En partenariat avec OXFAM, la Commune de Bababé a organisé, samedi 24 Février 2018, dans les locaux de la Maison des associations, une journée-bilan de son action, en présence du hakem mouçaïd, Mohamed Yemelhou ould Sidi Ali, plusieurs conseillers municipaux, des OSC partenaires, des chefs de villages, des notables du terroir, des leaders des groupements féminins, des associations et des membres du Conseil municipal des enfants.
Ouvrant les travaux de cette journée d’échanges, de bilan et de perspectives, le maire de la commune, Bâ Abdoulaye Mamadou, flanqué de Lom Djibril et Niang Ibrahima, respectivement superviseur de l’OXFAM à Kaédi et coordinateur de l’Association des maires des communes du Sud, a d’abord remercié les participants et tous les partenaires, pour « leur présence massive ». Il a ensuite rappelé que cette rencontre de capitalisation des acquis, prévue depuis Novembre dernier, a pu voir le jour aujourd’hui, grâce à l’appui d’OXFAM.
Lui succédant, Lom Djibril a présenté son organisme qui regroupe vingt organisations et travaille dans quatre-vingt-dix pays, Mauritanie comprise. Selon lui, « OXFAM lutte contre la pauvreté, les inégalités et les injustices, en mobilisant le pouvoir citoyen ». C’est à ces fins qu’elle exécute, depuis trois ans, un projet financé par la Coopération Espagnole (AECID), dans quatre communes pilotes (Kaédi, Bababé, Boghé et Rosso). « Un projet de bonne gouvernance », précise-t-il, « qui a pour objectif de renforcer les capacités des élus et la Société civile, dans la participation citoyenne ». Cet esprit anime la mise en place, dans les communes cibles des Cadres de Concertation Communal (CCC), pour mieux impliquer les populations dans la gestion communale, en organisant des sessions de formation sur le budget participatif, des visites d’échanges et appuyer les PDC… jusqu’à ces journées-bilans.
Quant au Responsable Administratif et Financier (RAF) de la commune, Abou Bacry Saïdou Bâ, il a présenté le CCC local et l’Observatoire de Suivi de Vulnérabilité (OSV) de la commune, fondés en 2015, avec OXFAM. Puis il a dressé un bilan exhaustif de l’action communale, en rendant, d’abord, le compte administratif 2016 dont les recettes de fonctionnement et d’investissement s’élevaient respectivement à 22 129 302 Um et 11 662 821 UM, signant l’appui non conditionnel du FRD (Fonds Régional de Développement) et l’appui conditionnel du PNUDEL. Il a révélé que, selon la dernière évaluation des critères de performances des communes, Bababé a obtenu 79 points et été déclarée éligible aux financements du PNUDEL. Ce qui lui a permis de bénéficier de 8 millions d’UM qui ont appuyé la mise en œuvre de plusieurs projets de développement. Le RAF a présenté les différents chapitres du fonctionnement de la commune, à savoir : les impôts, les taxes, les redevances, les droits domaniaux et assimilés, les amendes, les recettes et services, les services consommés, les frais du personnel, etc. Il a fait cependant remarquer que les populations ne s’acquittent pas convenablement de leurs devoirs, vis-à-vis de la commune, précisant à ce titre que le taux de couverture des taxes communales n’est seulement que de 22% des prévisions budgétaires.
Abordant le volet des réalisations, il a cité, entre autres, la réhabilitation d’écoles (Ecoles 1 et 2 de Bababé, Thioubalel, Dioudé Walo et Abary), la construction de l’école 4 de Bababé, du marché municipal, de l’Hôtel de Ville et de l’hôpital de la ville, la construction de ralentisseurs, du stade municipal, de forages (Darto Thioubalel, Matgoum, Naïm et Dioudé Walo), de latrines à Foondé, de salles de classes à Abary, d’un jardin d’enfants à Dioudé Djéry, la sécurisation de l’ancien marché de Bababé. Toutes ces actions ont pu voir le jour grâce aux partenaires de la commune, comme la GIZ, l’ESD, l’AMAD, la Banque Mondiale, la World Vision, le FAMSI, le Périclès, OXFAM, en plus du Fonds Régional de développement (FRD) alloué par l’Etat.
