Ceux qui passent à côté de l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANAPEJ), située près de l’UTM, remarquent des attroupements de jeunes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les uns à l’entrée, autour d’un tableau couvert d’affiches ;d’autres dans la cour, par petits groupes. Dans les couloirs on en rencontre encore et encore, jusqu’à la salle d’attente du DG, porte- documents en main, affairés, impatients.
On y trouve de tout : des diplômés-chômeurs, des non-diplômés mais tout aussi chômeurs, des handicapés physiques, en somme des personnes cible de l’agence. Ils attendent, en l’espoir de trouver un emploi, de voir le directeur qui ne cesse de recevoir, de s’enquérir, d’abord, si les uns et les autres se sont inscrits auprès du service concerné ; de les réorienter ensuite, de promettre et promettre, en demandant la patience, quand la disponibilité fait défaut. « Il faut faire œuvre de pédagogie », nous lance, dans un grand sourire,le Dr Beïte Allah Ould Ahmed Leswed, directeur en titre de l’Agence, avant de nous inviter à entrer dans le vif du sujet, malgré un agenda fort chargé et une salle d’attente bondée de jeunes à la recherche de d’emploi.
Une circulaire du PM pour booster l’emploi
Assisté du chef département de l’auto-emploi, le DG explique que l’ANAPEJ est une institution publique, fondée en 2005, jouissant d’une autonomie financière. Un gros challenge, dans un pays marqué par la rareté de l’emploi et la faiblesse de formation qualifiante. Un pays où plus les deux-tiers de la population ont moins de quarante ans, avec un marché de l’emploi très exigu et l’Etat le principal employeur. Le marché reçoit entre 12000 et 16000 demandes d’emplois par an. Le secteur privé est très limité, assez peu régulé, au niveau du recrutement, fortement marqué par le laxisme et l’opacité. C’est justement pour mettre de l’ordre dans ce secteur, sensé régi par le Code du travail et les conventions collectives, et donner, par ricochet, les moyens, à l’ANAPEJ, d’accomplir sa mission, que le Premier ministre a édicté, le 4 Juillet 2016, une circulaire à l’intention des ministres et des commissaires du CSA, des droits de l’homme et à l’action humanitaire.
Il y recommande une coordination, étroite, entre les départements susdits et les services de l’ANAPEJ. Concrètement, tout recrutement dans les secteurs régis par le Code du travail et les conventions collectives, doit passer par l’ANAPEJ qui dispose d’une expertise en la matière. Cette coordination doit permettre de vérifier, pour chaque demande de recrutement, la disponibilité ou non du profil demandé sur le marché national de l’emploi. La priorité revenant, bien entendu et en premier lieu, aux nationaux. Désormais, aucune autorisation d’utilisation de la main d’œuvre étrangère ne pourra plus être délivrée, que sur la base d’un document dûment établi par les services compétents de l’Agence, attestant la non-disponibilité de nationaux pour le profil requis.
Le Premier ministre justifie cette décision par le souci du gouvernement de faire profiter les jeunes mauritaniens de la croissance enregistrée, par le pays, depuis quelques années. Il n’a pas manqué de rappeler, au passage, l’importance accordée à l’emploi, particulièrement celui des jeunes, pour lutter contre la pauvreté et, partant, améliorer les conditions de vie des citoyens. Un texte particulièrement apprécié par l’ANAPEJ qui se battait, jusque là, presque seule dans son petit coin. « Nous accueillons avec grande satisfaction cette circulaire du Premier ministre. Elle permet, à l’agence, de jouer pleinement son rôle de catalyseur des opportunités d’emplois offertes par le marché et nous osons espérer que l’ensemble des partenaires vont veiller à son application avec rigueur », se réjouit le DG.
Programmes innovants
Pour accomplir sa mission, l’ANAPEJ a monté plusieurs programmes. En un, les Maisons de Services (MS). Une MS est une moyenne et petite entreprise (MPE), composée de dix membres, sélectionnés sur la base de combinaisons entre sept diplômés sortant de l’enseignement professionnel et trois de l’enseignement général, associés autour d’un projet viable, dans un secteur d’activités donné, choisi en fonction des besoins spécifiques des postulants et des localités qu’ils desservent. En deux, le programme « Professionnels pour Chaque Cité » (PCC).Il s’adresse aux sortants des enseignements professionnels, regroupés en micro-entreprises, selon leur domaine de compétences et les besoins des localités-cibles concernées. Ils ouvrent des opportunités d’insertion et répondent aux besoins des localités en terme de maintenance, d’entretien et de réparations…Le troisième programme innovant, dénommé Khoutwa (un pas), vise au développement des compétences, par l’immersion en entreprise et l’accompagnement, au profit des demandeurs d’emploi, pour multiplier leurs chances d’accès à l’emploi.
1215 tricycles distribués
Les tricycles ont investi le transport urbain depuis plus d’une année ; on les rencontre partout, même dans les coins les plus reculés du pays, avec leurs trois roues et leur couleur bleue à ‘enseigne de l’ANAPEJ. Un programme monté en collaboration avec l’agence Tadaamoun. Il vise à moderniser le transport urbain, notamment des marchandises, jusqu’ici assurés essentiellement par des charrettes, et à améliorer le cadre de vie des populations… Tadaamoun a mis, à la disposition de l’ANAPEJ, ces véhicules offerts par le gouvernement chinois. Le lot a permis de distribuer, aux jeunes demandeurs d’emploi, 1215 de ces engins, à Nouakchott, Nouadhibou et Kiffa. On les retrouve, aujourd’hui, dans d’autres régions. 150 pour le commerce ambulant, 180 isothermes, 715 plateaux et 166 bennes. Ils sont octroyés sous crédits bonifiés, de trois cent mille à six cent mille ouguiyas, selon la complexité des équipements, sur deux ans, avec un délai de grâce de deux mois. Les bénéficiaires sont sélectionnés par une commission technique de l’Agence, avec les représentants du public-cible. Ils bénéficient d’une formation pour la conduite, assurée par la Direction Générale des Transports Terrestres (DGTT). Le programme est également soutenu par la PROCAPEC qui assure le suivi et le recouvrement des créances, Tadaamoun et l’Institut National de Formation Technique et Professionnelle (INFTP).
DL