Pour rétablir la légalité et la légitimité et se conformer à la loi fondamentale votée par le peuple souverain, il faut commencer par rendre aux civils leur pouvoir spolié depuis le 10 juillet 1978. Et ce n’est pas en changeant de tenue qu’on change de personnalité, de mentalité ou d’aptitude. Entre commander une compagnie ou un bataillon, quel que soit par ailleurs le cursus qu’on a suivi, et présider aux destinées d’un peuple, il y a un très long et difficile chemin à parcourir. Un chemin que les putschistes n’ont pas le temps d’explorer.
C’est ce raccourci qui met les pouvoirs militaires dans des situations difficiles pour lesquelles ils ne sont pas préparés, et pour lesquelles ils n’ont pas les aptitudes et les compétences requises. Les chefs d’Etat militaires, naturellement complexés, dotés de connaissances limitées, conservent toujours leurs reflexes autoritaires innés ou acquis, exigeant l’obéissance à tout prix, ainsi que leur caractère impulsif réfractaire à toute contradiction et à toute liberté, pour mener le plus souvent, leurs pays vers des lendemains incertains.
Inaptitude des militaires à diriger une nation
L’histoire a démontré l’inaptitude des militaires à bien diriger ou à bien gouverner une nation. C’est ainsi qu’en Syrie, l’armée au pouvoir depuis mars 1949, avait instauré une dictature des plus sanglantes du Moyen Orient, ruiné le pays, divisé son peuple, et s’était érigée en une monarchie dont le premier prince héritier poursuit aujourd’hui la politique de son père, qui consiste à mettre le pays à feu et à sang afin de préserver coûte que coûte le pouvoir des Alaouites.
Le grand peuple égyptien a été pris en otage depuis ce fameux 23 juillet 1952, par son armée défaitiste, qui a pillé ses ressources, détruit son économie, hypnotisé sa volonté, et confisqué sa liberté en lui imposant plus de soixante ans de régime d’état d’urgence. En juillet 2013, se considérant toujours comme tutrice du peuple, elle reprend le pouvoir au président civil élu démocratiquement, massacre et emprisonne des milliers de ses citoyens pour détourner la révolution du peuple et continue de s’accrocher au pouvoir, soutenue par l’Occident dans un cadre géostratégique qui protège l’entité sioniste, contrairement à l’armée républicaine tunisienne qui a su respecter la volonté du peuple souverain, en s’abstenant de se mêler de politique.
Au soudan en 1958, deux années seulement après l’indépendance, un groupe d’officiers nationalistes du nord, arabes et musulmans, s’inspirant des idées unionistes de leur voisin panarabiste, s’empare du pouvoir par la force et tente, vainement, d’imposer une arabisation et une islamisation à outrance au sud, chrétien et négro-africain.
Depuis 58 ans, une succession de coups d’état, alternant nationalisme et islamisme, a contribué à déstabiliser le pays, à diviser et à appauvrir son peuple, malgré l’immense richesse de son sous-sol. Ces différentes dictatures dépourvues de clairvoyance ont conduit au partage du Soudan en deux Etats indépendants et ennemis. La République du Soudan du nord dirigée par ces putschistes, dont le chef est déstabilisé par un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, est menacée de partition qui pourrait aboutir à la naissance d’une troisième République : La République du Darfour !
Au Yémen du nord, des officiers nasséristes s’emparent du pouvoir le 27 septembre 1962, et déclenchent une longue guerre civile avant d’aboutir en 1990, à une fragile union imposée au Yémen du sud. Soixante-quatre ans plus tard, les militaires sont toujours là, ils ont déstabilisé le pays, pillé ses ressources, tribalisé, divisé, massacré sa population et territorialisé Al-Qaïda. Bousculés par une très grande révolte populaire, ils s’accrochent toujours au pouvoir, mettant leur pays à feu et à sang.
En Algérie le 19 juin 1965, trois années après l’indépendance, l’armée s’empare du pouvoir par la force, elle vole la révolution du peuple algérien martyr, qu’elle prend en otage. Face à la montée en puissance des islamistes au début des années 90, elle invente le terrorisme islamique pour plaire à l’Occident qui contribue à son maintien au pouvoir comme rempart contre ce fléau qui se mondialise.
Aujourd’hui après 51 ans de pouvoir militaire, l’Algérie va de mal en pis, malgré la très grande richesse de son sous-sol, la liberté est toujours confisquée et les institutions « démocratiques » contrôlées par l’armée. Depuis l’interruption du processus démocratique au début de 1992 par l’armée, consécutive à la victoire du FIS aux élections législatives le 27 décembre 1991, le pays vit une crise latente de confiance doublée d’une crise économique et sociale.
