Malgré le fait que le Président Mohamed Ould Abdel Aziz s’est engagé dans son discours à Néma qu’aucune modification de la constitution ne se fera sans passer par un référendum populaire, malgré le fait que cette option a été réaffirmée dans les conclusions du dernier dialogue partiel, voilà que le pouvoir s’oriente vers la soumission des amendements qu’il propose à un congrès parlementaire, et ce après avoir été convaincu que le peuple mauritanien s’y oppose et les rejette de manière catégorique.
Les amendements proposés n’apportent aucune solution à la crise politique que vit le pays depuis plusieurs années ; bien au contraire, ils ne font qu’en aggraver les causes et les manifestations. Ils ne revêtent aucun caractère d’urgence qui justifie le fait qu’on cherche à les faire passer quel qu’en soit le moyen, surtout qu’ils touchent à des symboles auxquels l’écrasante majorité de ce peuple est profondément attachée.
La Constitution est un contrat majeur qu’il n’est pas permis de tripatouiller selon les humeurs, et que l’on peut modifier que dans le cadre d’une situation politique normalisée et dans une atmosphère empreinte d’un consensus minimal, pour apporter des réformes fondamentales ou résoudre des problèmes qui entravent la bonne marche des institutions ou le progrès de la nation.
Ce dont le pays a besoin aujourd’hui ce n’est certainement pas de réformes constitutionnelles qui enveniment davantage la scène politique et divisent davantage le peuple.
Ce dont le pays a besoin aujourd’hui, c’est de s’atteler, de manière consensuelle, à créer les conditions nécessaires au règlement de la crise actuelle par l’instauration d’un climat politique et de mécanismes institutionnels à même de garantir une alternance démocratique et pacifique du pouvoir à l’horizon de la fin du dernier mandat du président actuel. Car c’est là la seule voie possible pour éviter à notre pays les turbulences dramatiques qu’ont connu certains pays qui n’ont pas su préparer une telle échéance avec sagesse et réalisme et dont les gouvernants se sont entêtés à s’ériger en tuteurs de l’avenir de leurs peuples.
Le Forum National pour la Démocratie et l’Unité, tout en réaffirmant son rejet ferme de ces amendements constitutionnels :
- Réaffirme le caractère illégal de la procédure consistant à faire adopter ces amendements par un parlement dont l’une des chambres a dépassé les délais légaux du renouvellement de ses trois tiers, et dont l’autre ne bénéficie pas du consensus requis pour une telle opération.
- Demande aux parlementaires d’en référer à leurs consciences, en cas de tenue de ce congrès, afin de ne pas porter la responsabilité d’amendements rejetés par leur peuple et qui mutilent leur drapeau national et aggravent la crise politique dans leur pays.
- Lance un appel à toutes les forces patriotiques pour s’unir et se dresser fermement pour rejeter ces amendements et faire échouer cette nouvelle manœuvre visant à détourner le pays de ses vrais problèmes.
Nouakchott, le 24 Janvier 2017
La Commission Exécutive