La Mauritanie s’effondre. Comme le monde de Chinua Achebe. Pas que je sois un oiseau de mauvaise augure. Pas du tout. Mais regardez autour de vous. Juste devant vous. Même pas la peine de chercher. Pas que la politique ne marche pas comme le prétend, à cor et cri, le Forum National de l’Unité et de la Démocratie. Ou que l’économie marche bien, comme semble fort bien le dire le tout nouveau directeur national de la campagne du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz à qui les applaudisseurs de l’UPR lui ont appris la nage et qui a failli les noyer. Ou que, socialement, le pays est en petits lambeaux des Ehel ceci et Ehel cela. Des Ehel Charg. Des Ehel El Guebla. Des supporters des Mourabitounes aux supporters d’Aziz. Tout marche via les initiatives de tout ce que vous pouvez imaginer. C’est une affaire de style. Une belle expression d’un brillant directeur au ministère de la communication. Aziz-fashion. Nouvelle version de gouvernance. Avant lui, ce n’était rien. Tout a commencé en 2009. Le style Aziz, quoi ! Même en 2008, au moment du coup d’Etat, ce n’était pas encore le vrai Aziz. C’était Aziz le tout frais émoulu putschiste. Le style, c’est après. C’est une marque. La tradition populaire enseigne que le grand est l’éléphant et celui-ci ne prie pas ou que si le père de la maisonnée joue du tam-tam, il ne faut alors pas condamner les enfants qui dansent. Attendez, n’allez pas vite en besogne, vous allez comprendre là où je veux en venir. La vitesse est de Satan et la patience est d’Allah. Et celui dont la concession est de verre ne doit pas lancer celle des autres avec des pierres. On n’est pas président pour rien. J’en viens. Patience. Et ce n’est pas parce que ça ne marche pas ici, dans ce bas-monde qu’on doit dire que la fin du monde est arrivée. Les clameurs s’élèvent, souvent, quand Birame, dans ses œuvres, fait ses invectives anti pouvoir, anti beïdanes, anti-islam. Quand sa langue fourche, à travers des paroles souvent peu agencées. Aussi, quand quelqu’un de l’opposition se permet, sous l’effet d’un accès de colère, un quelconque écart de langage – genre : le président est malade ou il repart en France pour ses RV médicaux ou c’était un militaire ou celui qui ne détient pas une chose ne peut pas la donner ou Tekeïber est devenue Marième ou M’Rabih est le parent d’Aziz ou le député de Mbeïket Lahwach est le neveu du président de l’UPR ou qu’une banque a fait un prêt de quatre milliards à un proche du Président ou quelque chose de ce genre – c’est une véritable levée de boucliers, du côté des thuriféraires du pouvoir : c’est la vie privée des gens, c’est pas responsable , c’est pas de la politique, c’est pas sérieux, et une litanie de propos d’indignation feinte et strictement déplacée. Pourtant, il arrive, au Président, de dire des bêtises – excusez-moi, gens du pouvoir, je n’ai pas d’autres mots. Quelqu’un disait – Pascal, on dirait – que science sans conscience, n’est que ruine de l’âme. Moi, j’ai envie de le paraphraser et dire que politique sans morale n’est que ruine de l’âme. Je ne reviens même pas sur les insanités que les généraux et leurs acolytes ont fait circuler, après l’assassinat de la démocratie en août 2008. Un président qui traite une opposition de vieillards incapables de marcher, puisque, lui, a fait son service militaire après son service domestique ou, pardonnez-moi encore, civil ou civique, je ne sais plus quoi dire. Traïner des pieds est tout comme traîner des complexes grégaires. Quand un vieux se fâchait, c’était une insulte-standard que tous ceux qui ont connu les Alcati ou les tirailleurs sénégalais proféraient : « Bani salo, couchon… » Exactement comme a dit le Président, en ouvrant sa campagne à Kaédi : l’opposition qui boycotte l’élection est une poignée de criminels ! Pourtant, il pouvait bien ne pas dire d’aussi désobligeants propos. Pour l’histoire, pour la morale, pour la raison. Aziz, Birame, Boïdiel, Ibrahima, Lalla Ou Aziz, Boïdiel, Birame, Ibrahima, Lalla. Belle comptine pour servir à un excellent jeu d’enfants. Comédie ou jeu ? C’est kif kif !
Est-il écrit quelque part qu’en ce qui concerne la qualité du réseau Internet, nous resterons indéfiniment en queue de peloton ?