Il est des situations qui interpellent la conscience et où l’on reste coi et impuissant parce que le peuple n’est pas mature. D’aucuns fuient leur responsabilité et ne répondent pas à la nécessité d’agir, en communion, face à un évènement, par une décision qui marque. Ce défaut avilit, fragilise et reste comme une empreinte indélébile toute la vie durant. Les positions se prennent dans le temps et dans l’espace, par rapport à une conjoncture évènementielle donnée. Rater le cours de l’histoire est lourd de conséquences, parce que les faits sont têtus, et ne se répètent pas nécessairement. Comme vous le savez, en géométrie, les coordonnées déterminées par une abscisse et une ordonnée d’un point, sont précises, parce que scientifiques. Cela vaut, à peu près, pour les repères historiques. Le salut des populations réside dans le développement de leur région, à travers des infrastructures de base, scolaires et sanitaires essentiellement, et la mise à disposition d’eau, d’électricité, permettant leur fixation dans leurs terroirs. Avec la possibilité d’exploiter des microprojets socio-économiques à revenus, qui permettent de subvenir aux besoins de survie quotidienne. Voilà qui est d’ordre général et qui profite à toute la communauté. Sur ce créneau, il faut inscrire son action. Les nominations valent pour leurs récipiendaires. C’est de la poudre aux yeux. Les critères de choix ne seront jamais transparents, jamais convaincants, pourvu que les intéressés soient compétents dans quelque domaine qu’il soit, où ils font la différence, même si c’est en rivalisant les peshmergas. Comme il est de coutume de nos jours. Pour rien au monde, vous ne devriez accepter de rivaliser les tribus entre elles, les familles, les personnalités. Vous ne devriez favoriser le clanisme, le tribalisme, et jouer au décompte des sympathisants, pour déterminer qui, d’entre vous, réunit le plus de monde.
A ce jeu, ne vous livrez pas. Il vous discrédite. C’est ridicule, il frise l’indécence, la frustration, et appartient à une époque révolue. Celui qui vous le préconise ne vous respecte pas.
Vous connaissez mieux que quiconque la situation que vivent les populations de l’intérieur en cette période difficile de l’année. Il faut les secourir au lieu de constituer un fardeau pour elles.
Dans aucun pays au monde, un président ne se promène pour prendre des bains de foule. A moins qu’il n’ait rien à faire. Inaugurer ou réceptionner est une affaire de ministres en charge des départements. Ils délèguent souvent des collaborateurs ou des responsables régionaux et ça passe inaperçu. La nappe du DHAR, c’est votre nappe, elle ne vient pas d’ailleurs, tout comme elle n’ira pas ailleurs, l’argent investi, pour vous servir à boire, est votre argent, personne ne vous en fait cadeau. S’il arrivait à ce que vous disposiez d’eau demain, ce sera un atout favorable à votre développement, si l’usine de lait serait fonctionnelle, elle impacterait sur le chômage à travers la création d’emplois, et permettrait aux éleveurs, enfin, de profiter des différents produits de leur cheptel, pour amortir désormais les charges onéreuses, et pourquoi pas générer des bénéfices suite à leur rentabilité. Attendons sa vitesse de croisière.
De même que si d’autres projets de développement vous seront destinés, cela ne fera que raffermir votre indépendance, votre bien-être, en faisant de votre région un pôle d’intérêt attractif. Comme d’ailleurs, le Nord, constitue un pôle à l’image de la zone franche, et la vallée un pôle agro- pastoral, au Sud.
Le développement de vos contrées devra être le cheval de bataille de toutes vos aspirations futures et la condition sine qua none de votre adhésion à tout programme en ce sens. Ce développement ne se fera que par vous-mêmes et pour vous-mêmes. C’est votre droit d’aspirer à un tel développement, en demandant davantage des projets. Et parce que c’est votre droit sur l’Etat, nul ne doit le comptabiliser à son actif politique. Le devoir de ceux qui dirigent fait qu’ils doivent s’acquitter de certaines obligations pour lesquelles ils sont rétribués, sur votre compte.
