Conférences débats des Jeunes FPC : De l’engagement des jeunes en politique ou de leur engagement dans la gestion de leur cité et la question des langues nationales dans le cursus scolaire au menu
La ligue des jeunes des forces progressistes du changement (FPC) a organisé, le samedi 16 avril, deux conférences-débats au siège de ce parti, sis à Sebkha, près de l’hôtel Ikrama.
La première, portant sur la problématique des langues nationales, a été traitée par Dr Dia Alassane, linguiste, professeur d’université ; la seconde pourquoi les jeunes mauritaniens, et en particulier les négro-africains, ne s’engageaient pas en politique ? Une interpellation traitée par M. Samba Thiam, président des (FPC). Abordant son sujet, qu’il avait souhaité laisser aux jeunes, parce qu’il s’agit de leur problématique, le président Samba Thiam a d’abord préféré répondre à la question de savoir pourquoi les jeunes devraient plutôt s’engager en politique.
Dans sa réponse, le président des FPC a avancé plusieurs arguments. D'abord parce que cette lutte les concerne en premier ; ils doivent prendre leur destin en main. Ensuite en référence à la maxime de Frantz Fanon : ''dans une relative opacité, il appartient à chaque peuple de découvrir sa mission : la remplir ou la trahir ''. Ils devraient donc faire le bon choix !
Rendant hommage au passage au courage du colonel Ould Beibacar venu participer volontairement au débat, à ses qualités d’intellectuel qui secoue les idées, alerte des dangers, le Président a dit souhaiter que le colonel fasse des émules, affirmant que « si nous avions dans ce pays plusieurs hommes comme lui, la Mauritanie se serait affranchie de ses pesanteurs.»
Les jeunes devraient s’engager en politique, poursuit-il, parce que la vie est un combat permanent, qu’il faut braver les dangers, mais surtout que la situation du négro-africain l’exigeait. Ils sont objets de toutes les discriminations et brimades, « nous n’existons plus », martèle Samba Thiam. Acceptez cette condition et ne se préoccuper que de l’alimentaire et on tombe dans l’animalité, renchérit-il.
La deuxième raison avancée par le président des FPC est le chômage. Même si on partage cette situation avec de nombreux pays Africains, la Mauritanie garde une spécificité pour la réinsertion des jeunes. Son taux de chômage est des plus élevés et les négro-mauritaniens sont les premiers à en pâtir, a cause du Système. Il faut donc se battre pour changer cette donne, recommande Samba Thiam,
Autre argument avancé par M. Thiam est l’expérience historique. Les jeunes sont un vecteur du changement, partout dans le monde, à chaque fois qu’ils se sont engagés. Il en fut ainsi en Algérie, en Israël, en Afrique du Sud au Sénégal, au Burkina etc. …Partout où les jeunes se sont engagés, il y a eu changement. Toutes les luttes justes aboutissent à une victoire. « Il n’y a pas de marche qui un jour ne finit pas » disait A Kourouma ; le changement viendra ; il sera long à venir, mais il viendra disait Sam Cooke’’. Les jeunes doivent donc se persuader de l’issue positive de leur juste lutte et s’armer d’optimisme
Revenant à l’intitulé de la conférence, à savoir pourquoi les jeunes ne s’engagent pas en politique, Samba Thiam avance quelques raisons. D’abord la perception négative de la politique, comprise comme de la roublardise, du mensonge. Or la politique, au sens noble du terme, ne signifie rien d’autre que s’occuper des affaires de la cite ; au même titre qu’un bon père de famille prend soin de son foyer, de sa famille. Autre raison, croit –il, la peur de la répression. Et Samba Thiam de rappeler les répressions terribles qui se sont abattues sur les négro-africains entre 87 et 91, et qui ont marqué les esprits. La peur est un mauvais compagnon parce qu'elle paralyse …Elle doit être perçue comme un phénomène normal, humain selon Mandela, qui disait que chaque homme éprouvait la peur …le problème était de pouvoir la dominer, la contrôler.
Le troisième argument avancé par le conférencier avait trait à des préoccupations alimentaires, autrement dit la politique du ventre. Tout le monde se pose la question de savoir comment vivre. Tolstoï disait que la marmite, la femme, les enfants ont toujours raison de l’ardeur belliqueuse du prolétariat’’. Non seulement les jeunes ne sont pas assujettis à ces contraintes, mais en plus l’homme est plus que ‘’ manger et boire ‘’, indique Samba Thiam.
Le quatrième argument présenté par Samba Thiam est le souci de préserver une bonne situation, faisant oublier que si le système d’exclusion perdure, il finira un jour par rattraper ceux qui pensent de cette manière.
Le président des FPC évoqua le dernier point relatif à la résistance familiale, parentale. En effet, nombre de pères de famille et de mères de famille déconseillent à leurs enfants de faire la politique ou de s’affilier a certains partis. Face à cette situation, le président Samba Thiam suggère aux jeunes gens d’engager un débat serein avec la famille. C’est là un devoir, une nécessité.