Après deux semaines de repos bien mérité (vous ne trouvez pas, chers lecteurs ?), Le Calame rempile. Nous voilà de nouveau sur scène. Qu’avons-nous raté au cours de cette quinzaine ? Le dialogue politique ? On nous l’avait promis dans trois à quatre semaines, début Mai passé. Il n’a toujours pas pointé le bout du nez. Mais il a bel et bien démarré, oui, ça ira, ça ira, si l’on en croit le ministre porte-parole du gouvernement qui ne cesse de répéter la même rengaine, chaque semaine que Dieu fait. Il ne parle probablement pas de la Mauritanie mais de la Guinée dont le président et chef de file de l’opposition viennent d’administrer, au monde entier (et à l’Afrique surtout), une belle leçon de démocratie et de sagesse. A la décharge de notre ministre, n’est pas Alpha Condé qui veut. Quand les peuples ont la liberté de choisir librement leurs dirigeants, la compétence et l’expérience prennent, à l’ordinaire, le pas sur l’ignorance et l’inconséquence.
L’affaire des engrais de la Sonimex ? On connaissait les vertus explosives de ces produits mais on ne pensait pas qu’il en avait d’autres, sélectives celle-là, épargnant ceux qui n’ont cessé de les manipuler et emportant ceux qui n’avaient, a priori, d’autres soucis que d’éclairer notre lanterne sur des manigances déjà vieilles de plusieurs années. Les deux inspecteurs d’Etat chargés du dossier ont, en effet, été subitement défenestrés. Que leur reproche-t-on, au juste ? D’orienter l’enquête dans le sens de la vraie justice ? De ne pas avoir été dociles ? De mouiller ceux qui, dans la République azizienne, ne sont pas « mouillables » ? L’affaire n’a, en tout cas, pas dit son dernier mot. Mais gageons qu’à l’instar de celle du Trésor qui vient de s’achever en queue de poisson, elle ne fera, elle non plus, guère long feu. Les trésoriers régionaux, accusés d’avoir détourné quelques milliards d’ouguiyas et à qui notre champion national de lutte contre la gabegie promettait l’enfer, s’ils ne remboursaient pas jusqu’à la dernière ouguiya, ont été, soit libérés, soit condamnés à des peines légères et des amendes insignifiantes. Une façon de clore un dossier devenu gênant depuis que les tribus des concernés s’y sont investies. Quand un Etat se fait détrousser, insulter, piétiner et finit par céder à la pression tribale, il y a comme une dangereuse pente... Après l’abîme, les abysses ?
Les dirigeants et militants d’IRA qui n’ont, eux, pas détourné la moindre ouguiyette, n’ont pas eu droit à une telle clémence. Relation de cause à effet ? Ça coûte combien, la clémence ? A moins que prendre carte d’IRA signifie perdre sa tribu… Auquel cas, évidemment, l’investissement des tribus… Hein, que dites-vous ? Le problème de ces audacieux militants, ce serait un peu des deux : pas d’argent, plus de tribu ? Ça se monnaye donc aussi, l’investissement tribal ? Mais il ne va rien leur rester, à ces pauvres trésoriers ! Rejoindront-ils, alors, les rangs d’IRA ? Ah, ça ira, ça ira, ça ira mais, un jour ou l’autre, tout de même, ça n’ira plus !
Ahmed Ould Cheikh