Les forces de Libération Africaine de Mauritanie (FLAM), mouvement d’opposition issu de la mouvance nationaliste noire, ayant vécu en exil pendant une trentaine d’années et dont la direction est désormais redéployée au pays, était en congrès ce week-end (vendredi et samedi).
Plusieurs délégués venus de l’intérieur et de l’extérieur, participent à ces assises, organisées sous le thème «de la mutation ».
Il s’agit d’une réflexion sur la question existentielle de la transformation en un parti politique, plaçant le mouvement à la croisée des chemins.
Engagée à l’occasion du congrès de 2011, cette option devrait trouver une réponse définitive à l’issue des travaux de la fin août 2014.
Autorisée par l’administration dans un premier temps, cette manifestation a été interdite par la suite.
Mais les FLAM ont décidé de braver la mesure. Une détermination illustrée par cette déclaration du président Samba Thiam: « ce congrès aura lieu. Nous n’avons pas peur de retourner en prison. Dans une société hypocrite et sans principes, la place d’un homme honnête est la prison ».
La dernière partie des propos est empruntée à Fidel Castro, une figure historique du mouvement communiste international.
Dans son allocution d’ouverture du congrès, le leader du mouvement a rappelé son parcours agité: « Nous sommes dans un jour historique et mémorable : les FLAM, pendant longtemps diabolisées, bannies, persécutées, tiennent un congrès public à Nouakchott, au cœur de la République.
Celle là qui nous avait refusé le droit à l’existence. Celle qui ne voulait pas se regarder en face à travers le reflet la triste réalité que lui renvoyait notre manifeste ».
Ce document, sous le titre de «Manifeste du Négro Mauritanien Opprimé » publié en avril 1986 pendant le règne de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, déclenche une répression à caractère communautaire avec l’arrestation de plusieurs cadres du mouvement, torturés et condamnés à de lourdes peines de réclusion.
Certains d’entre eux ont perdu la vie dans le bagne mouroir de Walata (localité située à plus de 1300 kilomètres à l’Est de Nouakchott), suite à d’horribles conditions de détention.
Parmi les rescapés de « l’odyssée » mortelle, l’actuel président des FLAM, Samba Thiam, qui partira alors pour un exil de 27 ans aux USA.
Amadou Seck
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».