Le Premier ministre, Yahya ould Hademine, a sacrifié à la tradition, en prononçant, devant le Parlement, sa déclaration de politique générale. Ce fut un très long discours au cours duquel le PM a passé en revue les activités gouvernementales et annoncé les perspectives qui s’offrent à la Mauritanie pour l’année 2017. Constante aussi remarquable qu’étonnante : en dépit des difficultés qui ont occasionné, il y a bientôt deux ans, l’augmentation, non seulement, de la TVA, sur certains produits de grande consommation mais, aussi et surtout des produits de première nécessité, le Premier ministre n’a, à aucun moment, reconnu les difficultés rencontrées par le gouvernement, ni évoqué les limites de son action. Comme on dit, tout baigne dans l’huile. La plupart des activités prévues dans le plan quinquennal ont été réalisées. Les Mauritaniens doivent donc cesser de se plaindre, ils ont la chance de disposer d’une direction éclairée, d’un gouvernement qui ne ménage rien pour les rendre heureux. Ils n’ont ni soif, ni froid, ni chaud, les caisses de leur Etat sont pleines, leurs hôpitaux et écoles fonctionnent à merveille. A écouter le premier des ministres, on croirait que son équipe a de beaux jours devant elle : on ne change pas une équipe qui gagne.
Au plan politique, le chef du gouvernement s’est félicité de l’organisation du dialogue national inclusif et de l’adoption de plusieurs textes, dans le domaine la lutte contre les séquelles de l’esclavage, contre la pauvreté et pour l’amélioration des conditions de vie des populations. Le Premier ministre n’a cependant rien dit sur le calendrier de la mise en œuvre des résolutions du dialogue, notamment l’adoption des amendements constitutionnels. Sur ce point, on note comme une espèce d’hésitation. Va-t-il recourir à une consultation populaire ou à un congrès du Parlement ?
Au plan économique, le PM évoque des chiffres qui font rêver. On se croirait ailleurs, sur une autre planète, même. Les secteurs vitaux, comme l’éducation, la santé, l’agriculture, la pêche, les mines et les hydrocarbures, l’énergie, la lutte contre la pauvreté, bénéficient d’une attention particulière. Quelques petits exemples illustrés par des chiffres : après une baisse du prix des produits des industries extractives, le taux de croissance du produit local global net passe de 2% en 2015, à 3.1% en 2016. Le taux d’inflation n’a guère dépassé 1.3%, au lieu des 3.6% prévus pour 2016, tandis que le taux d’augmentation des prix des produits de la consommation n’atteint pas 4%.
Autre information, notre pays a signé plus de 18 conventions de financement avec nos partenaires au développement, pour une valeur globale dépassant les 140 milliards d’ouguiyas. Cette enveloppe ira dans les secteurs vitaux, affirme Ould Hademine. Il s’agit de l’élevage, la pêche, l’agriculture, la sécurité alimentaire, l’énergie, la protection sociale, la gouvernance et l’environnement.
Le Premier ministre renseigne, également, sur la découverte de 446 entreprises fictives et 314 travailleurs étrangers dépourvus de licences de travail. Il indique que ces postes seront réaffectés aux Mauritaniens ; il ne dit aucun mot sur les auteurs ou complices ayant permis de fonder ces entreprises. Dans le domaine des mines, Ould Hademine indique la délivrance de trois nouvelles licences d’exploitation – deux pour le quartz, une pour les terres noires – seize nouvelles licences de prospection et renouvellement de vingt-deux autres. Le nombre total des licences de prospection s’élève à cent.
L’organisation de la 4e édition des Mauritanides
On apprend également que quatre-vingt-dix projets inscrits à l’agenda du Programme National Intégré d’Appui à la Décentralisation, au Développement Local et à l’Emploi des Jeunes ont été réceptionnés. D’un coût de plus de dix milliards d’ouguiyas, ce programme couvre tous les domaines d’infrastructures de service qui intéressent les communes. Le Premier ministre informe que le réseau routier national est passé à plus de 5015 kilomètres, dont 450 de routes bitumées en 2016 (avec livraison effective de 170 kilomètres et des travaux qui se poursuivent pour le reste). Le budget 2017 devrait s’élever à près de vingt-huit milliards cinq cent millions d’ouguiyas.
Les exportations de la pêche ont atteint 530,5 millions de dollars contre 385,9 millions, pendant la même période de 2015, soit une augmentation de 37%, alors que les quantités exportées s’élèvent à 637 000 tonnes, avec un accroissement de 35%, par rapport à la même période de 2015. Le secteur de la pêche contribue pour 588,82 millions dollars américains à la balance de paiement. Dans le domaine agricole, le gouvernement attend une importante augmentation, grâce aux crédits substantiels prévus dans le budget 2017, soit une enveloppe de quatorze milliards huit cent millions d’ouguiyas. Fondation de 299 microprojets de sécurité alimentaire, au profit des déshérités, dans les wilayas de l’intérieur ; et 3500 petites entreprises, en divers domaines de production et de services, ont été fondées et/ou soutenues.
Le secteur de l’éducation s’est vu allouer, dans le budget d’investissement 2017, une enveloppe de deux milliards huit cent cinquante millions d’ouguiyas, consacrés à l’amélioration de l’accès et de la qualité de l’éducation et au programme de rénovation du système éducatif. Le PM a annoncé, pour finir, la mise en place, sous l’instigation du président de la République, d’une caisse d’assistance forfaitaire aux orphelins mineurs des membres des forces armées et de sécurité tombés au champ d’honneur, ainsi que d’une caisse contribuant à l’assurance-maladie des matelots et dockers.