nous vous lançons face à une situation qui nous dépasse, une situation qui pollue notre existence, une situation que même les passants n’arrivent pas à supporter alors que mes voisins, ma famille et moi la vivons au jour le jour depuis plusieurs années.
Monsieur le Président de la République,
Nous demandons une assistance à personnes en danger. C’est bien de cela qu’il s’agit pour nous ; notre santé en a pris un sacré coup : crises d’asthme, rhumes, sinusites, migraines, conjonctivites… J’en appelle à vous, à votre patriotisme à votre sens de justice et d’équité à votre souci de donner à chaque citoyen ses droits les plus élémentaires ; j’en appelle aux responsables des structures centrales de tutelle en charge de cette question afin de faire prendre les mesures idoines permettant de trouver une solution définitive à cette situation qui n’a que trop duré.
Vous présentant mes meilleurs vœux, je vous prie d’accepter, Monsieur le Président, mes chaleureuses salutations ainsi que mes sincères sentiments de considération.
Abdoul SOW
SOCOGIM PS II – Villa 354
Tél : 4641 58 09 / 2205 18 80