Les ‘‘paradoxes’’ du système Aziz

1 February, 2018 - 01:08

S’ils ne sont pas morts ou mourants, les Mauritaniens sont aujourd’hui des survivants  et des survivants déprimés, moralement saturés  par le système politique et économique qui les a malmenés et pressurés  jusqu’à la limite de l’humainement supportable. Comment en est on arrivé là ?  Une des dimensions essentielles qui caractérisent le président Aziz reste sans doute la capacité extraordinaire d’orchestration et de manœuvre pour garder le fauteuil présidentiel. L’Université Mauritanienne, transformée en ghetto qui produit des chômeurs, se trouve dans un état de décrépitude morale et physique avancé, avec des équipements obsolètes, des effectifs pléthoriques, un personnel tant enseignant qu’administratif et technique au bout du rouleau, harassé par les sacrifices consentis pour sauvegarder un  niveau et un prestige encore intacts. Dans le secteur de la santé, notamment l’accès aux soins, la protection maternelle et infantile, l’assistance aux personnes de troisième âge, le niveau du service offert a considérablement baissé en raison d’infrastructures mal entretenues, insuffisantes, inégalement réparties et de l’insuffisance en personnel. Les coûts d’accès deviennent insupportables pour les populations obligées de plus en plus à se tourner  vers la médecine traditionnelle. Le monde rural attend depuis de longues années un possible accès à des techniques éprouvées en Asie et en Europe, qui le libère enfin d’une dépendance paupérisante et humiliante. La lutte contre la grande pauvreté ne peut se réduire en une proclamation lancinante, lassante et démagogique, formulée sous le vocable inadéquat de la demande sociale. La pauvreté est générée par le double phénomène de l’abandon progressif des priorités sociales et par un gaspillage de plus en plus accentué des ressources de la communauté nationale dans des opérations ou dans  des programmes sans aucun lien avec les populations. Là réside une responsabilité grave  de la puissance publique.  Mohamed Ould Abdel Aziz n’est pas un politicien, au sens classique du terme. Aujourd’hui aucun homme, seul, ni aucun parti politique ne sauraient se vanter de pouvoir relever, de manière exclusive tous les défis qui nous interpellent. Ce n’est qu’unis dans la diversité et dans le libre choix des programmes de redressement que les Mauritaniens parviendront à faire face à la situation. Il est plus qu’urgent qu’un Forum  sur : ETHIQUE, POLITIQUE et POUVOIR voie le jour entre le régime, la société civile et l’opposition. Le jour où les Mauritaniens   et leurs dirigeants auront, ensemble, des destins croisés, le pays sera sauvé.  L’Etat de droit, celui du respect de tous les droits, porte l’espoir des Mauritaniens. Pourquoi ne pas le choisir ?

AHMED BEZEID OULD BEYROUCK