Contreperformance, humiliation et dépit ont émaillé le séjour des sportifs mauritaniens à la quinzième édition du Championnat d’Afrique de karaté. Attendus de pied ferme à Dakar (Sénégal), les budokas mauritaniens n’ont été que l’ombre d’eux-mêmes. Nos représentants (sept en kumité et quatre en kata) ont dû déchanter, éliminés, dès le premier tour, par plus forts qu’eux. Quoi de plus normal, au regard de l’ambiance délétère qui aura régné au sein de la délégation ? Lors de la séance de pesée, les athlètes durent faire le pied de grue, de 9 heures du matin à 18 heures, avant de passer à la balance. « Faute de respect, pat la Fédération mauritanienne, de ses engagements financiers, il a fallu beaucoup de tractations et de conciliables, avant de faire admettre nos budokas », a déclaré Senseï Moussa Bilal Biram, arbitre de karaté. Finalement, un terrain d’entente fut trouvé, avec l’Union des Fédération Africaine de Karaté (UFAK). La fédération s’acquittera de deux ans, sur les quatre en souffrance, soit 2 600 € d’arriérés de cotisations.
Les arbitres ont été les premières victimes de ces tracasseries. Faute de moyens, les deux officiels mauritaniens ont été expulsés de leur logement, après le délai de gratuité que la Fédération sénégalaise de Karaté leur avait accordé. Ne disposant pas de ressources suffisantes, ils ont dû passer la nuit à la belle étoile, sans possibilité de se restaurer. « Nous ne disposions que de peu d’argent. Tout juste nos pass. Car nous n’avions reçu aucun per diem, pas plus à Nouakchott, qu’à Dakar. Les budokas eux-mêmes ont dû acheter leurs blousons avec leur propre per diem, pour ne pas être ridicules », révèle Senseï Moussa Bilal Biram.
Le calvaire des deux officiels se poursuivra lors du stage des arbitres. Il a fallu une intervention du trésorier algérien de l’UFAK, pour leur permettre de suivre la session. Mal leur prendra, lorsque celui-ci aura des difficultés à se faire rembourser. Les officiels mauritaniens n’ont pu recevoir leur attestation et ont été recalés. Ils faisaient pourtant partie des vingt-cinq admis, sur la soixantaine de stagiaires. Pire : faute de paiement dans les temps, c’est toute la délégation qui a failli être expulsée de son logement. « Nous avons vécu les pires difficultés à Dakar. Tant de légèretés nous ont couvert de honte », se lamente Moussa Biram.
Dès lors, il ne fallait pas s’attendre à grand-chose. La Mauritanie ne ramène aucune médaille. Les quinzièmes championnats d’Afrique de karaté ont ainsi connu leur épilogue samedi, avec une razzia de l’Egypte, qui a décroché quinze médailles, dont douze en or. Le Sénégal occupe la seconde place, avec onze médailles (1 or, 4 argent, 6 bronze). Championne en Kumité par équipes (féminin et masculin), l’Egypte domine le Karaté africain et elle l’a bien démontrée sur les tatamis de Marius Ndiaye, en dominant toutes les autres nations. Sa performance confirme son statut de meilleure équipe africaine et son troisième rang mondial.
Tableau des médailles
1er Egypte (12 or, 2 argent, 1 bronze), 2ème Sénégal (1 or, 4 argent, 6 bronze), 3ème Afrique du Sud (1 or, 2 argent, 5 bronze), 4ème Cameroun (1 or, 2 argent, 5 bronze), 5ème Congo (1 or, 1 argent, 1 bronze), 6ème Libye (2argent), 7ème Mozambique (1 argent, 1 bronze), 8ème Bénin ( 1 argent, 1 bronze), 9ème Congo (1 argent), 10ème Burkina Faso (3 bronze), 11ème Côte d’Ivoire (2 bronze), 12ème Kenya (2 bronze), 13ème Mali (2 bronze), 14ème Rwanda (1 bronze), 15ème Tchad (1 bronze), 16ème Guinée (1 bronze)
THIAM