Rien ne va plus entre le Maroc et la Mauritanie. Du moins, entre leur pouvoir respectif. Malgré un soutien, actif, au coup d’Etat du 6 Août 2008, le royaume chérifien, qui avait usé de tout son entregent diplomatique, auprès de ses amis et alliés, pour leur faire avaler la « félonie », dixit Ely ould Mohamed Vall, considère qu’il n’a pas été payé en retour. A juste titre. Et il n’est d’ailleurs pas le seul en cette situation. Ould Abdel Aziz a, en effet, la fâcheuse manie de considérer qu’il n’est redevable de rien à personne, que tout lui est dû, tombé du ciel. Pas plus le Maroc que quiconque ne fait exception à la règle.
Certes, les relations, entre nos deux pays, ne furent jamais au beau fixe. Mais l’escalade – ou la dégringolade, selon un point de vue plus lucide – n’a réellement commencé qu’il y a trois ans, lorsque la Mauritanie a refusé de désigner un ambassadeur, pour remplacer Mohamed ould Maaouya parti à la retraite. Pire, elle a ramené sa représentation diplomatique à la plus simple expression, en nommant le premier conseiller ambassadeur à Bamako et demandé, en même temps, le remplacement de l’actuel ambassadeur du Royaume à Nouakchott. Une requête chassée dédaigneusement par le Maroc, invoquant sa souveraineté nationale. Depuis, les petits gestes d’énervement se multiplient, de part et d’autre. Le Maroc a très mal apprécié que la Mauritanie se départisse, petit à petit, de sa neutralité dans le conflit du Sahara, en prenant fait et cause pour le Polisario, comme lorsque ould Abdel Aziz envoya message de condoléances à la RASD ou quand notre parti-Etat dépêcha délégation, dirigée par un ancien ministre, à l’investiture du nouveau président sahraoui. La goutte qui a fait déborder le vase fut, probablement, l’affiche du dernier sommet de la Ligue arabe où la carte du Maroc est parue «amputée » du Sahara occidental. Feu de tout bois de la presse marocaine, fustigeant, en termes parfois très peu amènes, le comportement de notre guide éclairé. Même le site le360.ma, dont tout le monde sait qu’il appartient à un conseiller du roi Mohamed VI, s’est mêlé de la partie. En publiant un portrait au vitriol : «Mohamed ould Abdel Aziz ou l’art de se faire des ennemis », qui tire, à boulets rouges, sur l’homme du 6 Août. Revenant longuement sur le parcours de l’ex-étoilé, de sa naissance au Sénégal à son accession au pouvoir, le site évoque les nombreuses affaires d’argent qui ont émaillé son régime, avec force termes qui en disent long sur le degré de détérioration des relations entre les deux pays. Gageons que d’autres lui emboîteront le pas et que la presse mauritanienne aux ordres ne restera pas les bras croisés devant un tel déferlement de haine. Hier, c’était avec une guerre, aussi stupide qu’inutile, à nos voies ancestrales d’échanges vers le Nord. Quel demain nous concocte-t-on ? Sans présumer des convoitises, aussi internationales qu’excitées, sur nos richesses minières et pétrolières, faut-il présumer que nous soyons assez imbéciles, Marocains et Mauritaniens, pour laisser cet « on » manipuler les humeurs de nos infatués chefs?
Ahmed ould cheikh