Faits divers… Faits divers… Faits divers…

30 September, 2016 - 01:29

Un commerçant roulé dans la farine

Le marché d’El Mina grouille d’habitude de monde, le matin vers onze heures. A quelques jours de la fête, le brouhaha est intense, dans le va-et-vient ininterrompu des clients, vendeurs et curieux. A côté, un grossiste se démène, en compagnie de ses vendeurs, à installer des pièces de tissu tout juste arrivées. Soudain, les effluves d’un parfum de qualité emplit l’air, tandis qu’apparaît, dans l’encadrement de la porte, une silhouette habillée d’un beau boubou de bazin. « Salam aleikoum, je suis commerçant a Aleg et désire établir une grosse commande. Mais je suis très pressé. Tout doit être réglé et prêt aujourd’hui : trente boubous de bazin ezbi, cinquante chemises et pantalons, ainsi que vingt paires de chaussures ». De quoi faire saliver le grossiste qui s’engage sans trop poser de questions, pour ne pas perdre un si bon marché.

Aussitôt, le voilà à ordonner, à ses vendeurs, de commencer le tri et l’emballage des marchandises. Et de faire amener une chaise, au riche client, et de lui servir, illico, son meilleur thé, et des courbettes, en veux-tu, en voilà… L’homme s’installe juste à côté du comptoir. Le boutiquier et ses aides s’affairent à distance, sans prêter attention à ses mouvements. Plusieurs clients se présentent entre temps, pour des achats, mais on ne leur accorde aucune importance.  Au deuxième verre, le client sort son paquet de cigarettes et part, dit-il, fumer dehors. Un quart d’heure plus tard, les emballages sont fin prêts, alors que le client n’est pas encore revenu. Après un autre quart d’heure, on envoie un vendeur a sa recherche. En vain. « Il reviendra prendre livraison de sa marchandise » lance le commerçant. Sans se douter le moindre du monde de ce qui l’attend, il ouvre alors son tiroir-caisse. Stupeur ! Tout son contenu a disparu ! « Ah, le bandit ! », comprend alors le pauvre homme. On crible le marché au peigne fin, sans percevoir la moindre trace de l’aigrefin, et le crédule commerçant n’a plus qu’à regretter, amèrement, de s’être laissé, si facilement, rouler dans la farine.

 

Kabila, un grand gabarit du crime

Au cours de la sanglante tentative de coup d’Etat du 8 Juin 2003, les gardes de la prison centrale avaient pris le large, effrayés par les déflagrations et tirs de la première nuit. Occasion inespérée, pour les prisonniers, de s’évader. Un groupe de récidivistes, dirigé par un gaillard d’un mètre quatre-vingt-dix pour près de cent kilos de muscles, s’empare de trois voitures par la force et se dirige vers Sebkha. « Nous allons surprendre ces imbéciles de flics et leur donner une leçon. Prenons leurs armes et pillons la ville ! ». Le colosse de teint foncé au crâne toujours rasé est le fameux Kabila. Un bandit de grand chemin viré de l’armée pour délinquance, en 1994. Il avait un compte à régler avec les éléments du commissariat de Sebkha 1. Deux années plus tôt, alors que ce bandit semait partout la terreur, aucun policier n’osait l’arrêter, par peur de représailles. Aucun, sauf le téméraire brigadier Diakhité. Après avoir cherché, en vain parmi ses collègues, des volontaires pour l’accompagner dans cette dangereuse mission, il s’était rabattu vers la compagnie de police voisine, où deux jeunes stagiaires acceptèrent de lui prêter main forte. Ensemble, ils parvinrent à appréhender Kabila le même jour. Des militaires tentèrent alors de libérer leur « classe » par la force mais la gendarmerie intervint à temps pour les rafler.

Voilà pourquoi, le jour de la fameuse tentative de putsch de Juin 2003, Kabila revenait, accompagné d’une douzaine de sbires, régler ses comptes avec le commissariat de Sebkha 1. Malheureusement pour ces gredins, les cinquante éléments du commissariat étaient en consigne, armés, et n’éprouvèrent aucune difficulté à neutraliser et mettre au violon l’imprudente troupe. Une fois la situation revenue à la normale, les gardes récupèrent leurs bagnards et les ramenèrent en cellules. Kabila s’évada, encore, par deux fois. Il fit notamment partie du groupe de prisonniers qui s’échappa par un tunnel patiemment creusé. Il fut repris, une journée plus tard, par des éléments de la BRB. Il est, actuellement, chef de cour au pénitencier de Bir Moghreïn ou il purge une peine de neuf ans.

 

Ahmed « Kalach » reprend son commerce

Ahmed ould El Kaïd ould Vall, alias Ahmed « Kalach », le célèbre boucher d’El Khat et Bounama, au Trarza, en 2009, tint, jusqu’à une date récente, le plus important commerce de la prison de Dar Naïm. Lors de son transfert à Bir Moghreïn, Il a vendu son échoppe à un autre bagnard. Tout en emmenant, dans ses bagages, quelques cartouches de cigarettes et des paquets de biscuits, comme noyau de son futur commerce. Une source carcérale nous a, dernièrement, affirmé que celui-ci devient florissant. Ahmed Kalach a en effet ouvert une petite boutique qui vend plusieurs sortes d’articles. Ses fournisseurs de Nouakchott l’approvisionnent régulièrement par Zouérate. Malgré sa petite taille, il est craint et respecté par la majorité des prisonniers. Les gardes sont, eux aussi, méfiants, suite à la mésaventure, il y a quelques années, d’un de leurs collègues à Dar Naïm. Celui-ci avait tenté d’humilier Ahmed qui s’empressa, en retour, de le blesser grièvement, d’un coup de couteau. Bilan de l’aventure : une année d’hospitalisation. Rappelons qu’Ahmed ould Vall avait provoqué un carnage, le jour de l’Aïd El Kébir, aux environs de Mederdra, en Novembre 2009.

Mosy