Les militaires algériens maintiennent en vie un président impotent, qu’ils avaient fait élire à son insu, pour servir leurs desseins. Et qu’ils s’apprêtent à réélire toujours à son insu. Il n’est pas exclu qu’ils préparent dans l’ombre, après la disparition de ce dernier, leur énième élection frauduleuse, pour soumettre au peuple algérien martyr l’élection au suffrage universel de la statue de Houari Boumediene qui se trouve à Guelma, sa wilaya natale, comme président éternel de l’Algérie.
En Irak, l’armée baathiste, installée au pouvoir depuis le 17 juillet 1968, a imposé au glorieux peuple de la Mésopotamie, 45 ans de dictature absolue, trois guerres dévastatrices, et n’a été délogée que par la force d’une puissante coalition étrangère, laissant derrière elle un pays ruiné, à feu et à sang et menacé de partition.
En Libye, le 1er septembre 1969, un lieutenant des transmissions, nommé colonel une semaine plus tard, passionné par la montée en puissance du nassérisme, profite de l’absence du vieux monarque pour s’emparer du pouvoir. Un pouvoir qu’il n’abandonnera que 42 ans après, défait lui aussi par une coalition étrangère, qui l’empêche de détruire son peuple, qui s’est soulevé tardivement, contre sa dictature. Il laisse derrière lui un pays saccagé, fortement tribalisé, sans institutions, sans armée et menacé de partition.
En Afrique, Europe et Amérique
En Afrique noire, le pouvoir militaire a pillé et déstabilisé les pays des grands lacs qui ne s’en remettent toujours pas, ainsi que la majeure partie des pays de l’Afrique centrale et de l’ouest. Il est responsable du génocide rwandais en 1994, 800.000 morts ainsi que du génocide burundais et ses guerres civiles qui ont fait plus de 900.000 victimes en 1972 et 1993. Seuls quatre ou cinq pays ont échappé a ce pouvoir assassin et ils se portent mieux.
Le pouvoir militaire a aussi ruiné et déstabilisé la corne de l’Afrique, décapité, démoli et fait disparaitre la Somalie, qui devient le plus grand foyer de tension menaçant le trafic maritime mondial.
La quasi-totalité des pays d’Amérique latine a subi les effets négatifs des dictatures militaires qui ont fait sombrer leurs peuples dans l’ignorance, la maladie, la pauvreté et la privation de liberté.
En Asie, le pouvoir militaire a érigé en Corée du nord depuis 1945 une dynastie militaro-spirituelle, qui affame son peuple, le prive de la moindre liberté, ruine son économie et menace la paix mondiale ; et en Birmanie depuis 1962, la pire des dictatures de la planète.
L’Afghanistan, le Pakistan ainsi que le Bengladesh ont beaucoup souffert des dictatures militaires qui les ont ruinés et déstabilisés.
Le continent européen n’avait pas été épargné, c’est ainsi que le royaume du Portugal qui était au début du siècle dernier l’une des plus grandes puissances économiques, sociales et culturelles du monde a été altéré, ruiné par 64 ans de dictature militaire.
En Espagne, 38 ans de gestion désastreuse de la dictature militaire, entre juillet 1936 et juillet 1974, ont contribué à diviser le pays, à le déstabiliser et à confisquer la liberté de son peuple.
En Grèce, la dictature des colonels qui n’a duré que sept ans, de 1967 à 1974, a occasionné l’instabilité politique, le recul des libertés, le disfonctionnement de l’économie qui a du mal à se relever.
Et en Mauritanie
Le lundi 10 juillet 1978, les chefs de nos forces armées ont pris le pouvoir par la force en mettant fin au régime fondateur du père de la nation, bâtisseur de la première République, au moment où nos troupes combattantes étaient sur le champ de bataille, pour défendre l’intégrité territoriale de notre pays, transgressant ainsi le précieux serment de l’officier.
Depuis lors, notre pays est pris en otage, ses ressources sont pillées. Depuis lors, nos forces armées sont frustrées, désorientées, et ne savent plus à quel drapeau se vouer. Depuis lors, la constitution est violée, les lois ne sont pas respectées. Depuis lors, le peuple est divisé, sa volonté est piétinée, son unité bafouée. Depuis lors, l’enseignement est déboussolé. Depuis lors, c’est la loi de la jungle, c’est la raison du plus fort. Depuis lors, le pays va de mal en pis. Depuis lors, c’est l’incertitude, la mal gouvernance … le chaos.
L’écrivain poète martyr TEène Youssouf Guèye, avait dit un jour, en réponse à une question à propos des aptitudes politiques et intellectuelles des officiers membres des comités militaires, avec lesquels il avait eu plusieurs séances de travail: « Nos officiers, c’est beaucoup d’étoiles et peu de lumière. »
A l’exception de quelques rares cas qui confirment la règle, aucun pouvoir militaire n’a connu l’alternance pacifique. Et là où les militaires sont passés, ils ont laissé derrière eux des indices de développement humain au plus bas de l’échelle. La démocratie militaire n’est pas la démocratie, la politique militaire n’est pas la politique.
Mettre fin pacifiquement au pouvoir militaire.
Le pouvoir militaires est soutenu et encouragé, dans cette œuvre de destruction, par un système en perpétuelle reconstitution, qui le protège, le conditionne et lui donne l’illusion d’être indéboulonnable, qu’il faut nécessairement combattre. Ce système est composé par une classe politique opportuniste, taillable et corvéable à volonté qui n’aspire qu’à une seule chose : APPLAUDIR pour survivre.
Cette classe politique inconsciente, toutes tendances confondues, avait saboté la démocratie et l’Etat de droit en août 2008, en contribuant à l’intronisation des derniers conspirateurs. Ce système comprend aussi des centrales syndicales majoritairement fabriquées pour la circonstance et une société civile qu’on peut cloner à volonté.
Pour sauver la Mauritanie, il faut absolument profiter des prochaines élections présidentielles pour se débarrasser définitivement de ce pouvoir militaire destructeur. En évitant de faire élire des personnes qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à consolider le pouvoir militaire. Car ce pouvoir usurpateur avait produit beaucoup de cadres, de toutes les communautés et de toutes les spécialités, qui sont plus militaristes que les militaires, donc beaucoup plus dangereux que les militaires.
Après avoir élu l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, le plus difficile ne sera pas de ramener les militaires dans leur caserne. Car il suffit pour cela de désigner à la tête des états- majors de l’Armée, de la Gendarmerie et de la Garde des officiers issus de ces corps et n’ayant jamais été membres des comités ou conseils militaires ni soutenu publiquement les pouvoirs d’exception. Et de désigner à la tête des directions générales de la police et de la douane des officiers de police ou de la douane, qui n’ont jamais soutenu les régimes d’exception.
Le plus difficile sera de ramener la classe politique à la raison, au respect de la constitution, au respect de l’Etat de droit, au respect de la justice, au respect de la citoyenneté et du citoyen, au respect des valeurs républicaines comme l’égalité devant la loi, l’égalité de chance, au respect de l’autre, au respect de la dignité humaine.
Le plus difficile sera d’amener la classe politique à renoncer à la compromission, à l’enrichissement illicite, à l’argent facile, au soutien des causes injustes. A renoncer à la fraude et au mensonge, au faux et usage de faux, à renoncer au trafic d’influence, aux promotions non méritées, à renoncer aux salaires, indemnités ou allocations non dus, à renoncer à la discrimination, au racisme, au régionalisme, au tribalisme, au familialisme, à renoncer à tous ce qui n’est pas légal.
Le plus difficile sera d’amener la classe politique à bannir le clientélisme, à rétablir les critères de mérite et de compétence dans le choix, à garantir la transparence et l’équité dans les concours. Et surtout à renoncer au « paradis » du pouvoir dictatorial.
Le plus difficile sera d’amener la classe politique, toutes tendances confondues, musulmane à 100%, à accepter de vivre ensemble dans une société régie par des règles élémentaires fixées par l’Islam sunnite.
Pour sauver la Mauritanie, il faut absolument mettre fin à ce pouvoir militaire capitulard, génocidaire et destructeur, raciste, esclavagiste et tribaliste, qui a brisé notre unité nationale en déportant et en massacrant nos compatriotes, consolidé l’esclavage, terrorisé notre peuple, ruiné notre économie nationale, pillé nos ressources et qui refuse obstinément de rendre la moindre justice aux ayants droit.
Pour sauver la Mauritanie, il faut mettre fin au régime usurpateur impopulaire, incompétent, irresponsable et injuste du général de bataillon Mohamed ELEYA, commandant du Basep, un chef de l’Etat qui n a aucune racine en Mauritanie. Il est né à Louga au Sénégal d’un père marocain naturalisé mauritanien. Il n a aucun ascendant enterré sur le territoire de notre pays qu’il dirige depuis huit ans, c’est pourquoi il n a aucun respect ni pour notre peuple ni pour nos forces armées et de sécurité. C’est à ce prix que la Mauritanie survivra. Qu’Allah protège la Mauritanie.