Quinzième anniversaire de la disparition de Habib ould Mahfoudh : Hommage lui a été rendu

1 November, 2016 - 14:13

Intellectuel, journaliste, fondateur de l’hebdomadaire Le Calame, Habib ould Mahfoudh disparut prématurément, voici quinze ans, très exactement le 31 Octobre 2001, à Paris. Il était à peine âgé de 41 ans, laissant inconsolable toute une génération d’admirateurs et d’amis.

Pour honorer l’auteur de « savoureuses chroniques d’anticipation », une cérémonie en sa mémoire a été organisée, dans les locaux du Calame, le lundi 31 Octobre, par la rédaction du journal et la fondation Habib ould Mahfoudh.  Un aréopage d’amis, d’anciens collaborateurs, de représentants des ministères des Relations avec le Parlement et la Société civile, de la Culture et de l’Artisanat s’est plu à rappeler les principales prises de position du disparu, notamment en faveur des victimes de l'injustice, sa sacralisation de la liberté d'expression, son immense talent littéraire, ainsi que le combat livré pour toujours plus de conscience et de liberté d'expression, au tout début de la démocratisation en Mauritanie.

Unanime avis des intervenants, la disparition de Habib fut une grande perte pour la presse mauritanienne, les intellectuels et l'élite qui ont perdu, avec lui, un homme de principe et un écrivain-journaliste distingué.  Habib fut un pionnier de la presse mauritanienne, consentant beaucoup d'efforts pour que la profession recouvre ses lettres de noblesse, ont souligné les uns. Un exemple de sacrifice et de créativité, ont renchéri les autres. Tous admiratifs, au final, de ce qu’avec ses Mauritanides, « chroniques du temps qui ne passe pas », écrivait-il, il avait su développer un regard panoramique, non seulement, sur son époque mais, aussi, sur le passé et l’avenir.

En somme, tout le monde s’est plu à reconnaître la valeur du travail réalisé par Habib et leur devoir de poursuivre son œuvre. Mais ce qui a été concrétisé, de cette tâche, reste bien en-deçà de la moyenne requise. Les amis du regretté défunt avaient beaucoup promis, les moyens ont trop souvent fait défaut. Ils le reconnaissent et savent, aussi, que ce qui a été fait, se fait et se fera ne pourra jamais traduire la réalité de leurs sentiments envers Habib.

 

Une « véritable anthologie »

Néanmoins, la Fondation s’attèle à préparer l’édition du tome II des Mauritanides, en engageant des démarches administratives pour l’imprimer. Le ministère de la Culture avait donné son accord de principe, resté sans suite, pour une impression locale. Un partenariat a été scellé, avec l’espace culturel Ciré Camara, pour la tenue d’ateliers de lecture et une mise en scène de l’œuvre. Lors de la Semaine de la francophonie, en Mars dernier, on en eut une première. La Fondation a également pris part à la journée organisée, par la Commission nationale pour l’éducation, la science et la culture, en y animant une conférence intitulée « Habib ould Mahfoudh : un passeur culturel de la francophonie ». En Avril et Mai dernier, s’est tenue la première édition de la dictée Habib, suivie d’une remise des prix aux lauréats. Quant aux perspectives, elles tournent autour de la publication du tome II, comme on l’a dit tantôt, de la préparation du tome III, du lancement de la procédure pour l’édition 2017 de la dictée Habib et d’une exposition de photos.

Ceux qui ont aimé Habib l'aiment toujours mais la mémoire s’étiole, alors que les préoccupations quotidiennes et le train de la vie absorbent. Raisons supplémentaires de pérenniser l’hommage au personnage, à ce « florilège de poésie et de prose », « véritable anthologie » qui afficha, haut et fort, constamment ses idées et ses convictions, sans se soucier des risques qu'il prenait et des conséquences qui pouvaient en résulter. On connaît la suite, son journal battant tous les records de censure. Habib maintint cette ligne de conduite jusqu'à la fin de ses jours. Une ligne de conduite partagée avec son équipe et que celle-ci s’applique à poursuivre, avec toute la rigueur nécessaire : informer juste, dans le respect des règles de la déontologie, en résistant à la tentation du parti pris, de toute inféodation à l'ethnie, la tribu, la région ou autre parti, en faisant ainsi preuve du plus grand courage, celui de dire non, aux tentations de toutes sortes, quand le oui serait tellement plus facile. Voilà comment ont-ils choisi d'immortaliser l'œuvre de ce grand personnage et homme de lettres, « le plus maure des intellectuels de la Francophonie », dixit Abdoulaye Ciré Ba, « le plus universel des troubadours maures ». Vaste chantier !

Et quand bien même cette continuité serait-elle assurée, le défunt mérite encore plus. Et certains de suggérer que le 31 Octobre soit promu Journée nationale de la presse mauritanienne. C’est notre devoir de journalistes et d’intellectuels, relèvent-ils, de perpétuer au mieux cette commémoration, témoignant ainsi de notre profond respect et notre gratitude. Ô toi, Habib, qui nous a montré le chemin du sens, repose en paix !

 

Compte rendu Thiam Mamadou