C’est un secret de polichinelle en Mauritanie : presque tout le monde sait que celui qui a bradé le pays, vendu ses écoles, ses entreprises et facilité, à ses proches, tous les avantages et postes-clefs de la gestion nationale, ne consentira à laisser la Mauritanie qu’entre les mains d’un membre de ce clan. La petite phrase accordée, dans son interview à Jeune Afrique, le 25 Février 2018, est subtilement employée ; façon : « Je vous ai compris » de Charles de Gaulle » à Alger, à la veille des indépendances ; pour distraire l’écurie de notre opposition divisée et malmenée. Aujourd’hui, chaque partie de notre «opposition» se prépare déjà à bénir l’homme qui s’auto-proclama « président des pauvres », en Août 2008. La suite, vous la connaissez autant que moi, on sait tous à quoi s’en tenir et depuis belle lurette, de notre arène politique. Faut-il revenir sur la guéguerre du bataillon des sénateurs contre le président Sidi ould Cheikh Abdallahi, et le soutien maladroit d’Ahmed ould Daddah aux militaires ? Non, je vous épargnerai le rappel de cette phase si peu glorieuse de nos politiques qui nous ont conduits, par leur cécité et jeu politicien tordu, à la mortelle impasse actuelle.
Rebelote, voilà l’amusement de la galerie relancé par le général Mohamed ould Abdel Aziz ! Le doute qu’il laisse planer, sur son soutien à X, vise à mieux diviser, non seulement, son opposition mais, aussi, les « inconditionnels prétendants » à sa succession. Le combat politique en Mauritanie va donc s’exaspérer, rassurez-vous, dès les prochains jours. Alliances, positionnements et coups bas s’en donner à « cœur noir », avec, pour conséquence, une énième prise en otage du peuple assoiffé de démocratie et de vie décente, alors que flambent les prix, sont bafouées les libertés collectives et individuelles, culmine la corruption, dans tous les secteurs de notre administration…
Nos hommes politiques tomberont-ils encore dans le piège azizien ? Après avoir détruit et désorganisé toutes les structures et rouages de l’État, l’homme entend, n’en doutez-pas, imposer maintenant, à défaut de pouvoir se présenter, un choix à sa botte, pour pérenniser ses malheureuses et irresponsables orientations économiques, sociales et culturelles.
Pouvons-nous compter sur un peuple héroïque, façon Burkinabé ? Une hypothèse aussi improbable qu’hasardeuse, tant le valet et sa dictature ont disposé d’hommes, partout dans l’armée, la police et l’administration territoriale…Impossibilité d’une élection crédible et fiable, triche et imposition quasi certaine du choix azizien ? Je souhaiterai que l’histoire me démentît. Oui, si je suis inquiet pour mon peuple, peut-être me surprendra-t-il, peut-être assez de politiques comprendront-ils le piège et se donneront la main, histoire d’éviter le chaos prévisible. Certes, le train actuel de leurs divisions, de leurs calculs séparés et de leurs discours me rend sensiblement pessimiste, mais je refuse toujours le défaitisme.
Alors, chers compatriotes, dites-moi comment croire à celui qui nous prive de manifester contre le prix du pain, du poisson et de la viande. Ne nous privera-t-il pas, encore et toujours, ne nous volera-t-il pas notre victoire électorale ? J’attends vos réponses avec impatience. C’est à nous tous qu’appartient la Mauritanie et nous risquerons fort d’être roulés, tous, dans la même farine, pauvres « massakines »...
Sidi ould Baye
Patriote incontestable