Gorgol : Et le referendum…

3 August, 2017 - 00:50

La machine électorale de l’UPR est en marche au Gorgol. Partout des rencontres, des réunions initiées, par ceux qu’on appelle, pompeusement,  les cadres  qui travaillent, sans rien négliger, leurs relations, pour arriver à glaner le maximum de oui. Même si l’atmosphère politique, dans la moughataa, semble grise, au regard de l’indifférence, quasi amnésique, qui prend en étau le grand nombre, depuis l’ouverture des inscriptions sur les listes électorales. Difficile sera la tâche de tous ces chasseurs en croisade pour renverser la tendance.

Avec l’arrivée des ministres Ba Coumba, Hawa Tandia et autres cadres, comme Mohamed Youssouf Diagana ou Isshagha Hamet Diagana, chacun, dans son landernau, à tenter, tant bien que mal, de faire bouger les lignes, sous la direction d’Ould Kembou, le coordinateur régional  de la campagne. Stratégies de contact, sous couvert de galanterie politique gracieusement offerte, sourire par-là, serrement chaleureux de mains par ci, les grands  cavaliers  ne comptent pas rater le coche pour bien asseoir leur popularité, en fagotant le maximum de voix. De loin, les campagnes se succèdent et se ressemblent, mais celle du referendum en cours s’en distingue pourtant, en ce que peu importe la compréhension des votants des enjeux, modifications du texte fondamental, peu importe la ligne politique ou l’initiative du moment, mieux : l’essentiel est de n’y rien comprendre. Ce qui importe, c’est de se déplacer et voter oui, oui sans comprendre rien à rien, oui pour dire oui, pour donner corps et esprit aux vœux du chef de l’Etat. Dans cette bataille de leadership, Ba Coumba est accueillie comme une amazone, en triomphe, à coups de klaxons et de youyous. Elle a donc compris que faire de la politique, c’est échelonner ses actes dans l’anticipation, en favorisant l’écoute et l’action. En agissant, donc, avec finesse préventive et doigté, pour soulager les grands malades que sont les paysans. Pendant que ceux-ci  crient famine, incapables qu’ils ont été d’honorer les crédits contractés auprès de la CDD, Coumba s’est audacieusement avancée, pour prendre en charge le reliquat, sans bruit  et à son corps défendant. Le retour de l’investissement, au risque  d’une ingratitude de circonstance, est à portée de poigne. Avec le meeting nocturne qui a précédé celui du président de la République, l’avant-goût d’une timide mobilisation a été donné. Pour les observateurs avertis de la politique au Gorgol, une telle maigreur contrastait avec la batterie de cadres en ébranlement dans la wilaya. Même si la massivité de la victoire du oui demeure le seul enjeu qui anime les uns et les autres, on constate combien que les politiciens  locaux restent accrochés à leur minuscule terroir, atomisant ainsi les efforts pour une convergence citoyenne, en faveur de l’objectif commun qu’entend manifester le Président, au cours de son meeting.

 

Et le Président vint

Aéroport au bas de colline  de la wilaya. La foule s’y entasse, un monde venu d’ici et d’ailleurs, pour accueillir le chef de l’Etat. Atmosphère électrique, sur son trajet de l’aéroport à la wilaya,  liesse populaire visible, manifeste, quasiment palpable. Chanteurs et danseurs s’époumonent et transpirent, au rythme des tambours, rivalisant d’ardeur pour la meilleure représentation possible de leur localité. Après une courte pause, le moment tant attendu débute à la tribune. Dans son discours de bienvenue, le maire Sow Moussa Demba  souhaite la bienvenue au Président, avant de lui assurer « l’adhésion sans faille » des populations du Gorgol  aux changements constitutionnels soumis à leur appréciation. Plus confiant que jamais, il passe en revue les réalisations accomplies, tout en invitant les militants à se soustraire du discours léger et ambiant d’une « opposition stérile sans lendemain ». Après le premier édile de la ville, le président de la République entame, très décontracté, son discours, en saluant les gens dans les langues  locales, avant de se  féliciter de la mobilisation « grandiose » qui traduit, « sans nul doute », le ressenti de toute la wilaya. Et d’inviter les populations à fonder leur conviction  sur  son bilan, positif dans tous les domaines de la vie économique et sociale du pays. Avec l’apparente assurance de réussir le challenge qui se soldera, avec la vérité attendue des urnes, le 5 Août, le chef de l’Etat promet, aux Gorgolois en général, aux Kaédiens en particulier, de changer radicalement le visage de la capitale régionale,  pour lui permettre d’assouvir sa pleine ambition de pôle de développement, avec, pour point de départ, la célébration des festivités  du 28 Novembre prochain. Manière de rappeler que Kaédi a l’habitude d’abriter les grands événements qui touchent la vie de la Nation. Au cours du meeting, le Président donne le ton, invitant les acteurs politiques à s’occuper de l’essentiel, en faisant table rase des petites querelles crypto-personnelles qui relèvent plus du m’as-tu-vu politique que d’un réel engagement de réussite. En impresario chargé d’harmoniser les positions et d’homogénéiser le tout, histoire d’étouffer les dissonances susceptibles de gâter l’harmonie souhaitée, le  maître lance, dans une intervention courte et expressive, comme une invite à davantage de sacrifices, en cohérence avec les futurs changements constitutionnels. Même si toutes les armes sont lancées pour le triomphe du oui, l’incertitude, autour du taux de participation, laisse cependant planer comme une mystérieuse atmosphère de casse-tête…

B.DIAGANA

CP KAEDI