L’Alliance populaire progressiste (APP) a exprimé, dans un communiqué publié il y a quelques jours, son opposition catégorique à un recours du congrès du parlement pour faire adopter les amendements constitutionnels, décidés lors du dialogue politique tenu, du 29 septembre au 20 octobre 2016, entre une partie de l’opposition et le pouvoir en place.
Le parti de Messaoud Ould Boulkheir, qui avait suspendu provisoirement sa partition aux ateliers et comité de suivi du dialogue afin de tirer au clair la question du 3e mandat qui polluait les débat au palais des congrès, rappelle avec force que de fortes divergences étaient apparues, d’abord sur l’opportunité de tels amendements, ensuite sur les conditions de leur approbation. Et sur ce dernier point, les participants avaient recommandé au gouvernement de soumettre ces amendements au peuple mauritanien pour approbation, signale le communiqué d’APP.
Or, à en croire le porte-parole du gouvernement, celui-ci va convoquer sous peu, le congrès du Parlement pour justement passer lesdits amendements. Pour le parti d’Ould Boulkheir, c’est là une décision allant à l’encontre de la résolution des dialoguistes, un passage en force qui porte atteinte à la crédibilité même de ces amendements
Face au projet du gouvernement, l’APP marque son opposition et exige par conséquent du pouvoir de respecter les engagements pris par le président de la République lors de ses discours inaugural et de clôture des travaux du dialogue. Lors de ces deux occasions solennelles, le Rais avait rassuré les participants que leurs décisions seront scrupuleusement respectées et mises en œuvre par le gouvernement. APP prend donc le président au mot et prend à témoin le peuple mauritanien sur ce qu’elle considère comme une espèce de dérive.
L’APP invite l’ensemble des participants (opposition et majorité confondues) pour barrer le chemin au projet du gouvernement qui risque fort d’entamer la mise en œuvre des résolutions du dialogue national inclusif passé.
La question que les observateurs se posent est de savoir quelle sera l’attitude des députés de l’Alliance Populaire progressiste pendant le scrutin.
Signalons que cette sortie d’APP intervient après la décision de FNDU et du RFD, opposition qualifiée de radicale en rupture de ban avec le président Messaoud ould Boulkheir ont décidé de boycotter activement le projet gouvernemental.
Les amendements constitutionnels décidés par les dialoguistes portent sur la suppression de la Chambre haute du Parlement (Sénat) que viendront remplacer les conseils régionaux, la modification des couleurs du drapeau national et les paroles de l’hymne national du pays. Des questions qui ne préoccupent point les populations mauritaniennes frappées de plein fouet par l’augmentation sans arrêt des prix des produits vitaux, tempêtent le forum et le RFD. Un avis partagé également par l’APP.
Même si le communiqué ne le mentionne pas, le parti d’Ould Boulkheir avait soutenu la tenue d’un dialogue politique inclusif, non pas pour défendre la modification de l’article 26 de la Constitution fixant l’âge des candidats à la présidentielle (40 – 75 ans), comme l’a insinué le pouvoir, mais pour sortir le pays de la tension politique qui le mine depuis des années et affecte les relations entre le pouvoir et son opposition dite radicale. Pour cette raison, le président d’APP a soutenu le projet d’Ould Abdel Aziz auprès du directoire du FNDU et du RFD, mais en vain. La participation des ces derniers auprès d’APP aurait permis de peser plus sur les choix et décisions des dialoguistes, regrettent certains responsables d’APP.