Calamités…

30 September, 2016 - 01:26

Certains ne ratent aucune occasion de rappeler que l’Union Pour la République (UPR) est comme ADIL qui est comme le Parti Républicain, Démocratique et Social (PRDS) qui est comme le Parti du Peuple Mauritanien (PPM). Une manière de dire que les hommes partent mais que les systèmes restent, avec les mêmes petites techniques de régence, nuisance et complaisance. Pourtant, on s’entend souvent instruit, par les « Upériens », qu’ils ne sont pas comme les autres. Changement constructif, soutien au programme du président Mohamed ould Abdel Aziz, lutte contre la gabegie : des concepts autour desquels se bâtit toute la stratégie d’un système qui éprouve toutes les difficultés à ne pas faire comme les autres. Puisque, nonobstant quelques activités essentiellement de façade, les problèmes structurels, liés au développement harmonieux du pays, restent en l’état. Pratiquement rien n’a été fait, sur le plan des grandes problématiques de fond, comme les politiques de nature à garantir la cohabitation pacifique entre les communautés nationales et les conditions y afférentes ; partage équitable et accès aux ressources, notamment. Aussi, des questions centrales, comme la réhabilitation de l’école, de la santé et autres services sociaux, ne sont pas ou peu prises en compte, dans les approches gouvernementales dont on nous rabâche, nuit et jour, les oreilles. Si le PRDS eut ses Maisons du livre, du temps du Tout Puissant Maouiya ould Sid’Ahmed Taya, l’UPR est en train d’engranger ses sièges, sous la botte du Tout Accaparateur Mohamed ould Abdel Aziz. Les Maisons du livre pour lesquelles tous les barons de l’époque s’investirent sont devenues, aujourd’hui, histoires sataniques dont personne ne veut entendre parler. Pour les faire oublier, les voilà recyclées en centres d’état-civil, pour les unes ; lieux de réhabilitation de personnes aux besoins spécifiques, pour les autres. Allah, que deviendront, demain, les sièges chèrement achetés de l’UPR, quand Mohamed ould Abdel Aziz et son parti ne seront plus au pouvoir ? A Aleg, les cadres de l’UPR ont rapidement mobilisé les onze millions d’ouguiyas pour payer leur siège propre, assorti d’une petite cour de galerie. A Boghé, les sept millions à même fin n’ont pas fait suer qu’une poignée de cadres, malgré trois généraux qui ont versé un million chacun. A Magta Lahjar, encore un autre siège, pour la rondelette somme de dix millions d’ouguiyas. Des maisons du parti convenablement équipées. Dans toutes les moughataas nationales. Pour des choses comme ça, les ministres, les généraux et les hauts responsables de l’Etat sont prompts à donner, sans compter, de l’argent dont personne ne connaît la provenance. Surtout dans un pays où une certaine gabegie peut mener loin. Pourtant, que je sache, ni les cadres de l’Adrar ni ceux du Gorgol de l’UPR ou de toute autre formation politique n’ont eu à l’esprit de rassembler des millions, pour venir en aide aux sinistrés d’Atar, d’Aïn Ehl Taya ou de Foum Gleïta. Or un parti politique, ce n’est pas seulement pour raconter des histoires à tout va. Ce n’est pas seulement pour défendre des politiques parfois complètement destructrices. Ce n’est pas seulement pour faire, à longueur de journée et de nuit, le panégyrique d’un président, aussi « bienfaiteur » soit-il. Ce n’est pas que des hommes, des femmes et des jeunes autant de fois formatés qui somnolent, au pas cadencé d’un système dont ils sont les premiers à ne pas trop y croire. Ce n’est pas seulement des députés et ministres qui ressassent, à toute occasion, les « réalisations » de « Son Excellence », en frisant ordinairement le ridicule, comme pas possible sait le faire le très « exceptionnel » ministre de la Culture et porte-parole du gouvernement. Un parti politique, c’est un cadre de formation, de conscientisation et d’encadrement des masses populaires. C’est une école d’ancrage de la citoyenneté, de la promotion du civisme et de la culture du patriotisme. Pas un outil de mobilisation populaire, pour bénir les élucubrations de n’importe quel parvenu au pouvoir, par n’importe quelle acrobatie. 

El Kory Sneïba