Biram Dah Abeïd a présidé, samedi 7 juin, deux imposants meetings. L’un à Bouhdida, l’autre à Aleg. Lors de ses différentes interventions, le candidat Biram s’est interrogé sur cette clause, non écrite, de notre Constitution mais fermement appliquée et observée, par les différents segments du pouvoir en Mauritanie : pourquoi une seule communauté monopolise-t-elle le droit d’occuper le palais présidentiel ? « Notre devoir, notre engagement, notre but est d’abolir la cause de cet état, constitutionnel et mental, des choses. Racisme, égoïsme, ethnicisme alimentent cette hégémonie et ce déni de droit menace, de plus en plus gravement, la paix civile, la stabilité et l’existence du pays. Elle est forcenée, stupide et agressive, l’action que mènent les hommes d’affaires ou, plutôt, les hommes de gabegie, de la traite des êtres humains et de la sous-traitance des travailleurs mauritaniens ». Le candidat haratine poursuit : « Ces groupes issus des milieux véreux tentent d’asphyxier ma candidature qui est la candidature de la rupture, la candidature de l’alternance idéologique, religieuse, politique et économique. Une action qui vise à impliquer, dangereusement, le désespoir et la frustration, au sein de larges franges opprimées. Une action qui en dit long, sur l’ignorance et l’enivrement de ces groupes dominants, rassasiés et développés par l’opulence issue de l’esclavage, de la sous-traitance, de l’exploitation des humains et des biens de l’Etat. Mais une action condamnée à un échec patent que nous réussirons à lui infliger, comme nous avons réduit, au silence, tant le peloton esclavagiste et raciste que la horde des media esclavagistes et racistes, tous obligés à plus de tolérance et de respect envers notre engagement ».
Biram a appelé les Haratines, les Noirs, toutes ethnies confondues, et les justes parmi les Maures, à souscrire à une évolution, historique, en Mauritanie : l’entrée d’un haratine au Palais présidentiel, comme chef de l’Etat, après plusieurs décennies passées à graviter, dans les couloirs de la Présidence, comme manœuvre, boy, cuisinier ou jardinier.
Le candidat a promis « la victoire éclatante que nous allons emporter, haut la main, contre la horde des aboyeurs inquisiteurs et obscurantistes des gouvernants, des démagogues des partis politiques ou des érudits qui ont enclenché, contre nous, une campagne de diffamation et de dénigrement. Le Conseil constitutionnel mauritanien, la plus haute autorité juridique, leur a infligé un camouflet, cinglant, en statuant sur la validité de ma candidature, en tant que mauritanien musulman, apte mentalement, moralement et intellectuellement, à diriger la République Islamique de Mauritanie. L’agriculture et le problème foncier prévalant dans les régions du sud de la Vallée qui a été extorquée, de manière discriminatoire, aux paysans noirs, au profit des arabo-berbères et des hommes d’affaires de l’agrobusiness, comme en témoignent les déportations et les assassinats collectifs aux relents de génocide qui ont jalonné la fin de l’année 89 et le début de 90 ». Biram a effectué plusieurs arrêts à Cheggar, Rweïgatt, Thiambène, Satara, Jidr El-Mohguen, Lekeïla. Occasion choisie pour dévoiler son programme électoral et appeler les électeurs à voter en sa faveur.
Lancement de la campagne à Nouakchott
Un programme déjà esquissé, la veille, vendredi 6 juin à Nouakchott, où le candidat Biram Dah Abeïd avait lancé sa campagne, sous les vivats de sympathisants chauffés à blanc, sur la place entre l’ancienne maison des jeunes et le stade Cheikha. Prenant la parole en premier, le directeur de campagne nationale, Diop Amadou Tidjane, saluait, tout d’abord, la forte affluence des sympathisants du candidat, avant de brosser un tableau particulièrement sombre du pays, de l’indépendance à nos jours. Pour mettre fin aux germes de la division, préjudiciables à l’unité nationale, Diop a convié les Mauritaniens à soutenir Biram Dah Abeïd, afin de rectifier le tir, lever tous les malentendus et enclencher une véritable réconciliation nationale. « Le programme de salut public du candidat Biram va restaurer l’Etat de droit, par le biais d’une justice sociale effective et la restauration de tous ses fondements, rassemblant ainsi les Mauritaniens autour de l’essentiel ».
