Le président de la République a tranché. Le rejet du sénat n’y fera rien, il va organiser le référendum qu’il avait voulu éviter, par la voie d’un congrès parlementaire. Le président ira donc jusqu’au bout de son agenda : faire modifier la Constitution afin d’y apporter les changements préconisés par l’accord du 20 octobre 17 et poursuivre la mise en œuvre de cet accord.. On s’y attendait depuis que le président a adressé une correspondance à la commission électorale indépendante (CENI) pour demander de lui proposer une date pour cette opération
Pour ce faire, le président s’est attaché les services de certains « éminents constitutionnalistes » qui lui ont conseillé de recourir à l’article 38 de la Constitution mauritanienne qui dispose que Le Président de la République peut, sur toute question d'importance nationale, saisir le peuple par voie de référendum.
Le président fonde également sa décision d’appeler à l’arbitrage du peuple mauritanien par le fait que "33 élus et dont le mandat a expiré ne peuvent pas prendre en otage tout en pays, et donc bloquer son fonctionnement. C’est une situation de blocage que nous devons gérer et surtout régler rapidement", laissant planer comme une espèce de menace contre ceux qui sont allés à l’encontre de leur majorité, affirme le Rais. Les sénateurs récalcitrants savent à quoi ils peuvent s’attendre.
En effet, pour le président de la République, les articles 99, 100 et 101 ne lient pas l’article 38 qui serait totalement indépendant des 3.
Autre argument du président : il est garant des institutions et il dispose d’une majorité confortable au sein du Parlement et du peuple. Il n’en a cure donc des gesticulations de l’opposition et de la communauté internationale.
Le président dit ne craindre aucune opposition du Conseil Constitutionnel qui ne sera même pas saisi. C’est une question de droit et non de Constitution.
Il faut noter aussi que le président a écarté toute idée de démission en cas de rejet par le peuple mauritanien de son référendum. Il a ensuite fait savoir qu’il exclut son exil à l’étranger, qu’il restera en Mauritanie et continuera à faire de la politique, qu’il se battra pour toiletter la constitution qui comporte quelques imperfections.
Interrogé sur un autre dialogue pour sortir du blocage, le président de la République a rejeté tout nouveau dialogue, c’est une perte de temps, il n’entend pas céder à l’opposition qui veut l’entraîner au "théâtre".
La question qu’on se pose aujourd’hui est de savoir d’où le gouvernement va tirer la cagnotte de 6 milliards pour financer son référendum. En effet, face à l’opposition dite radicale, les réserves des partis ayant pris part au dernier dialogue, qui réclamaient tous le référendum, le gouvernement qui avait jeté son dévolu sur le congrès avait opposé le coût de l’opération estimée à 6 milliards d’Ouguiyas..
Il faut regretter, tout de même, une fois encore le format du débat, et surtout l’absence de questions de fonds, notamment la cherté de la vie, la cohabitation, la montée du communautarise, l’enrôlement, l’insécurité, l’injustice, la répartition des ressources du pays, la prolifération de la drogue…
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !