Certains points du volet économique du discours du Président de la République, son Excellence Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz à Néma le 03 Mai dernier, méritent d'être vulgarisés pour qu'ils soient bien appréhendés par l'opinion publique nationale, parmi lesquels les thèmes suivants :
· ... Des Finances Publiques
Le niveau du budget global de l'Etat de 2016, de l'ordre de 452 milliards d'ouguiyas exprime largement la volonté de l'Etat de mobiliser les moyens nécessaires à la réalisation de ses ambitions en matière de grands projets de développement.
En effet, un budget qui triple en moins d'une décennie est un indicateur de performance des politiques économiques mises en place.
Les mesures d'assainissement entreprises depuis 2009, notamment la lutte contre la gabegie, la suppression des doubles salaires et la compression des budgets de fonctionnement abusifs, accompagnées d'une bonne politique fiscale et de recouvrement ont permis la mobilisation des ressources nationales importantes à même de financer des projets jugés prioritaires.
· ... De La Réduction des Frais Financiers sur Bons de Trésor
Bien que le niveau de l'endettement par bons de Trésor ait passé de 55 milliards d'ouguiyas en 2007 à 65 milliards d'ouguiyas en 2016, les frais financiers payés par l'Etat étaient en nette diminution, soit schématiquement : 65 milliards × 4% l'an = 2.6 milliards alors que 55 milliards × 14% l'an = 7.7 milliards.
Nul n'ignore que depuis la mise en place du système d'adjudication des bons de Trésor au début des années 2000, les Institutions financières (Banques notamment) à excédent de trésorerie prêtaient à l'Etat par un système de soumissions aux bons de Trésor.
Les taux offerts par la Banque Centrale aux frais de l'Etat oscillaient entre 12% et 14% jusqu'en 2009; les Banques plaçaient l'essentiel de leurs dépôts dans ce système qui leur offre les deux avantages suivants :
- une garantie de paiement à l'échéance sans risque
- une bonne rémunération qui va jusqu'a 14% l'an, soit un peu moins du taux usuel des crédits à l'économie qui comportent plus de risques.
Ce système préjudiciable à l'économie présente deux inconvénients majeurs :
- les dépôts des Banques, provenant en grande partie des entités relevant de l'Etat (Sociétés d'Etat, Projets et autres...) sont prêtés à l'Etat, ce qui signifie que les Banques restituent à l'Etat d'une main ce qu'elles ont pris de l'autre, moyennant des taux élevés.
- les crédits à l'économie, notamment ceux qui sont destinés aux PME/PMI ne recevaient qu'une part négligeable des concours des Banques qui privilégiaient le placement en bons de Trésor.
Ce phénomène handicapait fortement notre économie entre 2000 et 2009.
A partir de 2009, l'Etat a entrepris une nouvelle politique efficiente en faisant jouer pleinement la concurrence et en orientant les dépôts de ses entités vers le Trésor public, ce qui a engendré une baisse des taux offerts par la Banque Centrale sur les bons de Trésor qui ne dépassent désormais les 4%. Cette politique s'est répercutée favorablement sur l'économie nationale :
- par une forte réduction des frais financiers payés par l'Etat aux Banques et autres Institutions financières.
- par l'orientation des Banques vers une autre clientèle qui était jadis abandonnée (PME, PMI,...).
· ... De l'Economie en Devises
Notre économie est essentiellement extravertie; notre pays importe l'essentiel de ses besoins de l'étranger, ce qui se traduit par un déficit quasi-permanent de la balance des paiements jusqu'en 2009. Le taux de couverture ( ) des importations par les exportations atteignait parfois des proportions alarmantes.
A partir de 2009, une série de mesures d'accompagnement des politiques sectorielles ont permis dans un temps record de renverser la tendance et réaliser un matelas de devises confortable pour atteindre aujourd'hui plus de 7 mois d'importations.
Le Projet d'usine de lait à Nema et les autres Projets annexes (aliments de bétail et décorticage de riz) auront certainement des effets positifs sur le coût des importations et produiront une économie en devises de l'ordre de 22 milliards d'ouguiyas par an, soit plus de 60 millions de dollars.
La production locale de légumes permettra également une économie non négligeable en devises sur les 7 milliards d'ouguiyas que coûtent les importations en la matière.
Tout ceci est de nature à renforcer sensiblement nos réserves en devises.
Nous avons extrait ces éléments relatifs à certains aspects économiques du discours du Président de la République à Nema, dont la pertinence nous semble indiscutable au moins pour les avertis.
* Economiste et ancien Banquier,
DGA du Laboratoire National des Travaux Publics (LNTP)