Je pense que le développement du pays nous interpelle tous, particulièrement ceux qui savent que la situation géopolitique et économique du monde est assez inquiétante ; une crise aussi grave qu’en 1929 pointe à l’horizon et le pays a plus que jamais besoin d’un leadership politique viable pour s’engager dans la voie du progrès économique et social.
Le dialogue politique, tant attendu par tous, doit permettre avant tout l’expression claire et détaillée de ce qu’est l’intérêt suprême de la Mauritanie avant d’engager la réflexion sur les voies et moyens nécessaires pour jeter les bases d’une bonne gouvernance qui nous assure la pérennité des institutions publiques de l’Etat.
Pour que celles-ci perdurent dans la quiétude d’un Etat de droit, le gouvernement qui a en charge la gestion quotidienne du pays doit être composé de responsables (ministres) choisis pour leur compétence incontestée et qui exécutent au travers des rouages institutionnels la politique de l’Etat (intérêt suprême) ; un ministre se doit d’être crédible en donnant des ordres (instructions, directives etc.) pas en discutant éternellement avec ses collaborateurs.
Le débat démocratique doit nous permettre d’éviter la discussion permanente entre le gouvernement, l’opposition démocratique et les parlementaires, entre le Ministre et ses fonctionnaires... et la démocratie ne peut en aucun cas fonctionner sans le concours des “institutions invisibles” que sont la confiance, la légitimité et l’autorité de l’Etat qui sont également la condition sine qua none de la pérennité du pays. Lorsque les institutions publiques fonctionnent normalement, au profit des citoyens, cela favorise la cohésion sociale et le consentement de tous en faveur du respect de la loi.
Tout gouvernement est évidement - la responsabilité des défauts de la maison incombent à celui qui y est resté- le mieux placé pour concevoir et appliquer les mesures appropriées pour la gestion des affaires publiques. Depuis quelques décennies la gestion des dépenses publiques laisse à désirer ; sans aucun impact sur les infrastructures de base (Education, Santé etc.), l’emploi et les salaires ou le niveau de vie des citoyens … les mesures propres à renverser cette tendance sont du ressort de l’équipe gouvernementale.
Notre politique de développement économique jusqu’ici se conçoit à court terme, et c’est la cause de son échec, alors qu’elle doit faire l’objet d’un consensus entre les responsables nationaux au travers un dialogue patriotique sincère et responsable. Une telle formule politique est de nature à servir les intérêts supérieurs de la Mauritanie et garantir par la même occasion les intérêts politiques, aussi bien de ceux qui sont au pouvoir actuellement, que ceux qui se préparent à prendre leur relève (shadow government).
« Avant de rêver, il faut savoir »
Je pense qu’il faudrait réfléchir calmement aux transformations qui s’opèrent actuellement dans notre société avec plus d’individualisme, plus d’opinions immédiates qui génèrent de plus en plus de critiques qui fragilisent l’autorité des gouvernants. L’Etat en tant qu’entreprise ne se développe durablement sans des institutions sociales solides et ancrées dans le tissu social; la confiance et la légitimité de son management (la bonne gouvernance) composent l’autorité reconnue des dirigeants.
J’estime pour ma part que le pays souffre curieusement du manque d’implication d’une majeure partie de son élite dans sa quête de progrès social et d’un développement humain durable, avec une aggravation des conditions économiques qui pourraient avoir des effets plus que néfastes, déstabilisateurs et exacerbant les tensions sociales.
Actuellement ce sont plutôt de petites gens qui sont au devant de la scène politique et au niveau médiatique, grâce à la libéralisation (HAPA), ce sont tous les idiots du coin en plus d’une multitude de mollahs qui nous ressassent quotidiennement des discours ennuyeux, extrémistes à tout point de vue et de piètre qualité sur les chaines nationales (TV/radio).
Le brouhaha médiatique actuel ne fait que renforcer les courants extrémistes, clochardisés et qui n’ont de programme politique que la misère intellectuelle dans laquelle ils pataugent et leurs adeptes qu’ils téléguident comme des zombies. Il faudrait noter que seule une autorité de régulation peut avoir une parade médiatique efficace à ce raz de marée vulgaire et de mauvais goût. Car tout extrémisme n’est pas condamnable en soi, mais son contenu peut être suffisamment néfaste et à l’encontre des intérêts du pays qu’il devient nuisible à tout un chacun et perturbe la cohésion sociale.
Le pays tout entier souhaite et attend avec impatience que ses dirigeants actuels prennent le leadership d’un véritable dialogue politique et qu’ils instaurent une confiance réelle entre les tenants du pouvoir et ceux de l’opposition démocratique ; deux camps suffisamment délimités pour avoir un échange fructueux et sur mesure. Comme l’a si bien dit récemment le président de la République, le dialogue se fera tout d’abord dans l’intérêt du pays, de la quiétude de ses populations et de son développement humain durable. Espérons-le.
Mohamed Ould Taleb