Vincent de Chassey nous a quittés, il y a deux semaines, le vendredi 20 Mai 2016, des suites d'une maladie grave et foudroyante. Vincent a été enterré a Gardot, dans le Jura Français, la terre de ses origines. Il est mort à l'âge de soixante quatorze ans, laissant une famille éplorée, et d’innombrables amis orphelins.
Peu connu du grand public, c’était un homme aux talents et aux univers multiples : banquier, musicien, défenseur de causes en apparence désespérées, et toujours justes, homme de théâtre : un constructeur de passerelles de la fraternité. Guitariste et chanteur, Vincent était un amoureux des œuvres de Brel, et de Brassens, un nostalgique des refrains qui ont rythmé les grands moments de l’histoire populaire de la France : de la Révolution (« Ah, ça ira, ça ira ! ») à la Commune (« Le temps des cerises »), de la Semaine sanglante à la Résistance (« Le chant des partisans »).
Nul doute qu’il est parti le « soleil au cœur ».
Vincent était un ami de la Mauritanie et de son peuple ; une amitié vraie, de celles que le temps n’altère pas. C’est au début des années soixante qu’il aborde nos rivages. Après de brillantes études à l'école des Hautes Études Commerciales (HEC), il effectue son service national en Mauritanie, au titre de la coopération, et met ses compétences au service de la SONIMEX, qui venait d’être créée, et à la disposition de ses collègues mauritaniens. Un premier séjour de quatre ans qui a forgé une amitié pour la vie.
Rentré en France, il continua d’élargir et d’enrichir les liens avec la Mauritanie et les Mauritaniens et, au cours des années 70, noua un compagnonnage fraternel et fécond avec les jeunesses mauritaniennes et des travailleurs urbains engagés dans les luttes contre le néocolonialisme et le féodalisme. Avec d'autres amis Français, il créa le Comite de soutien à la lutte du peuple mauritanien qui apporta un soutien constant et une aide multiforme au mouvement national et démocratique mauritanien, et dans l'action duquel il eut une part décisive.
Vincent a effectué de nombreux séjours en Mauritanie. Depuis qu’il prit sa retraite, en 2000, il s'était investi dans l'action volontaire et associative. Durant ces dernières années, il consacrait ses efforts à une organisation non gouvernementale, qu’avec de nombreux autres compatriotes français, il avait crée. L’association qu’ils avaient dénommée « Cousins du Monde » avait pour ambition « d’aider ceux qui s’aident déjà eux-mêmes », et d’apporter une contribution active aux justes causes des pays sahéliens, de leurs masses paysannes notamment. La situation politique et sécuritaire de notre pays (et les recommandations du Quai d’Orsay) ayant empêché Cousins du Monde d’y engager des actions, Vincent et ses compagnons ont porté leurs premières initiatives sur d’autres pays africains, en attendant des jours meilleurs.
Vincent était un homme d’une grande humilité, fidèle aux principes de liberté de justice et d'équité, qui dépensait sans compter son temps et ses biens au profit de ses « cousins » des pays du Sahel, car cela lui semblait la manière la plus juste et la plus efficace de donner vie et sens aux principes qui guidaient son existence.
Adieu Vincent, tu resteras pour nous un ami cher et inoubliable. Repose en paix dans les terres du Gardot que tu chérissais. Puisses-tu retrouver un monde meilleur, fleurant ce Temps des Cerises que tu aimais tant fredonner.
Bâ Boubakar Moussa