Sincèrement, moi, je suis fatigué. Très fatigué même. Au point que je ne sais plus quoi dire. Dans notre république dattière, là, y a vraiment des bizarreries. En termes d’humains, de choses et d’attitudes. Des hommes et des femmes bizarres. Des institutions bizarres. Des fous bizarres. Y en a qui sont pas si bizarres que ça. Des applaudisseurs bizarres. Des derniers et des premiers ministres bizarres. Même un soi-disant Président bizarre. Je dis soi-disant et j’assume entièrement cela. Pourquoi ? Parce que. Pourtant. Néanmoins. Donc. Et même l’or ni car et où. Moi, je ne veux pas que les autres sachent que le plus grand de nous – le « Mawdo leydi », comme disent mes cousins halpoularen – que ce plus grand-là raconte des inepties et des balourdises. Je sais qu’on ne doit rien dire au soi-disant Président. Je connais la formule selon laquelle le chef du groupe est leur serviteur. Mais que le chef du groupe soit leur dénigreur, ça, sincèrement, c’est la Mauritanie nouvelle et son soi-disant Président. Moi, je ne peux rien dire aux autres. Puisque, quand le père de la maisonnée joue au tamtam, « ne voit rien » sur les enfants, au cas où ils danseraient. Le plus grand est l’éléphant et celui-ci ne prie pas. Une vieille théorie pédagogique stipule que ce qui se conçoit clairement s’énonce clairement. Négatif : ce qui ne se conçoit pas clairement, s’énonce bizarrement. C’est pourquoi est-il difficile d’établir des rapports entre conseils régionaux et fécondité des Harratines, entre l’or de Tijirit et le régime parlementaire, toutes liaisons que le soi-disant Président vient de révéler. Ou entre le Sénat et les terres très fertiles du Sud. Un coup sur terre et un coup sur le ciel. Du cric à l’étrier, pour ne pas dire du coq à l’âne. Ce n’est pas tourner autour du pot. C’est tourner autour de rien. Virevolter. Aller. Revenir. De redondance en redondance. Pour insinuer quelque chose. Dans toute entreprise, c’est le début qui est difficile. Il faut commencer. Le reste viendra. Doucement, doucement et tu attrapes le cou de la poule. Doucement, doucement et tu attraperas le cou du peuple. C’est pas difficile d’attraper le cou du peuple. Moi Constitution. Moi pas Constitution. Ça dépend. Si le peuple parle. Si le peuple vote. Si le peuple décide. De faire n’importe quoi. C’est son droit. Le peuple est souverain. Si le Sénat part, c’est pas le soi-disant président qui l’a fait partir. C’est le peuple. Ne cherchez pas la pierre et laissez le tireur. Si, demain, le peuple décide de faire autre chose, comme limiter les mariages, chez l’une ou l’autre des communautés, par exemple – enfin plutôt l’une que l’autre, en fait – ou que le fer de Zouérate aille vers l’usine de lait de Néma, maintes fois inaugurée, ou que les orpailleurs des environs de Tasiast soient tous originaires des régions de l’Est ou que les pêcheurs des côtes de Nouadhibou soient des ressortissants de Ndiago, Bababé, Mbagne et autres localités du fleuve, ça, c’est le peuple. Faut pas nous dire demain ceci ou cela. La démocratie est comme ça. C’est le pouvoir du peuple. Pas autre chose. C’est tout à prendre ou c’est à tout à laisser. Pas d’une fois, c’est ci, une autre, c’est ça. Non. Militairement. Vive la république ! Si soi-disant Président avait voulu être vrai Président, en 2005. Si soi-disant Président avait voulu être vrai président en 2007. Président-fondateur, il voulait être, Président-fondateur, il restera. Article 38 de la Loi fondamentale. Aucune des oppositions ne doit affoler sa tête. La démocratie, comme on dit, c’est la démocratie. Référendum pour assassiner le Sénat, à l’autel des non-dits. Puis « reférendite » aiguë, pour essayer de faire ingurgiter des choses sans trop de dégâts. Des choses. Oui, des choses mesdames, messieurs. La Constitution, c’est comme les doigts de la main. On dit que celui qui en prend un, prend toute la main. Celui qui commence à consulter le peuple doit continuer à le faire. Cloisonnement ou verrouillage. Il n’y a que le Coran qu’on ne peut pas changer. Ah, autre chose : Peuple, réveille-toi ! Salut.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».