Parfois des âmes charitables vous disent : « Untel aime l’argent ». Je n’ai jamais entendu plus sot. Pour une raison toute simple : Qui n’aime pas l’argent ? Et cette réponse en forme de question me rappelle une croustillante anecdote. Il paraît qu’on « aurait » dit – il faut être prudent, désormais, en rapportant les faits, sinon, pfuittttt, directement la prison ou mise sous contrôle judiciaire ! Surtout les journalistes aux « affaires particulièrement nombreuses » –donc, disais-je, quelqu’un « aurait » rapporté, à quelqu’un d’autre qui n’est pas du pays, que, chez nous, en Mauritanie, quand tu poses à quelqu’un une question, il te répond par une question. Ledit étranger veut savoir si c’est vrai ou faux, part en Mauritanie pour vérifier et rencontre quelqu’un de chez nous : « C’est vrai que, chez vous, c'est-à-dire ici en Mauritanie, quand on pose à quelqu’un une question, il répond par une question ? – Qui t’a dit ça ? », répond l’autre.
Qui n’aime pas l’argent ? L’argent n’est pas « nourrisson de la haine ». Maintenant, l’aimer modérément ou exagérément, c’est là que situe la différence. L’amour de l’argent n’a jamais été mis en cause. Ni à travers les âges. Ni à travers les sociétés. Ni à travers les systèmes. La preuve, c’est que tout y revient, finalement : tous ces communiqués, ces réunions, ces foras, ces conseils des ministres, ces voyages à l’intérieur et à l’étranger, ces programmes, stratégies, études, révisions, conventions, contrats, avenants, annexes, et tutti et quanti, et patati et patata. Tout ça, c’est pour arriver à l’argent. Regardez le G5 Sahel. Ils sont partis chez Trump, pour se faire sermonner. Chez Macron, pour recevoir des leçons de je ne sais quelle moralité. Mais, dans tous les cas, pour de l’argent en fin de compte. Sans quoi, rien ne va.
Donc, il aime l’argent. Il fait le commerce. Il est homme d’affaires. Tout ça, ce sont de faux problèmes. Regardez toutes les grandes affaires pendantes, devant la justice. Impossible de les dissocier de l’argent. Tous les noms qui ont fait l’actualité ces dernières années. Bouamatou. Bouazizi. Ould Ghadda. Kadhafi. Messaoud. Les Emirats. L’hôpital allemand de Doha. Senoussi. Coumba Bâ. Ghanagate. Même le mot école renvoie à l’argent. Relations avec Israel. Avec le Qatar. L’Arabie Saoudite. Yahya Jammeh. ENER. Mohcen. Sherpa. Jemal et ses avocats français. Tous ces noms, toutes ces expressions ramènent à l’argent. Ça peut faire un grand et long détour, mais ça va toujours revenir à cet argent que personne ne déteste, au demeurant. Normal, c’est le nerf de la guerre. C’est la clé à laquelle ne résiste aucune serrure. Et puis, nous sommes des musulmans. Pour nous, l’argent constitue le meilleur test de probité, de grandeur d’âme, de moralité : « Ne les éprouvez ni par le jeûne ni par la prière. Mettez-les à l’épreuve des Darahim ». Par l’argent. Puisqu’il fait sortir la véritable nature des hommes – et des femmes, n’oublions ni le genre ni même la parité ! – c’est cela que les gens ne comprennent pas. Par exemple, les télévisions privées. Il faut passer à la caisse. Les impôts, ce sont les impôts. C’est comme ça. Plus rien n’est comme avant. Ce n’est pas juste de mettre de gros cadenas aux boutiques, magasins et autres représentations de gabegie transfrontalière, Et laisser ces petites caisses de résonnance qui ne sont pas exactement comme la Mauritanienne mais qui n’en sont pas très loin. Vivement de gros cadenas pour arrêter le carnage ! Et puis, ce ne serait pas très méchant de laisser « reposer », un peu, nos oreilles des programmes, pendant quelque temps, façon de nos regrettées chaînes privées de télévision. Vraiment rien à perdre : informations nationales, il y a la Mauritanienne. Informations internationales ; il y a les autres. Tout ça en attendant des jours meilleurs. Bonnes vacances forcées ! Qui a dit que l’argent n’est pas à adorer ? C’est qui qui a dit ça ? Salut.
Sneiba El Kory