L’Union Pour la République (UPR), principal parti de la majorité présidentielle, serait-elle en quête d’un second souffle? Pertinent questionnement, a priori, puisque le président de la République qui l’a mis en place, sous les cendres du PRDS d’Ould Taya, vient d’en annoncer la fondation d’une nouvelle commission, dite de « redynamisation ». Il s’agirait, semble-t-il, d’amener ce mammouth au fragile million d’adhérents à s’endurcir, en vue des échéances électorales de 2018 et 2019. Une lucidité de bon aloi, tant ce parti paraît bien incapable de relever, dans ses conditions actuelles, ce gros challenge, sans fraude, complicité de l’Administration et contribution de la Grande Muette.
Elevée dans la foulée de la« Rectification » d’Août 2008/2009, l’UPR ressemble fort à un clone du PRDS. Des milliers de militants cloisonnés en courants et tendances qui plombent son action. N’eût été le cordon ombilical qui le lie au Président au pouvoir, l’UPR ne survivrait pas à ses divisions. Ses implantations et ses campagnes, électorales ou de sensibilisation, se déroulent toujours dans la douleur. Il a été incapable de préparer les élections sénatoriales suivant le coup de force de son mentor. Annoncée depuis quelques temps, sa campagne de réimplantation peine à se matérialiser. Les rivalités, entre son président actuel et le Premier ministre Ould Hademine, n’ont fait accentuer ses problèmes. N’oublions pas, non plus, la maladresse de ses responsables missionnés, dans les différentes moughataas, pour vulgariser le discours du Président à Néma : elles ont tout droit conduit à la fronde des sénateurs qui ont retoqué le texte du referendum, avant de claquer la porte du parti.
Est-ce à cause de toutes ces bisbilles qu’Ould Abdel Aziz demeure très méfiant vis-à-vis de l’instable « machin » ?
En tout cas, il n’a quasiment jamais confié la direction de ses campagnes électorales aux cadres de l’UPR. Lors de la dernière présidentielle de 2014, le parti a ainsi dû avaler plusieurs grosses couleuvres avec la délégation de l’essentiel des responsabilités aux membres de son gouvernement et à des personnalités peu ou prou engagées au sein du parti, comme, par exemple, l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur, Sidi ould Salem, ou Ousmane Ba, l’ex-ministre de l’Education aujourd’hui ambassadeur aux Nations Unies…Le referendum du 5 Août dernier n’a fait que démontrer, à nouveau, combien le mentor de l’UPR se méfiait de « son » parti, obligé de battre campagne auprès de commissions régionales dirigées, généralement, par des membres du gouvernement et donc désignés depuis le Palais.
(Amère) cerise sur le gâteau : selon nos sources, le Président a jeté aux oubliettes les propositions de commissions régionales et départementales pour la réimplantation du parti. Serait-ce que celui-ci n’ait pas joué sa partition, pendant la campagne du referendum ou que le boss n’ait pas entière confiance en l’actuelle équipe dirigeante de la formation ? Une chose est sûre : à la question de savoir pourquoi s’était-il si personnellement investi, dans le referendum d’Août dernier, Ould Abdel Aziz a répondu que « personne ne le ferait à sa place ». Un message clair qui n’a d’ailleurs pas empêché les Mauritaniens de bouder son projet. Les hauts cadres et simples militants, tous priés de mobiliser les foules, lors du dernier meeting du Président à Nouakchott, n’ont pas su les convaincre à sortir voter, le 5 Août.
… En attendant la suite du feuilleton
Les observateurs sont majoritairement d’avis que l’UPR n’a jamais, à ce jour, constitué une véritable machine électorale pour son fondateur. Voilà peut-être pourquoi celui-ci a-t-il décidé de secouer le mammouth. La commission constituée à cet effet démontre, une fois de plus, le peu de cas fait aux cadres du parti : on y dénombre pas moins de cinq ministres dont le tonitruant et omnipotent Ould Djaye, le directeur de cabinet du Président, et le maire de Zouérate, très proche d’Ould Abdel Aziz. Le parti n’est représenté que par son président, maître Sidi Mohamed ould Maham. Notable absence, tout de même, celle du Premier ministre qui devrait, en principe, présider ce genre de structure. Dissension avec le président de l’UPR ? Ou disgrâce d’un chef de gouvernement aux méthodes très peu goûtées par les Mauritaniens ? Faute de réponses claires à ces questions, on peut quand même penser que le Président s’est désormais personnellement engagé dans la campagne présidentielle de 2019. Qu’il parte ou tente le coup du troisième mandat, le tombeur de Sidi ould cheikh Abdallah ne veut, en tout cas, pas donner l’impression, à sa majorité, qu’il l’abandonne au milieu du gué. On attend le reste du feuilleton…
DL