Plusieurs orateurs (Lo Ousmane, Balla Touré et Abdou M’Bodj) se relayeront sur la scène, avant que Biram Dah Abeïd ne prenne la parole. Dans son propos liminaire, le candidat a indiqué que cette campagne est celle de la rupture, en prélude à une victoire historique. Revendiquant sa stature de candidat de rupture, Biram a dénoncé le système d’agencement, de domination raciale et d’esclavagisme, s’élevant contre le candidat de la prédation économique. « C’est la bataille de la victoire historique que nous menons contre le système, instauré par les dignitaires militaires et les faux érudits, qui joue sa dernière scène. Cette opportunité constitue une étape historique de la lutte politique en Mauritanie ».[…] ce que je soumets au suffrage du peuple mauritanien, à votre suffrage, c’est un programme exhaustif, garantissant la construction de l'Etat de droit, la renaissance économique, la promotion des libertés et le secours aux victimes de l'oppression et de l'injustice ».
Puis il a fustigé le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, soulignant que celui-ci incarne l'exclusion et la confiscation des droits civiques, avant de dénoncer les pratiques racistes exercées contre des franges de la société mauritanienne.
Vendredi soir, Biram a présidé un grand meeting à Rosso, première étape de sa tournée. Sur le chemin, il a procédé à plusieurs arrêts notamment à M’Ballal. Occasion choisie pour expliquer son programme électoral et exhorté ses militants à voter massivement en sa faveur.
Au troisième jour de campagne, c’est au pas de charge et de géant, que Biram Dah Abeïd est allé présider des meetings à Cheggar, Maghta Lahjar,Tadrassa, Ghewatt, Guérrou et Kiffa. Devant des militants enthousiastes, Biram a développé les grands axes de son programme et souligné combien celui-ci est innovant, inspiré de l'islam et centré sur le développement économique, culturel et social. Se déclarant, une nouvelle fois, « candidat de la rupture »,Biram a indiqué que deux idéologies s’affrontent, dans cette campagne électorale. La première, qu’il dit incarner, est le respect des droits de l’homme, des libertés et de l’islam. La seconde est, selon lui, celle de « l’Etat et ses complices qui encouragent l’esclavagisme et le racisme ». Il a appelé les électeurs à voter, massivement, en faveur du candidat issu des milieux pauvres des faubourgs de Nouakchott, afin d’impulser un réel changement. « Le seul motif de ma candidature », a-t-il proclamé partout, « est la préservation des intérêts de la Mauritanie et la défense des couches laissées pour compte ». Il s'est engagé à rendre disponibles, en cas de victoire, les services publics, inexistants, dans ces localités, en raison, dit-il, « de la mauvaise gestion et de l'iniquité des régimes qui n’ont cessé de se succéder ».
Compte rendu THIAM Mamadou
Envoyé Spécial
A côtés
Gorilles récusés
Le directoire de campagne de Biram Dah Abeïd a récusé les cinq policiers-gorilles que les autorités voulaient mettre à sa disposition, afin d’assurer sa sécurité. Faute de moyens conséquents pour les prendre en charge, les partisans de Biram ont décliné l’invite. En lieu et place, ce sont les jeunes du Comité de la Paix qui assurent la sécurité du leader de l’IRA, s’investissant corps et âme pour leur leader candidat.
Censure à la pelle
Le directoire national de campagne du candidat Biram Dah Abeïd se plaint de la censure dont il est victime de la part des media publics. Des plaintes ont été adressées à la HAPA. Le directoire y voit la main des « groupes dominants du système raciste qui se dressent contre les ethnies qui ne sont pas arabo-berbères ». Le directoire dénonce une campagne de dénigrement enclenchée par les maisons de Radio Mille-collines, Radio et TV de la haine qui ne cessent de diffuser des appels au meurtre, propos racistes et informations à caractère raciste et discriminatoire, comme Chinguetti TV qui n’est, en vérité, « qu’une boîte de production de discours et d’information visant à formater les esprits pour un génocide contre les Haratines, via des assassinats collectifs », estime Biram Dah Abeïd.
Chinguetti-TV indexée
Biram Dah Abeïd n’y est pas allé de main morte qualifiant Chinguetti-TV de « boîte de production de la haine contre les groupes dominés. Cette chaîne est possédée et financée par des membres du groupe d’hommes d’affaires ou hommes de la gabegie qui ont décidé de s’engager, ouvertement, en faveur du candidat Ould Abdel Aziz, au détriment des humbles et des prolétaires. Cette campagne de dénigrement n’est autre qu’une guerre, ouverte, entre le bien et le mal représenté par Chinguetti-TV, « s’illustrant en tête de pont de l’offensive, orchestrée par les hommes d’affaires ou, plutôt, hommes de la gabegie arabo-berbère, après leur conclave, au Palais des congrès, où ils ont réuni des dizaines de milliards, au profit de la candidature ethnique de Mohamed Ould Abdel Aziz, contre la candidature des Mauritaniens et des franges opprimées de BDA.»
