La Coordination des ONGs Mauritaniennes en Migration et Développement (COMMID) poursuit sa campagne de sensibilisation sur les ‘’dangers et risques de la migration illégale et le rôle de la jeunesse dans le développement’’. Elle a déjà organisé deux ateliers à Tevragh Zeina et El Mina au profit des Organisations de la société civile et deux concerts, dans ces deux communes, au bénéfice de responsable d’ONGs et des jeunes. Il est important de rappeler que ces activités de sensibilisation sont organisées par la COMMID, en collaboration avec les communes concernées.
En marge de cette campagne de sensibilisation, le président de COMMID, Ibrahim Cheikh Bocoum, a donné, à la presse, un éclairage sur cette campagne et loué l’importance qu’accorde le Président de la République aux jeunes et à leur insertion dans la vie active. Il a également souligné que la COMMID, en tant qu’acteur de la société civile engagé, souhaiterait, un jour, expliquer aux autorités sa vision originale de lutter contre la migration illégale et son engagement d’aider au développement du pays.
Question : Vous venez de lancer une campagne de sensibilisation sur les dangers et les risques de la migration illégale dans cinq communes de Nouakchott. Pouvez-vous nous expliquer ses objectifs ?
Réponse : je vous remercie d’abord de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer et m’expliquer dans votre journal. Cette campagne, qui n’est pas la première que nous organisons, s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre d’une série d’activités prévues par la COMMID. Son objectif, en somme, est de sensibiliser les jeunes sur les dangers de la migration illégale qui est porteuse de malheur, de peine et de privation de nos pays d’une frange très importante de la population. Vous n’êtes pas sans ignorer que chaque année, des centaines de migrants périssent au large des côtes africaines et européennes, dans les camions des passeurs ou dans le désert où ils meurent de faim et de soif ou asphyxiés. Même ceux qui sont arrivés à fouler le sol de ce prétendu eldorado finissent par découvrir la réalité amère et la galère de leurs prédécesseurs. Donc, on ne peut pas rester indiffèrent à ces choix inconscients que le chômage et la pauvreté ne peuvent, en aucun cas, justifier. La migration illégale est porteuse de tous les dangers. Il nous appartient tous de prendre très au sérieux ce phénomène qui a endeuillé tant de familles et détruit l’avenir de beaucoup de jeunes. Si on organise cette campagne, c’est pour sensibiliser des milliers de jeunes, qu’ils soient Mauritaniens ou Africains en transit dans notre pays et animés par cette aventure périlleuse.
Question : pensez-vous que la sensibilisation, à elle seule, peut suffire pour convaincre les jeunes ?
Réponse : C’est une bonne question. Certes, la sensibilisation à elle seule ne suffit pas mais elle constitue une démarche en amont pour dissuader. Souvent, ces jeunes ne comprennent pas qu’on n’a pas besoin d’immigrer pour réussir même si migrer est un droit. C’est vrai que le migrant n’est pas un criminel et c’est vrai que la migration existe depuis la nuit des temps. Mais, cela ne justifie pas qu’on s’adonne à des activités illégales et suicidaires.
Les jeunes doivent rester pour construire leur pays sinon personne ne viendra le faire à leur place. Et s’ils optent pour l’immigration qu’ils le fassent dans la légalité, par l’obtention d’un visa, cela épargnera, au moins, des vies humaines.
La campagne de sensibilisation que nous menons en ce moment dans cinq communes de Nouakchott a pour objectif de faire passer ces messages. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi proposer des solutions alternatives qui puissent donner aux jeunes les possibilités de travailler et du coup, participer au développement du pays. Les opportunités ne manquent pas. Maintenant, il appartient aux gouvernants de proposer des solutions alternatives, appuyés en cela par les partenaires européens des pays d’accueil. On a toujours demandé aux jeunes de rester mais il faut leur proposer des occupations leur permettant de mener une vie décente, les former et leur donner des qualifications dans tous les secteurs de la vie économique. La pauvreté n’est pas une fatalité elle peut être combattue par la volonté et l’intelligence.
Nous, en tant que membres d’Organisations de la société civile, notre action consiste à sensibiliser, informer, orienter, répertorier les difficultés auxquelles s’expose cette jeunesse en désespoir et en manque de perspectives, et proposer des projets de solutions.
Question : Une telle campagne nécessite des moyens importants. Quels sont les soutiens que vous avez reçus ?
Réponse : C’est vrai. C’est une action ambitieuse qui demande des moyens importants. Mais je peux vous assurer que nous n’avons obtenu aucun soutien, je dis bien aucun sauf celui de la mairie de Tevragh Zeina qui n’a pas hésité un seul instant à nous appuyer fortement. Il y a également d’autres communes concernées qui ont contribué. Pourtant c’est une action importante qui nécessite des soutiens sans tergiversations. Mais tel n’a pas été le cas.
