Marrakech, cité située au Sud du Maroc et lieu de rendez de nombreuses manifestations de classe internationale, a abrité un forum, du 29 au 31 Janvier dernier, sous le thème « Opportunités pour tous : croissance, emplois et inclusion dans le monde arabe ». Faisant suite à la conférence d’Aman (2014, Jordanie), axée sur un sujet très proche : « Construire l’avenir : emplois, croissance et équité dans le monde arabe » ; elle en était le prolongement logique.
Organisé par le gouvernement du Royaume du Maroc, le Fonds Monétaire International (FMI), le Fonds Monétaire Arabe (FMA) et le Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social (FADES), le forum a réuni un millier d’acteurs issus de la crème financière du monde arabe, les représentants du FMI, des opérateurs du secteur privé et des acteurs de la société civile des pays de la région « Moyen-Orient /Afrique du Nord » (MENA). La Mauritanie était représentée par le Ministre de l’Economie et des Finances, Moctar ould Diay et le gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM), Abdel Aziz ould Dahi.
Pendant trois jours, les participants « ont échangé leurs expériences stratégiques visant à assurer la croissance, tout en garantissant l’inclusion, qui passe par un large partage des fruits de celle-là. Ce qui suppose, naturellement, la réduction du taux de chômage » notamment estimé à plus de 25% des jeunes, dans le monde arabe.
Enorme potentiel de croissance et de développement
Dans son allocution d’ouverture, prononcé en présence de la directrice générale du FMI, madame Christine Lagarde, et du PDG du Conseil d’Administration du Fonds Monétaire Arabe (FMA), le docteur Abderahmane ben Abdallah Al Houmeïdy, le ministre marocain de l’Economie et des finances, Mohamed Boussaïd, a relevé, d’emblée, que le monde arabe « est doté d’un énorme potentiel de développement et de croissance ».
Le lundi 29 Janvier a été consacré à un séminaire « sur les opportunités offertes, par l’action du FMI et le développement des capacités du MENA, et les réformes économiques et sociales réalisées, par le Royaume du Maroc, en vue de transformer et diversifier son économie, pour assurer une croissance durable, résistante aux chocs exogènes ».
Illustration avec une communication de monsieur Kenzi Jilali, directeur adjoint chargé du pôle macroéconomique à la Direction du Trésor et des Finances Extérieures, au Ministère marocain de l’Economie et des Finances, exposant une batterie de mesures destinées « à juguler la crise mondiale de 2008 ». Celles-ci ont filé un tissu économique plus diversifié, offrant une plus grande résilience aux chocs exogènes. Un modèle « parfait » de résistance, face à la baisse drastique des cours mondiaux des matières de base, en cette région MENA où plusieurs Etats sont affectés par la déprimé du marché.
Une rénovation du cadre macroéconomique, a-t-il souligné, à même de « supporter les chocs extérieurs, suscitant une révision, à la baisse, du déficit budgétaire qui s’est stabilisé à 3,5%, en 2017. Dans le même temps, le déficit du compte courant est maintenu à un peu moins de 4%, alors que les réserves de change ont été portées à six mois, après avoir touché un niveau plancher de quatre mois en 2012. Le taux d’inflation a été maintenue à une moyenne de 2%». La base de toutes ces performances ?
« Réformes des secteurs fondamentaux : réorientation de la fiscalité entraînant une hausse des recettes ; rationalisation de l’investissement public, dans le cadre d’un plan anticyclique traduit en réduction des risques pesant sur le budget, notamment celle de la compensation, par la suppression d’une série de subventions, à l’exception de celles touchant à une denrée stratégique, comme le gaz) […]. Révision systématisée de l’investissement, avec recours fréquent au Partenariat Public/Privé (PPP), meilleure intégration de la production des entreprises nationales dans les chaînes de valeur, diversification du partenariat, avec la conquête de marchés en l’Afrique et autres pays émergents... ».
Temps fort de la deuxième journée : l’emploi des jeunes, pour en résorber le chômage, endémique. Posé en termes limpides, le défi est gigantesque : «Durant les cinq prochaines années, des millions de jeunes de la région MENA vont investir le marché du travail. Quels moyens faut-il, aux Etats, pour répondre à la demande de ces nouveaux arrivants ? Mettre en valeur de nouveaux foyers et niches de croissance ; susciter les conditions d’une promotion, à grande échelle, des Petites et Moyennes Entreprises (PME), à l’instar de la célèbre Silicon Valley ».
Christine Lagarde avertit contre la colère de la rue
Madame Christine Lagarde a dressé un tableau sans complaisance de la situation sociale au MENA. Tous les feux y sont au rouge, « le mécontentement populaire bouillonne. Quelles réformes entreprendre, au profit des citoyens, et comment ? Comment approfondir celles déjà entamées, pour répondre aux attentes et aux frustrations exprimées par les populations ? La pression et les aspirations sociales sont fortes mais les espoirs aussi, motivant l’action. Il faut des solutions immédiates, au diapason des besoins populaires. Développer, en-deçà du programme à long terme, de promptes initiatives, sous la pression de l’urgence ». Et de citer, à titre d’illustrations, le Rif marocain (région Nord très déshéritée) traversé, ces derniers mois, par une forte vague de contestation, et la rue tunisienne enflammée, courant Janvier, suite à la dernière hausse des prix...
Amadou Seck
Envoyé spécial à Marrakech