Le dialogue va démarrer. Enfin, direz-vous. Depuis le 3 Mai dernier (et même bien avant), lorsque notre guide éclairé annonçait, depuis Néma, son lancement dans trois à quatre semaines (avec ceux qui seront présents), on n’attendait plus que ça. D’une cour, assidue, aux partis politiques, au débauchage de certains opposants en rupture de ban, en passant par les yeux, plus gros que doux, aux leaders historiques de cette même opposition, le pouvoir n’a ménagé aucun effort pour rendre son futur dialogue plus ou moins viable. Mais il a, semble-t-il, échoué. Aucun poids lourd de l’opposition n’y prendra part, pas plus le RFD que le FNDU n’acceptant de se faire rouler, une nouvelle fois, dans la farine. Ce sera donc, au mieux, un dialogue au rabais, comme en 2011, ou une conférence tam-tam, comme celle de 2015 qui finit en queue de poisson. On ne dérogera pas à la règle : sans l’opposition véritable, point de dialogue fiable. Selon certaines sources, beaucoup de thèmes y seraient abordés, dont une nouveauté : la fondation d’un poste de vice-président de la République. Logique de la suppression du Sénat… et/ou façon, pour Ould Abdel Aziz, si l’information est avérée et s’il ne compte vraiment pas modifier les articles relatifs à la durée du mandat présidentiel, de sortir par la grande porte… pour revenir par la fenêtre. En faisant élire, au moins pour un mandat, un président potiche. Du poutinisme à la mauritanienne. Ce ne sont, certes, que des supputations mais dans une démocratie militaire, rien n’est impossible et le pire est, peut-être, devant nous : un président-empereur, façon Bokassa ; un président à vie, genre Idi Amin Dada ; ou un président omnipotent, comme Bouteflika. Ou, encore, roi de l’invective et de l’insulte. Car, à y voir de près, rien n’indique qu’Ould Abdel Aziz quittera le pouvoir de sitôt. Il usera de tous les subterfuges possibles et imaginables, pour ne pas lâcher prise. L’homme s’est fait, en effet, tellement d’ennemis, à l’intérieur et à l’extérieur, qu’il lui sera difficile de passer le témoin sans casse. Il lui reste, en tout cas, deux ans pour arrondir les angles, trouver un terrain d’entente avec ses opposants et permettre, à notre pays, de connaître, enfin, une alternance apaisée. Gageons, plutôt et hélas, qu’il n’en sera rien. L’homme n’est pas du genre à faire des concessions ou preuve de la moindre once d’humilité. Il se croit tout permis. Le pouvoir, il l’a conquis au bout de son fusil et la classe politique, il la tient pour du menu fretin. A contrario, comprendrait-il, d’ici la fin de son deuxième – et dernier ? – mandat, que les temps ont changé ? A défaut d’y gager la moindre ouguiyette, comme on vient de le dire, on peut, tout de même, l’espérer. L’espoir ne fait-il pas vivre ?
Ahmed Ould Cheikh