Mercredi 14 Février 2018, aux environs de dix-sept heures, mon ami Sidamine ould Ahmed Challa tire sa révérence, dans une clinique privée espagnole. La nouvelle de la mort de ce jeune homme d’à peine cinquante-deux ans se propage rapidement aux quatre coins de la Mauritanie. Ses deux maisons de Nouakchott et d’Aleg sont prises d’assaut par des personnes issues de toutes les communautés. C’est la consternation totale. Un de mes proches me confirme l’information mais il me faut tout de même un bon moment, pour me rendre à l’évidence et me résoudre, une fois encore, à ce que tout, sur cette terre, est mortel et éphémère. Sidamine était une personne exceptionnelle. Tout simplement un homme « adorable ». Courtois. Serviable. Pour qui ni la couleur, ni la communauté, ni la région n’avait de sens réel. L’essentiel, à ses yeux, était de pouvoir résoudre le problème de tout celui qui venait le solliciter. Les larmes de beaucoup de démunis d’Aleg (sa ville natale), d’orphelins, d’élèves de mahadras et autres indigents de toute la Mauritanie ne sècheront pas sécher de sitôt. Ils ont perdu, mardi dernier, la promptitude d’une aide généreuse, régulière et discrète. L’intelligence débordante et l’affabilité naturelle de cet homme hors pair lui firent des amis partout en Mauritanie et même au-delà. La très grande sympathie, exprimée de toutes parts, lors de son alitement, et l’accablement généralisé qui suivit sa mort témoignent de la qualité de ses relations avec des hommes et des femmes de toutes catégories. Je le revois encore, vers l’année 75… il n’avait que dix ans et, déjà, imposait son empreinte, dans la « grand-rue » comme en l’enceinte de l’école 1 d’Aleg, d’un incontournable leader qui distribuait les rôles à des gaillards de plusieurs années ses aînés. Ne dit-on pas que « l’épine est pointue, dès qu’elle est petite » ? Enfant gâté par son père feu Cheikh Ould Ahmed Challa, Sidamine « prenait », de la boutique familiale, pour distribuer à ses amis. Au collège, il continua à faire remarquer sa forte personnalité. En 1992, il n’avait alors que 27 ans, Sidamine était déjà incontournable sur la scène politique locale, avant d’en devenir, en quelques années, un des leaders les plus populaires et les plus emblématiques. Impossible de citer une maison d’Aleg à qui Sidamine n’ait apporté du bien, à travers de substantiels dons d’argent ou l’accès d’un fils à une fonction, affectation ou promotion à un poste de responsabilité, voire tout cela à la fois. Sans jamais même suggérer récompense ni remerciement. Moi, il m’appelait affectueusement « Samb’El Kory ». Je ne saurais dire combien cela me faisait plaisir à m’entendre appelé ainsi, alors que tout autre que lui aurait subi une ire inqualifiable puisque j’avais horreur qu’on m’appelât « Sambe » en place de Sneïba. Mais « Damine » Yarehmou était tellement savoureux, tellement avenant, tellement gentil que ses taquineries passaient avec plaisir. Je présente mes condoléances à tous les démunis, orphelins et indigents. Aux gens d’Aleg, du Brakna, de la Mauritanie et d’ailleurs. Le trop bref passage de Sidamine ould Ahmed Challa, sur cette terre, lui fut intermède plein d’humanisme, sympathie, courtoisie, disponibilité, bref tout un foisonnement de valeurs humaines submergeant le pays et ses environs. A Allah ce qu’il a donné et à lui ce qu’il a pris, inna llilahi we ina ileyhi raji’oune. Qu’Allah entoure Sidamine ould Cheikh ould Ahmed Challa de toute sa miséricorde et lui ouvre les portes du plus haut Virdouss, avec Ses prophètes, Ses saints et Ses Martyrs. Amine.
Ton ami Samb’ElKory