Donc, ils ne doivent point profiter de votre indulgence pour valider à travers vous, ce qu’ils ne peuvent réussir chez les autres. Et pourquoi, vous ?
Les choses ont l’impression d’aller vite, et même très vite, dans le sens de la confirmation de ce qui se trame au sujet du troisième mandat. Et de passer à la vitesse supérieure, pour dire tout haut ce qui se chuchotait tout bas, si l’on en croit ces rumeurs sordides, que vous avez certainement entendues. Et la visite du ministre de l’Intérieur, chez vous dernièrement, s’inscrit, probablement, dans ce cadre. Préparer une tentative de la transgression de la loi fondamentale, pour un 3è mandat. Un président, quel qu’il soit, n’est pas tenu de rester au pouvoir, pour finir son programme de campagne. Alibi grotesque. De crainte qu’il en soit un otage, ce qui est contraire au principe de la liberté. Par contre, il doit se faire l’obligation de quitter le pouvoir à l’expiration de son mandat, contre toutes les tentatives qui voudraient l’en dissuader et le maintenir. Car, celles-là, ne sont pas sincères, et l’inscrivent en faux par rapport aux principes démocratiques qui demandent l’alternance. Regardons un peu autour de nous, dans notre sous-région au Sud, nos voisins immédiats, le Sénégal, le Mali, le Niger, le Burkina, et même un peu plus loin, la Côte d’Ivoire, hier le Bénin, le géant de l’Afrique, le Nigéria, sans oublier la Tunisie, au Nord.
Dans tous ces pays, il y eut une alternance pacifique. Ces peuples sont sortis de l’ornière des dictatures, leur combat s’inscrit, désormais, dans les registres du développement et de la lutte contre le terrorisme. Pourtant, notre peuple est connu pour son intelligence, pourquoi ne pas le hisser au niveau des démocraties très avancées, vous me direz qu’il y a une grande différence dans l’ancrage des pratiques démocratiques et que nous sommes à peine décolonisés, j’acquiesce, hissons nous au niveau du Sénégal et/ou de la Tunisie.
La différence est que nous sommes paresseux, nous tenons aux facilités, et le changement a son prix qui nécessite des sacrifices, douloureux parfois, et oblige à se libérer de certaines pesanteurs. N’est-ce pas Oscar Wilde disait : « Nous portons des chaines bien que l’œil ne les voit pas, et nous sommes esclaves bien qu’on nous appelle des hommes libres».
Alors, plaignons le sort du président, s’il devait se contraindre à accepter de briguer un 3è mandat. Lui, qui fut président de l’Union Africaine, et qui avait la charge de régler les conflits entre les pays Africains, très souvent, suite au non respect des règles démocratiques. Comment peut-il oublier que l’Afrique l’ait envoyé, en médiation, en Côte d’Ivoire, en Libye, au Burkina et récemment au Burundi, à chaque fois, pour prêcher la bonne parole. Acceptera-t-il d’oublier tout cela, pour tomber dans le bourbier du 3è mandat ?
Justement parce que certains laudateurs aguerris dans la nuisance des régimes, le lui demandent ? Quelle impression aura de lui tout ce monde? Non de grâce, s’il a cette intention dissuadez- le, pour le bien de la Mauritanie, pour votre bien et pour le sien. C’est votre hôte, après tout, et vous pesez 400.000 âmes. Sans votre feu vert, il ne franchira pas le Rubicon.
Ceux qui voudraient qu’il reste au pouvoir seront les premiers à le lâcher, comme ils l’ont fait à ses prédécesseurs.
Sachez que toute la Mauritanie aura les yeux rivés sur vous, en ce 03 Mai, et que l’histoire retiendra, à jamais, si c’est de la nappe du DHAR et de l’usine de lait, qu’il s’agit, ou si c’est autre chose, que certains d’entre vous, ont sciemment dissimulé, pour l’aube de ce jour?
DY Ould Hasni Ould Moulaye Ismail