Le collectif des victimes de la répression militaire des années 86/91 (COVIRE) a célébré, le vendredi 25 mars, à Sebkha Loisirs, la journée de réconciliation nationale, sous le signe de l'espoir.
Dans un mot prononcé à cette occasion, le président Sy Abou Bocar, après avoir salué et remercié la délégation du commissariat des droits de l’homme et de l’action humanitaire (CDHAH), « partenaire stratégique de COVIRE », les veuves, les rescapés militaires et orphelins et les membres de Mooyto Koota, a dressé un bilan de 7 ans du processus de règlement du passif humanitaire.
Le président de COVIRE a rappelé l’accord cadre signé entre son organisation et le président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a abouti à la décision d’instituer le 25 mars, journée nationale de réconciliation, la prière aux morts de Kaédi, au cours de laquelle le président a demandé le pardon pour le mal commis à la communauté négro-africaine victime. C’est au cours de cette journée que le président Aziz promit le règlement du passif humanitaire derrière lequel couraient, depuis plus de 2 décennies, les ayants droit et rescapés militaires, les déportés…Sy Abou Bocar a énuméré ensuite les acquis du processus de règlement: indemnisation forfaitaire et de soutien aux veuves des militaires morts en détention et des rescapés non réintégrés, des fonctions et agents de l’État victimes des évènements de 89, les attributions aux veuves de terrains, la réintégration de certains fonctionnaires non atteints par la limite d’âge, la révision de l’ordonnance 2006 -015 du 12 juin 2006 portant commission nationale des droits de l’homme…
Si ces mesures ont soulagé les victimes, beaucoup de choses restent cependant à faire, estime Sy Abou Bocar qui appelle au parachèvement des indemnisations des rescapés militaires, la révision et la régularisation des pensions des veuves illégalement attribuées sous le régime du régime défunt, la révision des pensions des militaires indemnisés, la réinsertion des orphelins devant bénéficier des mesures discriminatoires positives, la prise en charge sociale des veuves des victimes, l’ouverture des dossiers des grands oubliés, les déportés de retour volontaire, aujourd’hui structurés en collectif Mooyto Koota et enfin l’identification et le marquage des tombes des victimes des évènements.
Le président Sy Abou a affirmé, par la même occasion la volonté de COVIRE de contribuer, sans rancune à une réconciliation nationale véritable qui éclaire d’abord les consciences et retient les leçons de la tragédie. Il a invité, à la communion des idées et à la synergie d'actions de l’ensemble des organisations de défense des droits de l’homme.
Sy Abou Bocar a enfin indiqué que son organisation est disposée à prendre part activement au dialogue politique prôné par le président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Prenant la parole à son tour, la directrice de la promotion des droits de l’homme et de la cohésion sociale, Mme Fatimétou Mint N’Diayane a félicité COVIRE à l’occasion de cette journée du 25 mars ; elle a ensuite évoqué la stratégie du gouvernement visant à la consolidation de l’unité nationale et la cohésion sociale. « La société mauritanienne se distingue par sa diversité ethnique et culturelle qui constitue une base pour la consolidation de sa cohésion sociale avec les liens, entre les différentes composantes, tirant leur fondement d’un ensemble de facteurs d’unité, avec l’islam, la cohabitation à travers l’histoire, les similitudes, les valeurs et les traditions communes entre tous les mauritaniens», a déclaré Mint N’Diayane qui a enfin exprimé la disponibilité de son département à soutenir et à encourager toutes les initiatives visant à renforcer la cohésion nationale.