Des défis à relever
Des contraintes subsistent. Comme les difficultés à assurer un assainissement adéquat, faute de moyens et… de civisme ; celles à prélever les impôts et taxes communales ; le manque d’implication des populations dans la gestion de la commune ; la restriction des prérogatives attribuées, par la tutelle, aux communes… Quant au projet de budget 2017-2018, il ambitionne de financer des actions en vue de lutter contre l’insalubrité, de conscientiser les populations sur le recouvrement des taxes municipales, d’impliquer les jeunes dans la gestion communale, d’appuyer le processus de développement, de rechercher des investissements auprès de bailleurs, de plaidoyer pour l’emploi des jeunes, la promotion d’AGR au profit des femmes et la formation professionnelle, en faveur des jeunes en déperdition scolaire. Parmi les priorités, figurent également l’aménagement de 500 ha pour le walo de Bababé, l’ouverture d’un dépôt de la SNDP, la construction d’un collège en ville, en vue de décongestionner le lycée qui compte, cette année, 2700 élèves, la fourniture des réseaux 3G et 4G, l’équipement du nouvel hôtel de ville.
Clôturant le ballet des allocutions, Niang Ibrahima, expert en développement local et coordinateur, comme on l’a dit tantôt, de l’Association des maires des communes du Sud, s’est dit « très satisfait de cette rencontre et agréablement surpris par cette mobilisation grandiose qui transcende les clivages politiques ». M. Niang a aussi magnifié « le bilan exhaustif et transparent de la mairie de Bababé qui lui a valu d’être éligible aux conditions minimums d’accès aux financements (CMAF) du PNUDEL ». Poursuivant, il a rappelé que l’AMCS a mis en place un Observatoire international pour la démocratie participative qui veille sur la bonne gouvernance, la transparence, le budget participatif des collectivités locales. Enfin, M. Niang a rendu un vibrant hommage au maire, exhortant les populations à s’acquitter de leurs taxes, pour renflouer les caisses communales, avant d’annoncer la tenue d’un grand forum des OSC travaillant dans la commune.
Après cet échange d’allocutions et le bilan des actions, la parole a été donnée aux participants qui ont, tour à tour, d’abord salué l’initiative puis rendu hommage à l’action de l’équipe municipale, avant d’attirer son attention sur certains défis qui restent à relever. Parmi ceux-ci, l’extension du lycée, la réhabilitation du terrain de basket municipal, le problème de l’eau dans certains quartiers, le déficit des personnels de santé et d’éducation, la sécurité alimentaire, l’appui aux écoles coraniques, la priorité à la main-d’œuvre locale, dans l’exécution des marchés communaux, la spéculation domaniale, entre autres.
Dans ses réponses, le maire a d’abord réitéré ses remerciements à tous les participants et indiqué avoir pris note des préoccupations soulevées. Il a promis de servir de relais aux autorités compétentes pour ce qui concerne les problèmes qui ne relèvent pas de ses prérogatives. Avant de terminer, l’édile a invité les populations de sa commune (y compris ceux de la diaspora) à œuvrer ensemble, au-delà des appartenances politiques, pour mener des actions concrètes au profit des générations actuelles et futures.
Notons que la commune de Bababé couvre une superficie de 25 km2, pour une population de 16 800 habitants, répartis en treize localités, selon le dernier RGPH (dixit Bâ Djibril Sidiki, SG de la mairie). Située à mi-chemin entre Kaédi et Boghé, ses populations pratiquent essentiellement l’agriculture, l’élevage, le commerce et l’artisanat. Elle est dirigée, depuis 2007, par Bâ Abdoulaye Mamadou, épaulé de cinq adjoints, d’un SG et de cinq commissions spécialisées (Administration et finances, Développement et coopération, Culture, Aménagement et urbanisme, Achats communaux).
Brahim E Salem et Dia Abdoulaye