On ne parle plus que de ça. On renvoie tout à plus tard. Le monde, le nôtre bien sûr, semble s’arrêter. La date fatidique du 25 juillet approche à grands pas, celle qui verra les rois et chefs d’Etat arabes fouler, pour la première fois, notre sol national. Le Sommet arabe ! Le mot est lâché. Plus rien d’autre ne semble intéresser nos dirigeants. Le Dialogue (avec un grand D) que notre guide éclairé nous avait promis « dans trois à quatre semaines, tout au plus » (c’était, s’il vous plaît, le 3 Mai dernier) ? Il n’est plus à l’ordre du jour, les promesses n’engageant que ceux qui y croient, selon la vieille formule chère aux politiciens. Ceux qui ne croient pas aux vertus du dialogue peuvent aller se rhabiller. Ould Abdel Aziz les a invités, ils ne sont pas venus, ils ont, du coup, raté le train. Ce n’est pas tous les jours qu’on est invité à venir discuter avec celui qui fut président de l’Union Africaine et s’apprête à se voir coiffer de la toge de Leader/Sauveur du Monde Arabe. N’est-ce pas lui qui a décidé de recevoir un sommet dont personne ne voulait ? N’est-ce pas lui qui va essayer de recoller les morceaux d’une ligue arabe dont les leaders s’observent en chiens de faïence, quand ils ne se vouent pas une haine tenace ? L’intention est certes louable mais, comme il n’y a pas de petit profit, l’organisation d’une telle messe (inutile, soit dit en passant), par un petit pays aussi pauvre que le nôtre, donne généralement lieu à de nombreux soutiens, de toute nature. Et cette fois, on n’a pas dérogé à la règle. L’argent a coulé. Nouakchott – Tevragh Zeïna, pour être plus précis – est transformé, depuis quelques mois, en immense chantier. La route menant à l’aéroport et les principaux axes de ce quartier chic ont été élargis, refaits, éclairés. Les gros œuvres ont été confiés à ATTM et ENER. Le reste, c'est-à-dire l’éclairage solaire, la peinture des trottoirs, le tracé des lignes continues et discontinues sur le bitume, a été confié à un cercle restreint de proches et ils ne s’en cachent pas. Certain(e)s d’entre eux(elles) supervisent même les travaux, au vu et au su de tout le monde.
Et il y aura, certainement, encore beaucoup à vendre. Quoique… N’a-t-il pas, notre président des pauvres, déjà tout vendu ? La terre, le ciel, la ceinture verte, les mines, les relations diplomatiques, le poisson, le fleuve, un jour l’Iran, un autre, le Qatar ou l’Arabie Saoudite, l’Algérie, Kadhafi… Ah si, justement, reste le nom des rues. La rue Kadhafi, inaugurée en grande pompe, en 2008, lorsque le leader libyen appuyait le mouvement de rectification, est, désormais, rebaptisée Cheikh Zayed. En échange de quels services ? Un prêté pour un vomi, dit le dicton. N’y aurait que les déguerpis de la gazra en face de la Fondation Bouamatou, pour en éprouver quelque nausée, là-bas, en cette désolation si dérisoirement drapée du prestigieux nom de Dubaï ?
Ahmed Ould Cheikh