Le pouvoir n’apprécie apparemment pas les descentes sur le terrain des militants abolitionnistes. Après la répression féroce des trois marches organisées par IRA à Dar Naïm, Tevragh Zeïna et Arafat, les autorités sécuritaires ont convoqué, ce mardi à 22 heures, Biram Dah Abeïd.
Alors qu’il se trouvait chez lui, à Riad en compagnie de quelques militants et sympathisants de son organisation, le leader de IRA Mauritanie avait été conduit à la direction régionale de la sûreté
de Nouakchott Sud par un commissaire et un brigadier chef. Sur place, le directeur régional a transmis à Biram le message de l’Etat mauritanien, lui rappelant l’interdiction de ces manifestations qui
ont été émaillées, aux dires de l’officier, de violence et de désordre. Et que c’est Biram qui serait derrière ces marches. Par conséquent, « le pouvoir le tient pour responsable dès la survenue d’une nouvelle marche et l’enverra en prison », a menacé le directeur régional.
En réponse, le leader abolitionniste a d’emblée assumé la responsabilité de l’organisation de ces processions demandant au DRSN de l’arrêter d’autant qu’il est prêt à aller en prison. Le directeur
régional lui aurait « fait savoir que ce n’est pas la prison seulement qui l’attend ». Biram a promis « la poursuite de ces marches de protestation pacifiques de dénonciation d’un pouvoir dictatorial », non sans rappeler les pratiques odieuses qui ont conduit aux exécutions extra-judiciaires, durant les années de plomb entraînant des milliers d’orphelins et de veuves. Biram dément le directeur régional, faisant remarquer qu’aucun policier n’a été brutalisé ou insulté «par contre une violence indicible a été commise à l’encontre de nos militants. 15 blessés graves ont été enregistrés». Biram a rappelé au directeur régional l’illégalité des rassemblements devant le palais présidentiel, réclamant le viol de la constitution pour permettre à Ould Abdel Aziz de briguer un troisième mandat anticonstitutionnel. « Pourtant, l’organisation de ces rassemblements n’est pas reconnue et la teneur des propos viole la constitution et incite à l’abolition de celle-ci».
Biram considère qu’une nouvelle gouvernance impopulaire s’est finalement installée. Face à ces menaces de mort, Biram « voit une étape supplémentaire du régime de réduire tout le monde par la
violence, la répression et la torture. Ce pouvoir dictatorial utilise les leviers de la violence et de la terreur pour éliminer ces adversaires. IRA ne va pas se taire. Je prends note de ces menaces de mort et je vais attendre ma destinée droit dans les bottes ».
Ce mardi, des militants de son organisation ont battu le pavé à Arafat, après Tevragh Zeïna et Dar Naïm, en guise de protestation contre la flambée des prix des denrées de base, la baisse du pouvoir d'achat des ménages et le manque de politique gouvernementale face à la sécheresse qui frappe le monde rural.
Les unités de la police ont chargé les protestataires. Plusieurs interpellations et des blessés graves encore hospitalisés à l’hôpital de l’Amitié ont été enregistrés dans les rangs des abolitionnistes.
« Ambiguïté délibérée » : voilà comment Ehoud Barak, alors ministre de la Défense de l’entité sioniste, désignait, en 2010, la stratégie nucléaire de son gouvernement ; « une bonne politique, en entente totale avec les États-Unis », tenait-il, sibyllin, à préciser.