La BRB sans Didi
Le fameux brigadier-chef de la police nationale, Didi ould Moubarak, a été démis de ses fonctions de chef de la Brigade des Recherches du Banditisme (BRB), par sanction de la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN). Après un arrêt de rigueur de plus de deux semaines que Didi a passé à la compagnie numéro 1, il a été mis à la disposition de cette compagnie, en« complément d’effectif ». Son antagoniste, Mohamed ould Amar, a été, lui, mis à la disposition de la deuxième compagnie, après un même arrêt de rigueur. Selon Didi, Mohamed n’aurait jamais cessé de le provoquer ; en vain. Jalousie ? La confiance totale de la hiérarchie envers Didi y serait pour quelque chose. L’affaire prend même de vilaines tournures : en 2006, Ould Amar accuse son collègue d’entretenir des relations douteuses avec son ex- femme. Une allégation réfutée par les enquêteurs mais l’homme n’en a pas moins continué à chercher les problèmes au flic modèle que représente Didi, l’accusant de tout et de rien. Il y a trois semaines, le voilà à organiser une expédition contre son collègue qu’il croyait seul, persuadé que ses hommes l’avaient déjà quitté, comme prévu, dans la traque de la bande « Isback ». Ould Amar et deux récidivistes à sa solde agresse le policier, avec l’intention de le menotter et de l’embarquer, en lui collant une quelconque accusation. Mais Didi n’est pas né de la dernière pluie et… ses hommes n’étaient pas loin. Ould Amar n’oubliera pas de sitôt la leçon infligée cette nuit-là. L’intervention d’Ould Negib, chef de l’anti-drogue et patron d’Ould Amar, pour prêter main forte à son acolyte, valut, à celui-ci, une gifle, en plus de son poste.
La nouvelle du départ de Didi réjouit les malfaiteurs et inquiète les citoyens. C’est un de des rares limiers de notre police doué contre le crime et la délinquance. Il en connaît très bien les milieux et la nature. Son départ sera un grand handicap pour la BRB dont il a hérité, en 2002, de feu 700.
Fouille générale à la prison de Dar Naïm
La fameuse prison de Dar Naïm est un milieu mouvementé en proie à nombre de problèmes, malgré son jeune âge. Plusieurs évasions, individuelles et collectives, s’y sont déroulées. En Février dernier, une cinquantaine de détenus prirent le large alors que les gardes suivaient un feuilleton télévisé. Mutineries, bagarres, épidémies et graves maladies s’y succèdent, ravageant les prisonniers. Il y a quelques mois, tous les condamnés à mort et autres lourdes peines ont été transférés au nouveau bagne de Bir Mogreïn. Récemment, de grands bandits l’ont été vers celui d’Aleg.
Les autorités carcérales mènent, à brûle-pourpoint, de fréquentes fouilles, en quête de drogues et armes blanches. Chaque semaine, le groupement de la Garde chargé de la sécurité des lieux s’y emploie, n’épargnant aucune cour ni cellule. Les responsables des cours que les prisonniers appellent « généraux » facilitent l’opération, pour continuer à bénéficier des faveurs des autorités carcérales. Celle de ces derniers jours a permis de saisir plusieurs sachets de drogue, ainsi que divers objets tranchants.
Il s’appelait « Elloulou »
Un certain jour d’Octobre 1991, vers 10 heures, une 404 camionnette aux couleurs de la police, avec quatre agents à bord, s’arrête non loin d’une baraque de la kebba située à flanc de dune, à l’ouest du Ksar. Les policiers en descendent et se dirigent vers la porte de la masure où dort un jeune homme musclé et élancé. « Que voulez-vous ? », demande la mère du suspect. « Nous venons arrêter ton fils », répondent-ils, « il est accusé de plusieurs délits et il fait l’objet de diverses plaintes ». La dame réveille le jeune homme qui sursaute. « Allez-vous en », menace-t-il, « vous ne pouvez pas m’arrêter ». Ils lui sautent aussitôt dessus pour le maîtriser et une violente bagarre s’engage. Bing ! Bang ! Déjà deux policiers blessés : les autres battent en retraite. Une heure plus tard, ce sont deux voitures bourrées de pandores armés jusqu’aux dents qui cernent la baraque. Après une nouvelle et violente bagarre où le brigadier Aziz se voit molesté, Mohamed Jules N’diaye, dit « Elloulou », finit par être maitrisé, battu, menotté et embarqué au commissariat du Ksar. Le brigadier Aziz le met en cellule avant de le mettre en « Jaguar », une torture inventée par la police mauritanienne digne de la gestapo. Le prisonnier est pendu par les pieds liés et sa tête se balance dans le vide. Deux heures plus tard, on le remet en cellule, à plat ventre, avec, sur son dos, un sac de sable de cent kilos. Il passera toute la nuit à hurler de douleur, avant de mourir au matin. On l’enterre et établit un certificat de décès, avec la mention « mort naturelle ». Sa vaillante mère tapa, longtemps en vain, à toutes les portes, et finit par obtenir gain de cause : le fameux Aziz connaîtra à son tour la prison. L’histoire ne dit pas combien de temps et dans quelles conditions.
Mosy