Le nouveau rapport de Conflict Armament Research dévoile les sources d’approvisionnement des groupes armés et des combattants Islamistes à travers l’Afrique du Nord et de l’Ouest
Faits marquants
· Utilisation de fusils chinois appartenant à un seul lot de fabrication (de 2011) dans les attaques perpétrées par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) au Burkina, en Côte d’Ivoire et au Mali, de même que par les combattants de l’Organisation de l’Etat Islamique, en Syrie.
· Livraisons récentes de munitions de fabrication soudanaise en Libye, en violation de l’embargo sur les armes des Nations unies
· Les groupes armés actifs au Mali et en République Centrafricaine utilisent également des armes détournées depuis les arsenaux de Côte d’Ivoire
Les groupes armés et les combattants islamistes actifs à travers l’Afrique du Nord et de l’Ouest s’approvisionnent en armes à partir d’un éventail de sources plus vaste que celui connu jusqu’ici, ainsi que révélé dans le nouveau rapport publié aujourd’hui (le 16 novembre) par une organisation de recherche basée au Royaume-Uni, Conflict Armament Research. Ce rapport est le résultat d’une enquête de terrain de 10 mois sur les armes illicites et les routes de trafic qui traversent huit pays, dont la Libye, la Côte d’Ivoire et la Syrie.
Conclusions principales
· Contrairement à la présomption largement répandue qui identifie la Libye comme la source prédominante d’approvisionnements en armes pour les groupes insurgés et Islamistes actif dans le Sahel, les flux d’armes sortant de Libye ont diminué depuis 2014, en concomitance avec l’augmentation de la demande interne libyenne.
· Des groupes armés aussi différents que la Séléka centrafricaine et Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) utilisent essentiellement des armes récupérées lors de combats, volées ou transférées depuis les arsenaux d’autres Etats africains, en particulier le Mali et la Côte d’Ivoire.
· Deux tiers des munitions utilisées entre 2014 et 2016 pour lancer des attaques à la roquette contre les troupes de maintien de la paix au Mali proviennent de réserves pillées dans les stocks de l’Etat malien.
· 1 fusil d’assaut de type Kalachnikov sur 5 répertoriés dans les mains des groupes armés en République Centrafricaine se trouvait initialement dans les arsenaux de l’Etat de Côte d’ivoire, à quelque 2,500 kilomètres de distance. Des fusils en provenance des mêmes lots ont également été utilisés au Mali par le groupe islamiste MUJAO.
Nouvelles indications
· Les combattants ayant fait allégeance à Al-Qaida et à l’Organisation de l’Etat Islamique partagent des sources d’approvisionnement spécifiques et communes. En particulier, une cellule de combattants islamistes du groupe Al-Morabitoune, une branche de Al-Qaida responsable depuis la mi-2015 d’une série d’attaques semblables à celles perpétrées à Paris et ayant pris pour cible des hôtels, des restaurants et des civils à travers l’Afrique de l’Ouest, a utilisé lors des attentats des fusils provenant d’un seul et même lot de production chinoise de 2011. Ces fusils, jamais inventoriés dans la région avant ces attaques, proviennent également du même lot que certains fusils saisis à des combattants de l’Organisation de l’Etat Islamique à Kobane, en Syrie, au début de l’année 2015.
· Du matériel de guerre, et notamment des munitions fabriquées au Soudan, en Russie et en Chine après l’établissement de l’embargo sur les armes du Conseil de sécurité, continue d’être livré en Libye, en violation flagrante de l’interdiction de l’ONU.
“Ce rapport illustre clairement que les régions touchées par les conflits armés en Afrique et au Moyen-Orient ne peuvent plus être considérées comme des entités discrètes et sans relation aucune. Au contraire, elles sont interconnectées par un ensemble complexe de routes de transfert d’armes à longue portée. A ce sujet, le Sahel reste à la fois une source majeure et la destination de transferts de gros volumes de toute sorte d’armement militaire.”