Le gouvernement mauritanien ne s’est pas seulement contenté de couper ou de fermer toutes les ressources provenant de publicités et d’abonnements pour faire plier la presse indépendante, pire, il a décidé, avec l’interpellation puis l’audition des journalistes Moussa Samba Sy, Jedna Deida, du quotidien de Nouakchott et du site Mauriweb et Babacar M’Baye N’Diaye et de Rella Bâ du site très visité cridem.org, de tenter de taire toutes voix discordantes en Mauritanie.
Le directeur du Calame, Ahmed Ould Cheikh, en séjour à l’étranger, connu pour ses éditoriaux très incendiaires contre le régime en place et appréciés jusqu’au Palais, selon certaines confidences serait probablement chopé à l’aéroport Oum Tounsy de Nouakchott, le jour de son retour à au pays pour être entendu par les limiers de la brigade de la police économique. Les limiers de la police économique ont rendu visite à la rédaction du journal, le vendredi matin, 25 août, pour le cueillir après son collègue Moussa Samba Sy. Ou bien, serait-il épargné, compte tenue du tollé d’indignations et de désapprobations que l’arrestation puis la libération de ses confrères a suscité au sein de l’opinion ?
Mais, tout cela pourquoi ? Parce qu’à en croire le parquet général, ces journalistes seraient suspectés de faire partie d’un complot que projetteraient d’organiser certaines personnes, comme le sénateur Ould Ghadda, gardé au frais depuis plus de deux semaines, mais aussi d’autres réfugiés à l’étranger. Tout le monde pense qu’il s’agit de l’homme d’affaires Ould Bouamatou et Moustapha Limam Chaafi.
L’interpellation des journalistes, qui font leur travail dans des conditions particulièrement critiques, attendaient-ils mieux de la part d’un pouvoir qui cherche, par tous les moyens à faire toutes les critiques ? Certainement pas parce que tous ont le deuil des subsides en provenance de l’État pour compter sur d’autres bonnes volontés.
Il y a quelques jours, un ami rencontré près de l’hôtel Khaima m’avait lancé cette boutade : Aziz va vous faire ployer sous les arriérés de taxes et d'impôts pour vous faire taire. Avait-il eu vent de ce qui se tramait ? C’est dire que le Calame s’attend à toutes les éventualités et que les bonnes volontés, comme feu Abass de la BMCI ne le lâcheront pas. On se rappelle que ce généreux homme d’affaires avait, dans la discrétion, apporté son aide au Calame quand il a été interdit pendant des mois sous le régime de Ould Taya. Il y aura toujours des cœurs généreux pour contribuer à la liberté de la d’expression.
Des nombreux domaines où l’anarchie règne en maître à Nouakchott, c’est sans conteste le foncier qui tient le haut du pavé. Tout le monde a encore en mémoire la célèbre « poche 10 », située à la jonction entre Tevragh Zeïna et Teyarett, que l’État rasa il y a quelques années.