Comme prévu, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a organisé sa conférence de presse. Pendant deux heures et demi, Ould Abdel Aziz a essayé pêle-mêle de répondre à des journalistes dont la plupart n’étaient pas véritablement très inspirés. La preuve. Les problématiques de fond comme la cohabitation des communautés nationales, la crise politique profonde dont le rejet des amendements constitutionnels n’est qu’un aspect, les conditions de vie des citoyens, les tensions sociales, les relations exécrables avec certains pays voisins comme le Maroc ou le Sénégal, la mauvaise gestion des ressources sociales et leur partage, les problèmes de l’enrôlement et de l’état civil, l’implication et l’enrichissement illicite de cercles considérés très proches du président, la question récurrente de l’esclavage , le racisme d’état dont on accuse le système, la passation et l’adjudication de certains marchés juteux et la nature des adjudicataires, la mission régalienne de l’armée dans un Etat de droit entre autres questions sur lesquelles les journalistes ne devraient pas avoir raté l’occasion d’interpeller le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Surtout que cette opportunité risque de ne pas se présenter encore rapidement. Au cours de cette conférence de presse, il n’y a pas eu de surprise. Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas été autre chose que Mohamed Ould Abdel Aziz. Très superficiel dans ses analyses. Intraitable sur tous les points de vue contraires à sa vision des choses. Ne sont de vrais constitutionnalistes que ceux qui lui ont interprété les textes constitutionnels en sa faveur, les autres éminents juristes ne sont que de petits bandits. Les sénateurs frondeurs et les gens de l’opposition ont leur logique et leur morale qui sont complètement différentes de la nôtre, déclare Ould Abdel Aziz. Toutes choses qui ne veulent absolument rien dire. Et chaque fois que le président devrait encore parler de ces ‘’indélicats’’ sénateurs qui ont l’outrecuidance de s’opposer à sa volonté, il ne manquait pas de les traiter irrespectueusement pour leur exprimer au passage toute sa déception voire même toute son irrévérence. Comble du ridicule, ces sénateurs seraient redevenus subitement des personnes lâches, infréquentables et illégitimes. Ensuite tous les problèmes nationaux, ce sont les autres qui en sont responsables. Les fameuses accumulations. Neuf ans de pouvoir n’ont visiblement pas suffi à nous en décharger. L’opposition reste à la même enseigne dans la tête de Mohamed Ould Abdel Aziz. Un groupe d’aigris qui ne veulent pas voir le ciel, alors inutile de le leur montrer. L’opposition ‘’responsable’’ est là. Les autres peuvent continuer à écumer les rues en attendant de savoir à quoi cela leur servirait. Puis un petit rappel de l’histoire des coups d’Etat organisés en Mauritanie : de 1978 à 2008. Une occasion pour lui de dire maladroitement les rapports en cela entre les putschistes et les ailes civiles qui les ont toujours soutenus. Cascade de contradictions et de contrevérités. Puisque depuis son avènement à la suite de son coup d’Etat en 2008, toutes les grandes orientations géostratégiques du pays sont manipulées par les mains invisibles d’idéologistes tapis dans l’ombre (conseillers informels) et par celles des puissants groupes militaro-affairistes (conseillers incontournables). Les relations avec le Maroc dépendent de ce que ce pays voudrait qu’elles soient. Modeste réponse. Selon Aziz, aucune institution internationale ne peut parler de ce qui concerne la Mauritanie. Les choses ne seraient plus comme avant. Vivement la souveraineté et l’indépendance. Un adage populaire de chez nous nous rappelle cependant que : ‘’ton argument est joli tant qu’il ne souffre pas de celui de l’autre’’. Puis Ould Abdel Aziz va à l’essentiel en confirmant qu’il fera usage d’une certaine interprétation de l’article 38 de la Constitution qui lui donnerait l’entier droit d’organiser un référendum populaire pour faire passer les amendements constitutionnels qu’une bande de sénateurs téméraires ont fait bloquer. Au cas où le peuple le désavouera, Ould Abdel Aziz déclare clairement qu’il ne démissionnera pas puisque, selon lui, il n’est pas fait pour ‘’démissionner’’ ni pour ‘’échouer’’. Les Mauritaniens vivent maintenant beaucoup mieux, déclare Aziz puisqu’il ya plus de voitures, plus de routes, plus d’écoles et de points de santé. Une classe moyenne est entrain de se constituer. Les gens de Néma et de Timbédra boiront avant la fin de l’année. Seulement, c’est depuis 2009 qu’ils entendent le même discours. Ould Abdel Aziz rappelle encore à qui veut l’entendre que tous ces problèmes étaient là. Paix à l’âme du général Lapalisse. L’argent du référendum est déjà budgétisé : Six milliards d’ouguiyas. Une manière de dire que l’argent ne manque pas au pays. Nonobstant les histoires de l’opposition qui raconte tout et n’importe quoi. La lutte contre la gabegie continue. C’est ça qui a permis de renflouer les caisses publiques. La banque centrale, c’est quelque chose de spécial. Ses comptes sont normaux. Sa restructuration marche bien. La douane et les impôts n’ont rien à gérer, ce sont des mécanismes de collecte d’argent. La primature. Les fonds spéciaux de la présidence et ses caisses noires qui sont passés d’un milliard et demi sous les autres à trois à quatre cents millions ‘’sous moi ‘’. Qui dit mieux. Laissez l’armée tranquille, elle est déjà dans les casernes. Hummmmmm. Petit rappel pour rafraîchir la mémoire de certains : Lemghaiti, Tourine, Al Ghalawiya, Wagadou, opération Serval au Mali et intervention en Côte d’Ivoire et en Centrafrique. Avant cela, pas de problème entre moi et la majorité ni entre la majorité et elle-même ni entre moi et le Sénat ni les sénateurs. Bon, ça fait deux heures qu’on parle. Pour ne rien dire, aurait-il pu ajouter. On va arrêter. Merci. Bye. éteins la Télévision. Bonne nuit.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !