Le Roi du Maroc, Mohamed VI, a entamé mercredi au Rwanda une tournée en Afrique de l'Est où il va tenter de promouvoir la candidature de son pays visant à réintégrer l'Union africaine (UA), quittée il y a plus de trente ans.
Mohamed VI a rencontré le président rwandais Paul Kagame, avec lequel il a signé 19 accords bilatéraux, notamment dans le secteur économique.
Cette tournée "se fait dans une zone qui était jusqu'à présent inaccessible pour le Maroc. On n'a jamais eu de présence, ni diplomatique, ni économique, ni culturelle, ni historique (...) en Afrique de l'Est", a expliqué à l'AFP un responsable marocain accompagnant le roi, sous couvert de l'anonymat. «Le Maroc veut revenir mais il veut aussi préparer les conditions confortables, cohérentes, logiques et politiquement pertinentes pour son retour», selon Mustapha Tossa, journaliste et politologue.
Après le Rwanda, le roi marocain devrait se rendre en Tanzanie et en Ethiopie, même si son programme exact n'a pas été communiqué. "Au-delà de l'Afrique de l'Ouest et centrale, il faut s'ouvrir sur l'Afrique de l'Est et australe, c'est ce qui est en train d'être fait", a ajouté ce responsable. "Le contexte du retour du Maroc à l'Union africaine est là bien sûr, et ces pays-là sont importants au sein de l'UA."
Le Maroc a officiellement demandé en septembre à réintégrer l'UA, organisation que Rabat avait quittée en 1984 pour protester contre l'admission de la République arabe sahraouie démocratique, qui revendique l'indépendance du Sahara occidental.
Ex-colonie espagnole, le Sahara occidental est contrôlé depuis 1975 par le Maroc. Le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, milite pour l'indépendance et réclame un référendum d'autodétermination, alors que Rabat propose comme solution une large autonomie sous sa souveraineté.
"C'est également une manière d'aller vers des pays qui avaient historiquement des positions hostiles aux intérêts du Maroc", a ajouté le même responsable marocain, ajoutant qu'ils étaient "considérés comme alliés de l'autre partie", c'est à dire de l'Algérie.
Tout au long de cette tournée, a-t-il précisé, "il y aura des accords pour l'installation de banques pour la coopération financière, pour des projets dans l'industrie pharmaceutique, le logement social, le tourisme, l'énergie solaire..."
Dans un message adressé depuis Rabat au sommet de l'UA organisé
mi-juillet à Kigali, Mohamed VI avait affirmé que le moment était venu "pour le Maroc de retrouver sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle".
Le souverain avait ensuite déclaré que la décision de son pays de réintégrer l'UA ne signifiait pas le renoncement du royaume à ses droits sur le Sahara occidental.
«Sur le plan religieux, alors que le continent subit de plein fouet le radicalisme et la montée de l’extrémisme et la montée de la pensée radicale de l’Etat Islamique, le Maroc se propose d’apporter une solution d’islam modéré. Le roi incarne l’islam modéré du juste milieu qui est capable d’éteindre la violence extrémiste », ajoute Mustapha Tossa.
Le retour du Maroc au sein de l'organisation panafricaine doit être validé par un vote au sein de la Commission de l'UA.