Ould Mkhaitir, l’auteur de l’article blasphématoire contre le prophète Mohamed (PBL), a-t-il été libéré ? Est-il gardé au secret, en lieu sûr ? Depuis que la Cour d’appel de Nouadhibou l’a condamné, la semaine dernière, à deux ans de prison ferme (une peine qu’il a déjà purgée), il est, en tout cas, devenu libérable. Mais, devant la colère de la rue, chauffée, dès le premier jour, à blanc et sans aucune discernement, par le Président lui-même déclarant que le fautif serait sanctionné sans aucune pitié, le pouvoir a été obligé de faire machine arrière. Ould Mkhaitir ne sera pas libéré, a-t-il fait savoir, tant que le pourvoi en cassation, introduit par le Parquet, ne sera pas examiné par la Cour suprême. Malgré la pression des Occidentaux (dont certains envoyèrent des représentants, au procès de Nouadhibou, alors qu’ils ont gardé le silence, lorsqu’un sénateur, arrêté sans raison, fut amené, enchaîné, au tribunal de Nouakchott), il y a de fortes chances que le forgeron contestataire reste encore, quelque temps, en prison. Le temps que la rue se calme ou… passe à autre chose. Justement, cet autre chose vient de lui être offert, sous forme d’enregistrements, à l’instar de ceux attribués à Ould Ghadda, lorsque son téléphone fut confisqué, en Mai dernier, par la gendarmerie de Rosso. Cette fois, c’est un autre opposant qui fait les frais de ces méthodes dignes de la mafia calabraise. Moustapha ould Limam Chavi, une des figures de proue de l’opposition en exil, qui a fait l’objet, lui aussi, d’un mandat d’arrêt international de nul effet, en est la vedette. Son téléphone était apparemment sur écoute. Avant que Whatsapp ou Telegram ne proposent des solutions. On a ainsi divulgué des discussions anodines avec des journalistes et, beaucoup plus grave, avec des présidents étrangers. Que vont penser ces chefs d’Etat de nous ? Qu’il est loin le pays qui enfanta Mokhtar ould Daddah dont l’aura dépassait les frontières de l’Afrique ! Notre pays serait-il tombé si bas pour s’adonner à ce genre de barbouzeries ? Acharné à détruire et déconstruire ce que les bâtisseurs ont élevé, des décennies de labeur durant, Ould Abdel Aziz n’a pas plus de programme pour relever le niveau de vue que de vie des citoyens. Il survit d’expédients, au jour le jour : déshabiller un manifestant en pleine rue et le promener devant les gens ; condamner à trois ans de prison ferme un étudiant, pour simple jet de chaussure ; avilir l’opinion publique, entre mensonges éhontés et demi-vérités, avant de s’y lier ; profiter d'un banal accident de circulation, pour saisir les téléphones d'un opposant, et fuiter leur contenu, via des sites affiliés à la police politique ; fouiner dans la vie privée de tout celui qui le critique… Une fange sans nom suinte de la déliquescence d’un ego boursouflé, inonde la vie du pays, tend à le noyer dans des marécages de corruption, courtes vues, amalgames, confusions. Constat sans appel : c’est, tout simplement, parce qu’il est incapable de s’élever lui-même – pire, de se risquer à la moindre autocritique – qu’Ould Abdel Aziz s’applique à abaisser la Mauritanie. Jusqu’à quelle révolte, Seigneur Dieu, de notre âme populaire ?
Ahmed Ould Cheikh