Nos sages s’inspireront-ils de leurs homologues du Burkina Faso qui viennent de restituer des tablettes offertes par le ministère de l’Economie numérique ? Le gouvernement mauritanien vient, en effet, d’offrir des terrains, aux sénateurs dont la chambre doit disparaître au profit des conseils régionaux. La décision du président de la République, intervenue alors qu’il effectuait une tournée à Néma, avait suscité une grogne certaine, au sein de la chambre haute du Parlement. On a même parlé de fronde, ce qui pouvait constituer un obstacle au referendum décidé par le dialogue politique, entre le 29 Septembre et le 20 Octobre derniers, pour faire passer les amendements constitutionnels. Réunions et autres rencontres, entre le Raïs et les frondeurs, aboutirent à un communiqué de ces derniers indiquant qu’ils soutenaient, désormais, la décision du président de la République de supprimer le Sénat. Mais le débat n’était pas clos, semble-t-il. En effet, depuis la fin du dialogue, il y a plus de deux mois, le gouvernement hésite entre une consultation populaire et un congrès du Parlement pour passer ces amendements qui font grincer les dents, non seulement du côté de l’opposition (FNDU et RFD) mais, aussi, au sein des dialoguistes. A en croire certaines confidences proches du pouvoir, le gouvernement choisirait la tenue d’un congrès du parlement qui a la même valeur juridique qu’un referendum. Est-ce parce qu’il doute de la sincérité des sénateurs à adopter lesdits textes que le gouvernement a décidé de leur octroyer, aujourd’hui, des terrains ? Une coïncidence aisément interprétée, en tout cas, en tentative de corruption pour les amadouer. On se rappelle, au passage, du geste dudit gouvernement à l’endroit de certains de nos imams… qui n’auront pas eu, eux, les scrupules des députés du Faso rendant les cent trente tablettes, don de la société HUAWEI que le ministre de l’Economie numérique leur avait octroyées. Il faut dire que cette largesse gouvernementale a suscité une désapprobation générale au pays des hommes intègres. La Société civile et la presse se sont saisies de l’affaire, l’étalant au grand jour. L’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat a ouvert un dossier et demandé des explications au gouvernement. Résultat des courses : les députés, convoqués, en session extraordinaire, par leur président, décident de restituer les gadgets au ministère de l’économie numérique.
Mais, en Mauritanie, hormis la presse qui a publié l’information, aucune voix ne s’est élevée pour protester contre la donation foncière. Il s’agit pourtant du patrimoine du peuple. Comparaison est, donc, d’autant moins raison qu’on en parle peu ou prou. Nos honorables sénateurs mauritaniens sauront-ils, sans qu’on les y pousse, s’inspirer de leurs homologues burkinabè et restituer les terrains au gouvernement, pour sortir la tête haute du sénat, une fois celui-ci supprimé ? On notera, ici, que le Burkina n’en est pas à sa première. En effet, dans ce pays, le gouvernement du président élu Marc Christan-Kaboré a fait voter une loi qui annule des titres fonciers octroyés, de manière complaisante, à certains pontes des gouvernements du président déchu Blaise Compaoré. Bels exemples à suivre !