Le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz a entamé, depuis quelques jours, des visites de proximité dans certaines Moughtaa de la capitale : El Mina, Tarhil, Ryad. Partout où il est passé, le président a visité les infrastructures de base et certains services déconcentrés. Ces sorties du président Aziz dans ces contrées de la capitale laissent songeur. Pourquoi ce timing ?
Ces visites interviennent au lendemain du référendum constitutionnel du 5 août passé. Un référendum fortement boudé au niveau de la capitale, Nouakchott. C’est pourquoi certains observateurs croient avoir qu’il s’agit là d’une opération de charme auprès des populations qui, comme il l’aura constaté sur le terrain ne vivent pas dans l’opulence. Les grandes réalisations dont se vante le pouvoir n’ont que peu changé leur quotidien. Les dispensaires sont déserts ; les citoyens préférant les hôpitaux ; les médecins sont souvent absents. Au niveau de l’administration, les préfets et les Walis, jusqu’aux ministres d’ailleurs ne font plus grand-chose. Seuls l’état civil connaît des affluences et les citoyens peinent toujours à disposer de leurs papiers, en dépit des instructions des autorités, comme le ministre de l’intérieur à Teyaret et à Sebkha, il y a quelques mois. Dans ces Moughataa, l’insécurité sévit. Des gangs font régner leur loi, malgré des patrouilles des forces de sécurité, notamment à Sebkha et à El Mina.
Tout cela n’est donc pas un secret pour le président des pauvres. Alors qu’est-il allé faire dans cette galère ?De l’avis de certains observateurs, le président serait à la recherche d’un second souffle ; il cherche à créer un nouvel espoir des populations, à travers des visites de proximité.
En effet, Ould Abdel Aziz, en prenant le pouvoir en 2008 avait suscité, on se rappelle, un immense espoir des populations démunies. Il s’est autoproclamé président des pauvres, a annoncé la lutte contre la gabegie et entamé d’importants chantiers dans le pays. Il avait promis de renforcement et l’ancrage de la démocratie. Les boutiques Emel ont émergé… On a senti une espèce d’enthousiasme des populations jusqu’ici restées en marge. Mais, à l'heure du bilan, peu de choses ont changé dans le quotidien des populations. Il y a eu certes quelques avancées, mais le chômage, la gabegie, les problèmes de l’unité nationale, la tension politique n’ont pas été éradiquées. Force est constater que ce n’est pas là, une tâche facile. D’ailleurs, l’opposition n’y comptait pas ; elle qui a crié, très tôt à la «démagogie », au « populisme » du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Alors réussira-t-il aujourd’hui à recréer ou à susciter un nouvel espoir des populations?
La question mérite d'être posée dans la mesure où les visites présidentielles ne servent pas à grand chose. Elles sont souvent connues des visités qui prennent toutes les dispositions pour ne pas se faire taper sur les doigts, et par conséquent, aucune sanction n'intervient au lendemain du passage du président qui, selon la presse a écouté attentivement les explications des responsables des structures visitées. On n'a jamais vu quelque chose changer dans nos établissements hospitaliers, depuis la dotation, il y a quelques années, de l'hôpital Cheikh Zayed en scanner. Sur l'état civil, rien. Le zèle de certains chefs de centre ne fait qu'augmenter de jour en jour. Pourquoi le président n'instruit pas directement l'ADG de l'ANRTS pour faire changer les choses? Ils ne peuvent ou ne veulent rien faire si les ordres ne leur viennent pas directement de leur chef.
Des nombreux domaines où l’anarchie règne en maître à Nouakchott, c’est sans conteste le foncier qui tient le haut du pavé. Tout le monde a encore en mémoire la célèbre « poche 10 », située à la jonction entre Tevragh Zeïna et Teyarett, que l’État rasa il y a quelques années.