Oum Tounsi, ce nouvel aéroport qui a fait couler beaucoup d’encre et, certainement, beaucoup plus de sous –Pardon, de terrains – continue de faire parler de lui.
Après l’euphorie et la vanité des premiers jours, la réalité a commencé à apparaître au grand jour : les Arrivées et Départs sont ensemble, dans un même couloir et avec un portail d’accès unique, ce qui représente un défaut rédhibitoire ! Terrible, ce défaut n’a pas tardé à développer une surcharge des lieux dont le seul antidote a été le renvoi du public hors de l’aérogare.
Boutés dehors, dans leur grande majorité, interdits d’entrée dans cet espace où ils peuvent se faire le plaisir de voir ceux qu’ils accueillent et/ou ceux dont ils prennent congé, les usagers hors voyageurs ont vite retrouvé le parcage dans la devanture de l’aérogare. Exactement, comme du temps de l’ancien aéroport qui, lui, n’a pas coûté tout un territoire et qui est à un jet de pierre du centre-ville.
Là, à l’aéroport dit Oum Tounsi, on a retrouvé nos anciennes habitudes, toutes nos anciennes et piètres habitudes. Le désordre, tout naturellement, en premier lieu. Sur place, aux heures de pointe, ne soyez guère surpris de voir une multitude de visiteurs investir l’espace situé à la devanture de l’aérogare, tout autour de la mosquée. Là, il n’y a rien : pas de cafés, pas de resto, pas de bancs, pas de commerces où on peut acheter un verre d’eau, rien, rien que des voitures garées à la va-vite où les plus paresseux et ceux qui ne supportent pas de rester longtemps debout, peuvent s’asseoir en attendant de pouvoir partir.
A défaut de s’adjuger les services de quelqu’un de «compréhensif» qui va vous faire le privilège payant d’accéder à l’aérogare, il faudra bien accepter de souffrir le Parking, de supporter la poussière, les odeurs d’échappement et tous les désagréments que peuvent occasionner les intempéries en ces lieux.
L’autre jour, voulant expliquer ce renvoi des usagers hors de l’aérogare, un ministre, je ne sais plus lequel mais peu importe, a déclaré que c’est juste pour veiller à la sécurité de la plateforme aéroportuaire, des personnes et des biens. Celui qui interrogeait le ministre ne lui a pas dit que, partout, les Etats veillent à la sécurité mais ne boutent pas le public hors des aérogares.
Faisons alors comme les autres : veillons comme il se doit à la sécurité mais montrons-nous un peu plus soucieux du bien-être collectif et, surtout, plus strictes quand il s’agit du respect de la dignité des citoyens et de l’ensemble des usagers.
Un aéroport qu’on présente ostensiblement comme étant un ’’modèle’’ ne pourrait souffrir de cette anarchie qui s’installe à ses portes. Il y va de l’image du pays et de celle de cet aéroport, le seul au monde à avoir coûté une vaste portion du désert.
Pour être plus pratique, essayons de mieux faire. Essayons de séparer les blocs ’’Arrivée’’ et ’’Départ’’ pour qu’il n’y ait plus de sureffectif dépassant la capacité d’accueil de l’aérogare ou alors, et comme les terrains ne manqueront jamais en ce désert, essayons pour désengorger de construire une nouvelle aérogare autonome.
En dehors de cela, tout pourra bien marcher pour le nouvel aéroport qui pourra même mériter le terme joyau que nous lui avons collé au départ un peu hâtivement… A condition de veiller à l’étanchéité des locaux, au nettoyage strict des tapis qui doivent être systématiquement débarrassés de tous les insectes et reptiles et, aussi, à condition de rechercher de nouvelles dessertes pour conforter la rentabilité de l’investissement.
Il est bon, c’est vrai, de bâtir un nouvel aéroport mais il faut bien qu’il soit différent de celui qu’on avait. Salut !
Ely Abdellah