Quand on est convaincu de l’importance et l’utilité de ce que nous faisons, on n’attend pas qu’on nous aide. Nous le faisons, selon nos moyens de bord et c’est ce que nous avons fait. Cette campagne, nous l’avons organisée sans l’aide de personne même si le thème théoriquement est d’actualité pour certains.
Je profite, à juste titre, de cette opportunité pour saluer les efforts que les hautes autorités du pays sont en train de mener en matière de développement économique, social et démocratique en général, et en particulier dans le domaine de lutte contre la migration illégale. Je salue sincèrement le courage et la ferme volonté du Président de la République qui accorde une grande importante à la jeunesse qu’il considère comme un pilier essentiel dans le développement. Il a, dans ce sens, mis en place des programmes de formation d’insertion des jeunes notamment à Rosso et dans d’autres villes du pays, surtout dans le domaine de l’agriculture, entre autres. La COMMID, en tant qu’acteur de la société civile engagé, souhaiterait, un jour, expliquer aux autorités sa vision originale de lutter contre la migration illégale et son engagement d’aider au développement du pays.
Aujourd’hui, on constate que le pays offre toutes les conditions garantissant l’insertion des jeunes dans la vie active. Une stratégie nationale de gestion de la migration a été validée en 2010 et mise en œuvre depuis l’année dernière. C’est une première en Afrique. Cette décision courageuse dont le mérite revient au Président de la République, il faut le reconnaître, montre l’intérêt que porte le gouvernement à la question migratoire.
Question : Pourtant certains individus prétendent que vous avez eu un financement de l’Union Européenne (UE) ?
Réponse : Ils n’ont qu’à aller se renseigner auprès de l’UE ou du projet Migration. Dans ce cas, il s’agit tout simplement de clarifier cette rumeur autour des sources de financement de cette campagne, et pas autre chose. Je vous ai dit déjà que nous n’avons reçu l’appui financier de personne sauf la mairie de Tevragh Zeina et celle d’El Mina que nous remercions. Mais l’essentiel, nous avons réalisé toutes ces activités grâce à nos propres moyens et notre seule volonté.
Toutefois, nous remercions tous les autres partenaires qui ont cru à notre projet et qui nous soutiennent et ont annoncé leur intention de nous soutenir, notamment le Projet Migration qui met en œuvre la Stratégie nationale de gestion de la migration (SNGM) et l’UE qui finance le Programme d’appui à cette même stratégie.
J’ai entendu ces rumeurs mais ça a toujours été comme ça malheureusement. Nous avons une société civile malsaine et immature. Au lieu de jouer son rôle d’accompagnement des actions des pouvoirs publics, elle préfère faire profil bas en s’adonnant à la recherche du profit et aux commérages. Dans ce cas précis, je mesure mes propos, car il ne s’agit pas de toute la société civile. Certes, il y’ a de grandes ONGs d’utilité publique, de grandes Associations qui ont à leur actif de grandes réalisations. Je parle, ici, d’une certaine catégorie d’associations nombreuses et qui n’existent que par le récépissé.
Au lancement de notre campagne, nous avons reçu des associations venues de toute part et qui venaient tout fraichement de se convertir en ONGs spécialistes en migration, ce qui ne doit surprendre personne parce que, chez nous, chacun est spécialiste en tout.
Question : En matière de réalisations. Quel est l’actif de votre ONG ?
Réponse : La COMMID est une plateforme d’associations qui ne travaillent que sur cette question migratoire. Ces associations à la base de la création de la plateforme ne sont pas à la première activité de leur programme de sensibilisation. Nous avons déjà organisé, en 2011, une caravane de sensibilisation dans six villes du pays en collaboration avec l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM). Nous avons également élaboré, en Septembre 2010, un documentaire en Italie et en France sur les conditions de vie des immigrés.
D’autre part, nous avons organisé, en Juin 2009, des conférences sous régionales, à Nouakchott, auxquelles ont assisté plusieurs pays africains dont le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Cameroun, la Guinée, entre autres.
Par ailleurs, nous avons organisé et animé, en juin 2011, des séminaires de sensibilisation sur les dangers de la migration à l’Hôtel Chinguitty Palace à Nouakchott. C’est pour vous dire que nous avons l’habitude de travailler sur cette question, pas pour des financements quelconques mais parce que nous voulons sauver nos frères, nos enfants, nos jeunes parents de ces aventures périlleuses qui ont endeuillé des milliers de familles.
Question : Un dernier mot ?
Réponse : je voudrai seulement rappeler que la campagne se poursuit. Après le lancement de la campagne et l’atelier du 12 et le concert du 13 août 2014 dans la moughataa de Tevragh Zeina, c’est la moughataa d’El mina qui a abrité un atelier de sensibilisation le 14 Aout à la commune et un concert le 15 au Château d’eau d’El mina. Les autres communes suivront la semaine prochaine en espérant que nous aurions d’autres soutiens, en cours d’activités.