Le candidat indépendant appellera les populations à se dresser « avec force détermination et esprit de sacrifice contre cette énième tentative, fomentée par les groupes dominants, visant à tuer l’espoir qui est né et grandit au sein des groupes dominés, au sein des justes. Espoir qu’une alternance pacifique, politique, démocratique, sociale et ethnique ait lieu en Mauritanie ».
Privé d’électricité
Le directoire de campagne du candidat Biram Dah Abeïd a fustigé l’attitude partisane et le comportement déloyal du préfet et du maire d’Aleg. Ces derniers ont privé d’électricité, durant toute la journée, le directoire de campagne qui avait choisi la tribune centrale en face de la gouvernance. En dépit des vives réclamations des membres du directoire, les autorités départementales sont restées inflexibles. La situation ne s’est débloquée qu’à l’arrivée du candidat Biram Dah Abeid. Le directoire a dénoncé cette attitude déloyale, en rappelant que le candidat Ould Abdel Aziz avait bénéficié, la veille, d’un branchement électrique direct.
Revanche
Après avoir remporté une première victoire, sur le régime du président sortant, en l’obligeant à accepter sa candidature à la présidentielle, Biram Dah Abeïd a pris sa revanche sur les media publics. Caricaturé, lors de l’autodafé d’avril 2012, le candidat indépendant, qui bénéficie, à l’instar de tous les candidats, de la couverture des media publics (Radio, TVM et AMI), a sonné la charge contre des media partisans qui n’avaient pas manqué d’appeler à sa mort. Baba Ould Cheikhna, directeur de la radio régionale de Kiffa et envoyé spécial de celle-ci, en a particulièrement pris pour son grade. Ayant relayé les appels au meurtre et autre charge contre le dirigeant de l’IRA, Baba Ould Cheikhna a essuyé les foudres du candidat qui n’a cessé, de le railler, de Dar El Barka à Aleg.
Pléiade d’artistes
Une brochette d’artistes ont égayé le lancement de la campagne du candidat Biram. Outre les rappeurs Black Hartani, Chico Bass, Ewlade Leblade et Coumba Seck, on a remarqué la présence de la cantatrice halpoulaar, Thiédel M’Baye.
Adema soutient Biram
A Rosso, le responsable local du parti Alliance pour la DEmocratie en MAuritanie (ADEMA) a annoncé le soutien de son parti au candidat Biram Dah Abeïd, annonçant un investissement humain dans sa campagne électorale.
Jidr el Mohguen, village de mon enfance
L’étape de Jidr el Mohguen aura été riche en émotions pour le candidat Biram Dah Abeïd. Après avoir présidé un grand rassemblement populaire, le candidat indépendant s’est rendu au domicile familial.
Escorte policière
A Guérou comme à Kiffa, le cortège du candidat Biram Dah Abeïd a bénéficié d’une escorte policière mise à sa disposition par les autorités régionales qui n’ont pas fait dans la dentelle. Des policiers en faction placés sur tous les trajets empruntés par le candidat, dès son arrivée à Guérou et à Kiffa, jusqu’aux lieux de meeting. Et une sentinelle placée à l’entrée de la résidence du candidat, sise au quartier de la Ghadima.
Avec cette élection jouée d’avance, les autorités régionales de l’Assaba, gouverneur en tête, semblent avoir tout loisir de comprendre, enfin, la haute portée de leur mission, en se tenant à égale distance des candidats et leur permettant de disposer des avantages inhérents à leur candidature, protection rapprochée notamment.
Forte mobilisation des Peulhs
A Kiffa, la communauté peule s’est fortement mobilisée, lors du meeting du candidat indépendant Biram Dah Abeïd. Accourus de nombreuses localités, ils ont tenu à donner un cachet populaire à l’événement. C’était une manière de marquer leur adhésion au programme du candidat mais, aussi, d’apporter un soutien sans faille à un des leurs. Saydou Yero Sow est, en effet, le directeur régional de la campagne du candidat Biram dans l’Assaba. Marginalisés, à tout bout de champ, dans les centres de décision, exclus de tous les programmes de développement et ne bénéficiant d’aucune représentativité, les Peulhs de l’Assaba souhaitent se faire entendre. Ils estiment avoir trouvé une oreille attentive chez le candidat Biram.
Mention spéciale au Wali de l’Assaba
Contrairement à ses collègues des autres régions déjà visitées par Biram, le Wali de l’Assaba s’est montré d’une rectitude exemplaire. Il a mis à la disposition de la délégation une ‘’flèche’’ pour lui permettre d’entrer sans difficultés en ville. Il a ensuite détaché des éléments de la Garde pour veiller sur la sécurité. Et durant tout le séjour, aucune fausse note n’a été signalée.
C’est ce genre de Walis dont l’administration territoriale a besoin.