Accusés d’avoir assassiné un commerçant maure, Sid’Ahmed ould Moulaye El Bechir, une dizaine de peulhs, dont trois femmes originaires de Keka, une localité du département de R’kiz, viennent de recouvrir la liberté, après une dizaine de jours de détention dans des conditions atroces. Torturés, humiliés, ils ont vécu l’enfer, dans les commissariats de police où des agents se sont relayés pour leur faire avouer un crime qu’ils n’ont pas commis. « A chaque fois qu’un meurtre ou un vol est commis, on nous indexe en premier lieu », se lamentent-ils. « Nous sommes arrêtés et torturés, sans la moindre preuve. Alors que la zone frontalière est infestée de bandits de grand chemin. Nous en avons marre de subir ces atrocités ».
Dès les premières heures, les enquêteurs s’en sont pris, sans le moindre indice, à des peulhs. Et, en dépit de l’arrestation du présumé meurtrier, les « potentiels » suspects resteront détenus dans les cachots et soumis aux pires traitements dégradants. Appréhendé avec le portable de la victime, Idriss Guèye (wolof originaire de Gani), avait, pourtant, avoué le meurtre, commis, avait-il d’abord prétendu, « en compagnie de deux autres personnes », avant de se rétracter et reconnaître qu’il en était l’unique auteur.
Rappelons que Sid’Ahmed ould Moulaye El Bechir avait été retrouvé, la tête fracassée, il y a quelques jours sur la route Rosso-Boghé, alors qu’il revenait vers son commerce à Gani, une localité de l’arrondissement de Tékane. Devant les enquêteurs, Idriss Guèye reconnaît avoir tué le commerçant le soir, après l’avoir vu retirer, de sa boutique, un montant de quatre millions de FCFA. Il aurait accompli son forfait au moment où le commerçant revenait au village, après une brève visite auprès de son bétail. Une fois son meurtre perpétré, Guèye fouille sa victime, ne trouve pas même l’ombre d’un franc CFA, s’empare alors des clés de la boutique de sa victime et cache le corps dans un buisson. Vers 3 heures, l’assassin sort de sa maison et se dirige vers la boutique où il croit le magot caché. Mais il aperçoit, à quelques pas, des policiers en position devant le magasin de commerce. Idriss jette les clés dans un marigot près de sa maison. Interrogé par le chef de poste, il répond qu’il se rend aux toilettes, rapportent des sources. Au final, un meurtre aussi stupide que vain, puisque Sid’Ahmed ould Ould Moulaye Béchir avait pris le soin de transférer le montant en un lieu autrement plus sûr...