C’est quoi le contraire de la démonétisation ? Celui de la démocratisation n’a rien, en tout cas, rien voir avec la racine du mot, puisque c’est « coup d’Etat ». Militaire, institutionnel ou constitutionnel, peu importe. Cela dit, revenons à notre mouton du jour : le contraire de démonétiser, c’est monétiser. Donner de la valeur à des papiers et des pièces « frappées », sur commande, par une société spécialisée dans le domaine, peut-être quelque part vers le Canada ou, en tout cas, là-bas très loin. Or, c’est bien connu,« qui trouve sa mère ne téte pas sa grand-mère ». Sinon, quelle est alors l’utilité de notre planche à billets qui a, pourtant, tant servi ? Que la nouvelle monnaie soit lisse, belle, estampillée de divers emblèmes nationaux, comme la tidinit, l’ardine ou la vache, les temps n’en sont pas moins durs et les cœurs des Mauritaniens, en conséquence, pas plus à la danse qu’à la noce. Et puis, les monnaies, c’est comme les hommes. Elles ne valent que par ce qu’elles sont capables de réaliser, en termes de pouvoir d’achat. Ne dit-on pas que « les hommes, c’est par leur perfection qu’ils se distinguent et non par leur beauté » ? Sur cette monnaie, les gens de chez nous y vont de toutes les fantaisies. « Qui a été mordu par le serpent craint la corde », toujours cette fameuse rengaine du chat échaudé craignant l’eau froide. La fameuse question des commissions sur tout ce qui bouge. Exemple avec la société chinoise qui va piller nos côtes nationales encore longtemps, en vertu d’un contrat de vingt-cinq ans. Seulement pour les petits yeux des Chinois ? L’affaire des commissions des accords d’extraction du pétrole, en 2007/2008, dont certains responsables sont encore là, en pleines travées de la Mauritanie nouvelle. L’affaire des bulletins de vote et de la société londonienne. Grabuge puis plus rien, après une arrestation « divertissante » d’un responsable qui aurait de graves et compromettants secrets sur les chemins « empruntés » par les commissions anglaises. Les Mauritaniens sont très curieux. Sinon à quoi sert-il de savoir combien a coûté la nouvelle monnaie ? Normalement, ça, c’est comme les affaires militaires : top secret. Affaire d’Etat. Des affaires d’état, quoi. En quoi cela peut-il concerner les citoyens de s’inquiéter du montant et des modalités de paiement d’un prestataire étranger ? Hé, « donnez à vos têtes la paix » ! Ce n’est pas parce qu’il ya démocratie et liberté d’expression que tout est permis. Comme l’a si bien dit une députée, « les journalistes sont des gros menteurs qui se croient tout permis. Ce n’est pas normal… ». Elle a raison, la brave dame : l’un parle de dizaines, l’autre de centaines de milliards qui auraient été dépensés pour démonétiser. Et cette autre affaire dans l’affaire qui va encore rapporter gros. C’est combien, l’ancienne monnaie ? Combien de billets, combien de pièces ? Normalement, la commande en nouvelle monnaie devrait être égale au volume de la monnaie démonétisée dont des centaines de milliards seront réputées partis en fumée, dans des incendies, après être restés enfermés, jusqu’à péremption totale, dans les malles hermétiquement fermées de quelques champions de la thésaurisation, totalement insensibles à l’odeur de la démonétisation, nonobstant les montants perdus dans tout le pays. A qui profitera la substantielle différence ? « Celui qui se charge de quelque chose n’en goûte-t-il pas ? » A cet égard, les Bédouins restent de sages conseils : « celui qui ne va pas avec toi ne doit pas suspendre pour toi ». Une affaire de prévoyance et de précaution, puisque, si les gourdes tombent en cours de route, celui-là ne sera plus là pour t’aider à les remettre sur le dos des ânes. Les gens de l’UPR devraient bien s’inspirer de cette sentence populaire. Les municipalités, les conseils régionaux, les législatives, c’est déjà beaucoup de pain sur la planche des boulangers du parti présidentiel, quel que soit son boss. D’autant plus que l’actuel ne devrait plus l’être, constitutionnellement, pour la présidentielle de 2019 qui approche à grands pas. Mais, comme on dit, « à chaque colline son langage » et « le temps ne se prie pas avant son échéance »... Salut.
Sneiba El Kory