Depuis la rentrée scolaire, intervenue le 4 octobre, les parents d’élèves ne savent plus à quel saint se vouer. Et pour cause cette question de l’état-civil qui peut bloquer les inscriptions de leurs progénitures. En effet, on ne sait pour quelle raison, les autorités du ministère de l’éducation exigent désormais à tous les écoliers de 10 ans de se faire établir une carte d’identité, sans laquelle les enfants ne vont pas s’inscrire à l’école publique. L’école n’est-elle pas obligatoire sous nos cieux ? Passons !
Cette décision, qualifiée d’incompréhensible et inappropriée par les parents d’élèves, a occasionné une ruée vers les fameux centres d’enrôlement des populations. Ils sont chaque jour plusieurs centaines à traîner, parfois à partir de 4 heures du matin, leurs progénitures pour s’octroyer le sésame. De grands attroupements se forment chaque matin devant les CAC. Faire le rang à cette heure tardive de la nuit, s’inscrire sur une liste dressée par certains pour mettre de l’ordre, rester debout ou assis jusqu’à parfois à 18h, s’entendre dire allez jusqu’à demain, ou pas de papier ou de réseau mobile, corrompre même sont devenus le lot quotidien de ces pauvres parents qui s’étonnent de pas entendre les dialoguistes du Palais des congrès évoquer le cette épineuse question d’état-civil.
Autre désagrément : dépenser une fortune, par ces temps très durs pour un parent d’élève, tiraillé entre les frais de fournitures scolaires, la paie mensuelle pour ceux qui ont la chance de pouvoir envoyer leurs enfants au privé. C’est un véritable calvaire que vivent les parents d’élèves depuis cette rentrée scolaire. Selon l’un d’eux, rencontré à El Mina, vers 17 heures et habitant à Ryad (PK) trainant ses trois enfants, « nous sommes arrivés au centre d’enrôlement depuis 6 heures du matin, et nous repartons sans avoir eu à faire photographier les enfants, je dois attendre jusqu’à demain pour espérer les faire photographier. Imaginez ce que cela me coûte, en tant que retraité, en termes de transport et des frais d’inscription 1000 Um par tête en ce plus du temps perdu et de la fatigue. On dirait que nous ne sommes pas de ce pays. Nous n’avons même plus droit à nos droits élémentaires de citoyens et nos enfants diplômés ne trouvent pas de travail, c’est frustrant et révoltant même », a tempêté ce père de famille.
Un autre ajoute: « j’ai emmené mes enfants à l’école publique, tout en sachant qu’il n’y a pas grand-chose à en attendre, mais on m’a fait savoir que faute de carte d’identité, ils ne peuvent pas s’inscrire. J’ai été obligé de les envoyer au privé avec tout ce que cela va me coûter. On est en train de nous appauvrir davantage »
La situation est rendue cocasse non seulement à cause des problèmes techniques (réseau) mais aussi et surtout les fonctionnaires de l’état-civil et les policiers qui assurent la sécurité ne mettent de la bonne volonté dans leur travail, n’accueillent pas bien les populations. Cette mesure prise à la veille de la rentée scolaire devrait être accompagnée de l’ouverture d’autres centres d’enrôlement des populations, de l’augmentation du personnel donc mais également de l’amélioration des outils de travail (ordinateurs et capacité du réseau.) Et enfin, pour soulager les pères de famille aux enfants nombreux, fortement éprouvés par des conditions de vie de plus en plus difficiles, faire baisser le prix à 200 Um. L’Etat peut prendre en charge le reste.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !